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Une BD qui nous vient d'Iran, un sujet assez révoltant.
Un brave maçon, courtois, qui selon sa femme, un homme qui ne ferait pas mal à une mouche et qui dit "Pardonnez-moi pour ce mensonge, oh mon Dieu ", quand il ment à sa femme pour une futilité,....eh bien ce même homme décide de nettoyer
la ville sainte de Mashad des prostituées, avec ses propres moyens , au nom de la charia dont il se sent l'exécuteur. Résultat, il étrangle 16 prostitués. Il aurait continué sa mission, s'il n'avait pas été coincé par la justice....
Librement inspiré d'un documentaire de Roya Karimi Majd et Maziar Bahari, une BD qui traite d'une histoire vraie. Les deux journalistes ont pu avoir accès à l'assassin en prison, et par la suite ont dû quitter le pays pour les raisons que vous pouvez imaginer.
Nana Neyestani, à côté du témoignage du tueur, met en scène aussi sa femme, son fils, le juge d'instruction, une prostituée et sa fille avec des passages étranges et terrifiants, comme celui du fils qui mime comment son père étranglait ses victimes.....dans leur propre maison.
Mon propre ressenti face à ces témoignages, est qu'il n'est nul question d'éthique ici. Un lavage de cerveau au nom de la religion, basé sur des principes recueillis dans le Livre, des principes interprétés et instaurés comme bon leur semble par des hommes avides de pouvoir, d'argent, et obsédés par leurs zizis.....
Quand à la débauche qu'ils condamnent, il s'arrange " en trompant Dieu" avec les mariages temporaires, l'autre nom de la prostitution, deux poids, deux mesures.
Heureusement l'Iran n'est pas peuplé uniquement de ces gens là, mais malheureusement ceux sont eux qui sont au pouvoir.
Je vous laisse découvrir cette BD , dont j'ai adoré le superbe travail graphique.
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Début des années 2000, un homme a assassiné seize femmes. Et pourtant c'est un héros et pour certains, presque une icône. Difficile de comprendre le pourquoi de ce fait véridique ? J'ajoute que c'est en Iran, à Mashhad, ville sainte du chiisme et que ces 16 femmes étaient prostituées. Une journaliste va l'interviewer dans la prison. Les révélations de celui qui sera bientôt exécuté, fait froid dans le dos. Seul remord : ne pas avoir eu le temps de faire plus de nettoyage pour la jeunesse qui va se dépraver et s'inquiète pour sa femme et son fils qui n'ont rien vu, alors que les meurtres avaient lieu dans son salon. Nous vivons sur la même planète au 21ème siècle, comment peut-on penser si différemment ? Une description d'un fanatisme avec juste les mots et les dessins qu'il faut, une belle réussite que je ne suis pas près d'oublier…
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Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2017. Elle a été réalisée par Mana Neyestani, pour le scénario, les dessins et l'encrage. Il s'agit d'une bande dessinée en noir & blanc, d'environ 150 pages. Il commence par une introduction d'une page de l'auteur expliquant la nature de l'ouvrage. Puis suit un texte d'une page présentant la ville sainte de Mechhed (Mashhad).

Dans la ville de Mechhed (Mashhad) à l'été 2000, les fidèles viennent se recueillir au mausolée de la tombe du huitième imam chiite, Ali ar-Rida (Alî pesar Mûsâ Rezâ, 766-818). Parmi eux, Saïd Hanaï demande à Dieu qu'il donne la force à son soldat d'éradiquer la débauche. Durant l'hiver 2001, la journaliste Roya Karimi Majd attend dans un couloir du tribunal de Mechhed pour être reçue par le juge Mansour qui instruit le dossier du tueur en série de prostituées. Monsieur Rahimi, l'assistant du juge, lui dit que c'est son tour. Elle est reçue par un homme affable qui comprend sa demande, et s'interroge sur le fait qu'elle souhaite également l'interviewer lui. Elle explique que le tueur a justifié ses actes en invoquant sa foi comme seule motivation, car la Charia condamne la prostitution. Son interlocuteur rappelle que l'état nomme des juges pour remplir la fonction d'application de la Charia et qu'il n'appartient pas à chaque croyant de l'appliquer par lui-même. Il accède à sa demande d'interview de Hanaï, en mettant à sa disposition une salle du tribunal, et en s'assurant qu'elle ne sera pas seule avec le tueur. Elle le remercie et sort à l'extérieur, allumant une cigarette pour se détendre. Puis elle téléphone à Maziar Bahari, pour lui indiquer le résultat de son entretien.

