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Critique de Lamifranz


A l'instar de Victor Hugo, le Romantisme littéraire coche toutes les cases : roman, poésie, théâtre, essais, et c'est essentiellement dans la poésie qu'il s'est le plus épanoui. La tradition veut qu'on évoque toujours le quatuor mythique « Lamartine-Vigny-Hugo-Musset », mais depuis quelques dizaines d'années on y ajoute volontiers Nerval et Gautier (enfin, le premier Gautier d'avant 1850)
Qu'on rattache Gérard de Nerval aux « quatre mousquetaires » romantiques n'est que justice. Il était même anormal de l'avoir écarté si longtemps des figures de proue du mouvement. Il mérite largement sa place, et à plusieurs titres : primo, sa participation particulièrement active aux grandes heures du Romantisme : présenté à Victor Hugo dès 1828 (il adapte au théâtre « Han d'Islande »), il fréquente à la fois le Petit Cénacle de Victor Hugo et le cercle des « petits romantiques » avec Théophile Gautier, Pétrus Borel, Célestin Nanteuil, etc. Il est au premier rang lors de la bataille d'Hernani (25 février 1830) et participe à toutes les grandes premières… Secundo, son oeuvre est profondément romantique : aussi bien dans l'intention (il est le premier à traduire le Faust de Goethe, et à éditer une anthologie des poètes romantiques allemands), que dans l'exécution : poésie (« Odelettes », « Petits châteaux en Bohème »), prose (« Les filles du feu », « Aurélia ») théâtre (« Léo Burckhart ») et souvenirs de voyage (« Voyage en Orient »).
Le présent recueil rassemble toutes les poésies écrites par Gérard de Nerval, soit le quart de l'oeuvre complète, le reste étant composé des oeuvres en prose (Aurélia, les filles du feu, etc.), le théâtre, les récits de voyage, les oeuvres écrites en collaboration, etc.
C'est quand on lit la poésie de Nerval dans sa continuité que l'on peut en mesurer l'évolution : jusqu'aux années 1850, le poète imite d'autres oeuvres (poètes allemands ou anglais, poètes de la Renaissance, appropriation de ballades populaires) et les fait siennes. A partir des « Petits Châteaux de Bohême » (1853), des « Filles du Feu » (1854) et surtout des « Chimères » (1854), son chef-d'oeuvre, il construit une oeuvre originale à partir de son expérience personnelle (souvenirs, amours, déceptions), de sa propre conception de la poésie (un chant spontané qui est à la fois personnel et universel, profane et divin, empirique et idéal) de ses fantasmes, et aussi un peu de la folie qui va l'emporter.
Ce mélange d'inspirations diverses donne à Nerval une originalité certaine qui vient corroborer une quête d'absolu que ses confrères romantiques connaissent également mais à un niveau inférieur (à part peut-être Vigny et Hugo, les plus « métaphysiques » des romantiques).
Et tout ceci magnifiquement mis en vers – j'allais dire en musique – par une poésie simple, fluide, évocatrice, qui en quelque sorte, s'adresse à l'âme du lecteur.
Lisez bien les vers de Nerval, vous y trouverez en gestation ceux de Baudelaire et de Verlaine, et plus loin, ceux d'Apollinaire d'Aragon et d'Eluard….
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