Quelques jours plus tard, Majd et Bahari sont dans la petite salle du tribunal, elle assise sur une chaise, lui derrière la caméra, prêts pour l'interview. Alors qu'on toque à la porte, il lui rappelle de bien cacher ses cheveux sous son voile. Saïd Hanaï passe la porte et Majd ne peut pas s'empêcher de regarder fixement ses mains, celles qui ont étranglé 17 prostituées. Ayant repéré son regard, il explique qu'il s'agit de mains de maçon, et continue en indiquant qu'il est prêt et qu'il l'écoute. S'en tenant aux conseils du caméraman, elle débute l'entretien en demandant au tueur de lui parler de sa jeunesse de son adolescence. Il fait partie d'une fratrie de six garçons, et sa mère avait un atelier de confection où travaillaient plusieurs jeunes filles. Il n'avait pas de petite amie et il ne parlait pas aux femmes. Elle lui demande alors comment il a rencontré son épouse. Il explique qu'il avait envie de s'acheter une moto et que son frère trouvait ça trop dangereux, donc il valait mieux qu'à la place il se marie. Son frère a tout arrangé : entre la première fois où il a songé à se marier et la cérémonie, il s'est passé à peine une semaine. le caméraman lui demande alors de parler de son service lors de la guerre Iran-Irak.

Dans son introduction, l'auteur explique bien la nature de l'ouvrage : il s'agit de l'adaptation d'un entretien filmé réalisé par le journaliste Maziar Bahari, entre Saïd Hanaï et la journaliste Roya Karimi Majd. Il n'a pas tenu à être fidèle point par point à la réalité des faits, mais plutôt à s'inspirer de l'esprit des événements décrits. le lecteur sait donc qu'il va plonger dans un récit entre fiction et réalité, entre supputations nées du ressenti de l'auteur et propos du tueur recueillis par une journaliste. Il alterne donc les plans fixes durant lesquels Hanaï est en train de parler, de répondre aux questions posées, avec des reconstitutions. le lecteur est frappé par la forme caricaturale de la tête du tueur : nez et mentons très allongés en avant, crâne très allongé en arrière, morphologiquement impossible, mais sans aller vers une caricature grimaçante ou laide. Au contraire, le dessinateur a conservé toute la douceur du visage, l'a même accentuée pour montrer un individu inoffensif. de même les plans fixes donnent à voir un homme très calme et très posé, à l'opposé d'un individu agité ou agressif. En cela, l'artiste reprend l'impression donnée lors de l'interview filmée, et le seul lien établi avec la brutalité des assassinats se fait lorsque que la journaliste regarde ses mains en se disant qu'il s'agit de l'arme du crime. Il rend compte de son ressenti au visionnage, prenant du recul par rapport à une représentation photographique, interprétant visuellement l'apparence du tueur pour orienter sa représentation, vers un individu gentil, humble, rationnel. L'auteur se sert du dessin pour prendre du recul par rapport au documentaire filmé pour rendre compte de sa perception, de son interprétation.

En fonction de sa sensibilité, le lecteur peut trouver que la narration visuelle semble un peu naïve. D'un côté les dessins peuvent être détaillés : la vue du ciel de Mechhed, la représentation du mausolée de l'Imam, les façades d'immeuble, l'aménagement intérieur de l'appartement de la famille Hanaï, la cour intérieure du palais de justice, l'appartement du juge Mansouri. D'un autre côté, certains éléments sont représentés de manière simpliste : la bouille et les expressions de certains personnages, la caméra pour l'entretien, l'organisation de l'atelier de confection, l'uniforme de soldat, certains modèles de voiture, la vision d'une rue, des perspectives très basiques. Pourtant, le lecteur est régulièrement surpris par un visuel remarquable : la foule des croyants autour du mausolée de l'Imam, le dénuement du bureau du juge Mansouri, sa manipulation du mishaba, le regard de la prostituée Leïla en observant l'appartement de la famille Hanaï, le naturel du soldat et de Majd en train de s'en griller une dans la cour du palais de justice, la calligraphie du juge Mansouri, le naturel du fils de Saïd Hanaï après l'arrestation de son père, la sensation du quotidien qui reprend son cours pour Majd après la fin du dernier entretien. Sous des dehors qui peuvent sembler un peu limités techniquement, la narration visuelle sait faire passer des sensations et des émotions fugaces d'une grande justesse.

Le lecteur est frappé par le fait qu'il n'y ait pas de reconstitution des meurtres. Tout passe par la parole de Saïd Hanaï et par des réflexions d'autres personnes. En guise de reconstitution, le lecteur n'assiste qu'à un trajet en voiture conduite par le tueur, avec une prostituée sur le siège passager, et leur entrée dans l'appartement, et au fils de Saïd mimant les gestes de son père en train d'étrangler une prostituée pour montrer qu'il a bien compris ce qu'on lui a expliqué. Conformément au documentaire, Mana Neyestani s'en tient aux déclarations de l'assassin et de ses proches. Pour le lecteur, la réalité de ces meurtres n'a de la consistance qu'au travers des dires des uns et des autres. Cela accentue encore la prise de recul par rapport au fait, une narration à l'opposé de la diabolisation d'un individu. Comme Maziar Bahari, l'auteur évoque ces meurtres au travers de l'entretien avec Saïd Hanaï, les explications du juge Mansouri, une heure ou deux de la vie de la prostituée Leïla, l'entretien avec l'épouse de Hanaï, la journée du fils de Hanaï quand son père a été arrêté, les dessins de Samira, la fille d'une des prostituées. Ce choix d'exposition induit que le lecteur a une conscience aiguë que ce qui lui est raconté, l'est au travers d'individus différents, chacun avec leur point de vue découlant de leur âge, de leur relation personnelle avec le coupable, de leur histoire socio-culturelle.

Ce procédé de reportage mettant en avant la subjectivité de chaque témoin ne permet pas au lecteur d'avoir une position neutre, et lui fait prendre conscience que lui-même est un observateur subjectif, quelle que soit son origine socio-culturelle, ses convictions politiques, morales et religieuses. Il a forcément son propre avis, voire ses propres a priori sur la religion musulmane, dans un sens ou dans l'autre, sur le régime politique en Iran, sur le fait que l'église et l'état n'y soient pas séparés, etc. Bourré d'a priori positifs ou négatifs, il se retrouve à réagir à chaque propos, ce qui met aussi bien en évidence ses propres convictions que celles de l'individu en train de s'exprimer. Il n'y a pas de flou nauséabond de la part de l'auteur : il condamne les actes abjects du meurtrier. Les entretiens et les déclarations des uns et des autres donnent une vision très humaine de l'affaire, très incarnée, tout en restant mesurée. L'avis du juge n'est pas celui de la journaliste, ni celui de l'épouse ou du fils, encore moins de la fille encore enfant d'une prostituée assassinée. Contenu dans ces témoignages, il apparaît de nombreux facteurs systémiques : la pauvreté des habitants de Mechhed, le service militaire de Saïd Hanaï lors de la guerre Iran-Irak l'amenant à se considérer comme un soldat, l'usage de la drogue par certains, la prostitution comme seule source de revenu, l'autodiscipline pratiquée par Saïd Hanaï pour vivre une vie conforme à la religion avec les refoulements qui l'accompagnent, l'application de la Charia par des juges assermentés, la pratique du mariage arrangé, la place traditionnelle de la femme dans cette société en particulier, la capacité de l'individu à interpréter les paroles de Dieu, et son droit à le faire au sein de la société, ainsi par voie de conséquence que l'obéissance qui est attendue de lui, etc. Quelles que soient ses origines, cela amène le lecteur à s'interroger sur l'organisation et le fonctionnement d'une société qui peut produire ce genre d'individus, qui peut amener un individu à commettre de tels actes, en toute connaissance de cause, de manière raisonnée et intelligente. Bien sûr, cette question se pose pour tous les assassins, quelle que soit leur société d'origine et ses préceptes.

Sous des dehors un peu frustes et un sujet risquant d'être racoleurs, cette bande dessinée se révèle être un questionnement intelligent et réfléchi sur une série de meurtres abominables, amenant le lecteur à s'interroger sur ses propres convictions, sur les tenants et les aboutissants de la société et de la culture en Iran, et par voie de conséquence sur ceux de sa propre société. Même s'il peut sentir de quel côté penche le coeur de l'auteur, le lecteur n'a pas l'impression de subir un cours magistral, mais plutôt d'accompagner Mana Neyestani dans sa réflexion inconfortable dans des registres politiques, religieux, sociologiques, psychanalytiques. Un tour de force.
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Une bande-dessiné très particulière, autant par le dessin que par l'histoire.

Un dessin en noir et blanc très anxiogène et l'histoire d'un tueur en série interrogé par des journalistes...

J'ai pourtant beaucoup aimé, même si ce n'est pas à proprement parler un coup de coeur ou alors un coup de coeur intellectuel plus que du fait de l'émotion engendrée.

C'est glaçant... glaçant cet homme ordinaire, marié, père de famille, qui pratique son intégrisme religieux en assassinant des prostituées, 16 femmes, parce qu'il les considère comme des "objets" à éradiquer de son pays ; glaçant le fait qu'à aucun moment il n'éprouve de remords ; glaçant que certaines personnes le traitent de héros ; glaçant que son fils finisse par le croire et que sa femme soit soumise au point de na pas être si choquée que cela ; glaçant que la journaliste qui fait l'interview en prison doive fumer en cachette...

On sent à chaque instant le poids de l'intégrisme religieux qui menace surtout les femmes, et ce à chaque instant de leur vie quotidienne.
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Ce sont des titres comme celui-ci qui me font renouer avec le monde de la bande dessinée dans ce qu'elle possède de plus beau et de plus passionnant.

En effet, j‘ai trouvé le sujet fort intéressant car peu connu du grand public. Il faut savoir que dans l'Iran des Ayatollah, il y a également des meurtriers en séries mais qui ont leurs propres spécificités. Bref, un sérial-killer religieux. Cependant, celui-ci se considère comme un très bon père de famille qui fait le ménage à la place de l'Etat chiite pour se débarrasser des immondes prostitués qui inondent le trottoir de leur venin charnel. A l'écouter, il devient véritable héros à la nation, adulé par les commerçants de la place, vénéré par son fils et par son épouse. J'avoue avoir été bluffé du début jusqu'à la fin où l'on apprend la terrible vérité qui dépasse l'entendement.

Ce titre est mon coup de coeur du moment. Je m'aperçois qu'il n'y a pas que Marjane Satrapi comme auteur iranien et qu'il y en a un autre à savoir Mana Neyestani qui fait un véritable carton. le dessin est beaucoup plus abouti sans compter le scénario qui est maîtrisé d'une main de maître. Cela me donne même envie de connaitre les autres oeuvres de cet auteur qui est devenu un réfugié politique dans notre pays. On peut en comprendre aisément les causes en lisant par exemple l'araignée de Mashhad.

Le récit sera très fort et parfois assez poignant. Mais inutile d'ajouter que cela sera sidérant pour un lecteur occidental qui parviendra dès lors à mieux comprendre comment un Etat religieux peut bousculer les comportements et les consciences. Cela fait très peur sur ce qui nous attend si on approuve les entreprises de nettoyage qu'elles soient ethniques ou morales.

Note Dessin: 4/5 - Note Scénario: 4.5/5 - Note Globale: 4.25/5
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Tiré d'extraits d'entretiens filmés, ce roman graphique en noir et blanc expose la rencontre d'une journaliste avec un tueur en série iranien au début des années 2000. Auto-investi d'une mission purificatrice, ce maçon, bon père de famille et vétéran de la guerre Iran-Irak, a étranglé froidement seize prostituées dans les rues de Mashhad, deuxième ville du pays et cité sainte du monde chiite. Mana Neyestani met en lumière les contradictions de la société iranienne, partagée entre horreur et adhésion pour ces crimes, dans une ville où l'Islam côtoie la misère, la prostitution et les drogues. le trait hachuré de l'auteur retranscrit la froideur de ce tueur sans remord, tout autant que la gêne bien palpable de la journaliste. Un témoignage intéressant livré par cet auteur iranien.
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Cette bande dessinée se base sur un documentaire que le journaliste irano-canadien Maziar Bahari a réalisé à partir d'entretiens filmés de Saïd Hanaï, surnommé « le tueur araignée », emprisonné et condamné à la pendaison pour l'assassinat de dix-sept prostituées dans la ville sainte de Mashhad, en Iran, entre 2000 et 2001. Outre les personnages principaux – l'assassin et la journaliste Roya Karimi qui l'interviewe –, le récit convoque plusieurs personnages secondaires très intéressants : le juge (qui est un imam, calligraphe à ses heures), l'épouse et le fils de Hanaï, la première prostituée assassinée et son mari opiomane, et enfin, par ses dessins naïfs et colorés, une enfant de huit ans, la fille de la dernière victime de « l'araignée ». En retrait, mais non moins importante, se situe la vox populi, représentée par les passants, hommes et femmes, qui expriment leur opinion sur les crimes, le criminel et la justice.
Ce qui est frappant, ce sont justement ces opinions. Si Saïd Hanaï, non repenti, exprime le point de vue de l'homme pieux qui n'a fait qu'accomplir son devoir religieux, et la journaliste Karimi, la femme émancipée de Téhéran, sans doute une dissidente, exprime celui dans lequel le lecteur occidental peut se reconnaître, toutes les autres opinions, même de condamnation du tueur en série, sont littéralement incommensurables avec nos propres (para)mètres.
L'on peut donc sortir de la lecture avec une saine réflexion sur le relativisme éthique, dans sa forme la plus radicale, c-à-d. celle où justement les paramètres du jugement du bien et du mal ne sont pas comparables avec les nôtres. (Ce qui ne correspond pas, naturellement, au relativisme épistémologique...)

Du point de vue graphique, hormis le chapitre qui se compose des dessins de la petite fille, les planches sont toutes tracées à l'encre noir, d'un trait fin, dont les lignes parallèles et croisées donnent le relief, la courbure et les ombres. Elles reproduisent les plans cinématographiques, avec quelques subtilités très remarquables comme les flash-back et les scènes oniriques (de l'assassin et du fils), sans pour autant avoir une ambition de réalisme. Les trois dernières pages de l'album, avec une grande intelligence, offrent une chute ouverte sur le pessimisme ou l'optimisme... au gré de la sensibilité du lecteur.
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Saïd Hanaï était un maçon, père de famille et mari attentionné. Il vivait à Mashhad (la ville est considérée comme une ville sainte, elle se situe dans l'Est de l'Iran). Saïd Hanaï était musulman, croyant et fervent pratiquant. Musulman, croyant, Saïd Hanaï s'était donné pour mission de nettoyer Mashhad de la débauche. Entre août 2000 et août 2001, il a tué 16 prostituées. En août 2001, il s'en prend à une dix-septième prostituée mais c'est l'acte de trop. Il est arrêté et emprisonné. Surnommé « le tueur araignée », il croupira en prison jusqu'à son exécution en avril 2002.

Durant son incarcération, deux journalistes, Mazia Bahari et Roya Karimi, sont allés l'interviewer. Ils ont filmé cette rencontre. C'est en regardant ce documentaire que Mana Neyestani a eu envie d'adapter ce parcours atypique en bande dessinée et d'y mêler faits réels et fiction. En introduction, l'auteur précise d'ailleurs : « Ce livre résulte de la combinaison entre le documentaire de Mazia Bahari et mon propre imaginaire. Je n'ai pas tenu à être fidèle point par point à la réalité des faits, mais plutôt à m'inspirer de l'esprit des événements décrits ».

Ce qui marque en premier lieu, c'est la vie très ordinaire du tueur en série. Une enfance banale jusqu'à ce qu'il parte à la guerre dans les années 1980 (guerre Iran-Irak). On saisit vite que le conflit l'a traumatisé. Puis, il retourne à la vie civile, trouve du travail et se marie. le Coran lui montre la voie à suivre, les règles à respecter ; la religion rythme sa vie. En fidèle croyant, il connaît les textes sacrés par coeur mais applique sa propre vision de la charia.

Mana Neyestani s'était fait connaître en France avec son excellent témoignage autobiographique « Une métamorphose iranienne ». On retrouve ici son style. le propos va à l'essentiel et montre sans jugement toutes les contradictions d'une société prise à son propre piège et ballotée entre les traditions, la religion et la démocratisation.

Le journaliste iranien nous permet d'avoir plusieurs points de vue sur cet événement. Les entretiens avec le meurtrier sont le coeur du récit mais l'auteur l'enrichit du point de vue d'une victime, du juge en charge de l'affaire, de l'opinion publique. Des extraits de la rencontre avec la femme et le fils sont également de la partie.

Graphiquement, c'est tout aussi pertinent. Les dessins n'agressent à aucun moment et les jeux de hachures construisent une narration visuelle très fluide. L'ambiance graphique est sereine, presque posée. Elle donne un côté intimiste au reportage. Pas de tensions, pas de suspense mais une observation à la fois objective et empathique.

La personnalité du tueur est à la fois fascinante et terrifiante. Jamais il ne s'excusera pour les meurtres commis, convaincu d'être dans son bon droit et d'appliquer la justice divine.
Lien : https://chezmo.wordpress.com..
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Un récit qui relate un fait d'hiver raconté de façon très journalistique.
Cette bande dessiné raconte les coulisses d'un reportage et ajoute une dimension plus personnelle en intégrant les émotions et le vécu des intervieweurs.
Des dessins au trait simple en noir et blanc qui laisse toute la place au scénario et à l'horreur de la situation et qui ne laisse pas indifférent.
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Cette BD m'a fait connaître l'histoire d'un tueur en série iranien qui a assassiné des femmes au nom de la charia et qui reste persuadé d'avoir simplement appliqué la justice divine. le soutien que lui apportent ses proches et certains iraniens est plutôt glaçant. Mana Neyestani nous interroge sur les contradictions du fanatisme religieux.
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