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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'histoire commence par trois fois rien, comme souvent dans les tragédies. Mana, un jeune illustrateur de presse iranien, publie innocemment un dessin à destination d'enfants. L'un des héros est un cafard. Ce qu'ignore Mana, c'est que la minorité azérie du pays va se sentir insulter par cette représentation. Un bon prétexte pour manifester contre le régime en place. Par la force des choses, Mana et son éditeur deviennent des boucs émissaires de choix. Direction la terrible prison d'Evin, célèbre pour briser toute opposition. S'ensuit alors le récit de l'internement des deux hommes, les interrogatoires sans fins, l'arbitraire de gardiens sadiques, le compagnonnage avec des escrocs de grands chemins, des toxicos camés au dernier degré… Au fil des pages se décline la vie quotidienne de cette population, ballotée entre crainte du lendemain et folie de l'enfermement. On voit alors comment l'autorité transforme ses citoyens en sous-hommes sans foi, ni loi.
Comment ne pas penser à Kafka, tant les situations nous apparaissent absurdes et surréalistes ? Mine de rien, Mana Neyestani nous invite ainsi à relire Rousseau, à méditer sur ce qui constitue la liberté de pensée, la liberté d'expression et les risques à vouloir être un homme libre dans une dictature. Servi par un dessin en noir et blanc très précis, hachuré, Neyestani se souvient de son passé de dessinateur politique pour croquer efficacement le portrait de ses tortionnaires. A d'autres moments, il joue avec sa technique pour exprimer plus poétiquement l'espoir d'un jour meilleur sans oublier d'y introduire un peu d'humour, oh combien politesse du désespoir dans ce cas précis.
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Tout ça parce qu'un jour, Mana Neyestani, a eu l'idée fâcheuse de dessiner un cafard avec un mot de trop...
Un dessin, et tout bascule. L'histoire commence donc comme ça.
Il s'en suit une métamorphose !
C'est à dire :
Un changement de forme, une modification, ou un changement complet d'apparence, une transformation...
Et le cafard, c'est le dénonciateur hypocrite, un mouchard, ou est-ce simplement l'animal, type blatte...
Une chose est sûr, l'expression « avoir le cafard », Mana Neyestani, je pense qu'il doit la connaître.
Et pourtant, il a fallu être fort pour ne pas passer outre, ne pas flancher...
Une lecture poignante, surprenante, d'un destin impensable, inimaginable.

Avec son trait d'illustrateur de presse épuré mais expressif, Mana Neyestani dans Une métamorphose iranienne, retrace toute cette terrible aventure récente. Il dénonce autant le régime iranien que l'opposition turque, et égratigne la France et le Canada. Un parcours de combattant difficile et délicat, sensible où des mots comme peur, faux espoirs, trahisons, calvaire, résonne encore à la fin de cette lecture-écriture.

A la fois lucide et profond, le regard porté par l'auteur, donne à réfléchir sur l'asile politique, sur l'accueil d'un dessin presse, sur les conditions en prison... et autant de problèmes collectifs.
Dans cette autobiographie, Mana Neyestani raconte d'une manière très crue et déchirante, ses propres ennuis dans son propre pays suite à ce dessin qualifié d'impropre. Mais par qui, et pourquoi ? Les réponses, Mana ne vas pas les trouver du fait surtout parce que les éléments lui sont contraires. La solution se trouve dans la fuite, l'auto-dérision et dans une croyance de liberté partagée avec sa femme.
Lien : http://alamagie-des-yeux-dol..
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Il y a un pays entouré de voisins charmants … Irak … Turquie … Azerbaïdjan … Turkménistan … Afghanistan … Pakistan … que des pays de rêves !
Il y a des régimes tous plus pourris les uns que les autres … des pays où la démocratie n'existe pas … des pays où les religions prennent toute la place … des pays aux mains de dictateur plus ou moins pourri … que des régimes de rêves !
Il y a des mots interdits, « namana » en était un, juste un petit mot issu d'une revue enfantine parlant d'un cafard qui a eu le malheur d'être un mot d'origine Azéri (1), cette minorité a désigné Mana Nesyestani comme responsable d'offense et d'insulte envers eux.
Voilà le point de départ d'une situation qui va vite dégénérer et devenir le début d'une tentative de fuite pour échapper à la prison.
Ce roman graphique nous plonge au milieu de ce cauchemar, nous vivons avec ces hommes leurs emprisonnements et les tortures physiques et morales qui leur ont été infligées.
Le trait crayonné est puissant et nous inflige des visons cauchemardesques d'une tentative d'évasion loin d'un régime aveuglé par l'obscurantisme.
Les événements décrits ont eu lieu en 2006 … le livre a été édité en 2012 … nous sommes en 2023 …
Quand le cauchemar iranien va s'arrêter ?
On ne pourra pas dire qu'on ne savait pas !

(1)
Les Azéris sont un peuple ethnique d'origine turque du nord-ouest de l'Iran, opprimés comme d'autres minorités par le régime central.
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Une BD que l'on arrive pas à lâcher, des dessins très précis. Un bon moment de lecture!

Cette BD nous parle de l'histoire de Mana Neyestani, un journaliste dessinateur qui va être le bouc émissaire de l'Iran. Un jour, il dessine un enfant avec un cafard et le cafard dit un mot azéri. Les azéris sont opprimés par le régime, du coup ce dessin va faire être un prétexte et faire polémique et ainsi développer des émeutes.
Du coup, Mana est envoyé en prison, le début de son cauchemar...

Un bel ouvrage représentatif du régime totalitaire de l'Iran.
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Chronique de l'horreur ordinaire, cet album autobiographique retrace la lente descente aux enfers d'un journaliste modéré reconverti dans la presse jeunesse car catalogué comme agitateur politique. Il pensait se mettre à l'abri des troubles qui agitent sa profession, mais le destin lui joue un sacré tour...

Irréel. C'est le premier mot qui vient à l'esprit en refermant ces quelques 200 pages. On pourrait se croire dans un ouvrage de science-fiction, tant la situation paraît absurde : dans quel monde enferme-t-on des gens plusieurs années, sans motif valable, sans procès, sans même une explication ? Dans le notre. Et ça, c'est la constatation la plus glaçante : ce qui est arrivé à Mana Neyestani se produit encore chaque jour, aux quatre coins de la planète. Pris au piège de ce système qu'il qualifie lui même de "kafkaïen", le journaliste subira pendant de long mois isolement, tentatives d'intimidations, pressions diverses, bref, tout l'attirail de la parfaite violence psychologique. Déboussolé, perdu, noyé dans l'incertitude, sa seule lumière est sa femme, Mansoureh, avec laquelle il décide de fuir son pays et de trouver l'asile politique.



Mais ses tentatives se soldent par de nombreux échecs ; la situation semble inextricable. Mana est baladé d'administrations en administrations, d'ONG en ONG qui promettent beaucoup et agissent trop peu. le regard de l'auteur, lucide, ne se veut pas accusateur, mais le lecteur ne peut s'empêcher d'être empli de honte et de colère à l'idée qu'il vit dans un pays où la liberté de pensée et d'expression sont des valeurs incontournables, où les droits de l'Homme sont inscrits dans la Constitution, mais qui détourne si facilement le regard lorsqu'il s'agit d'aider autrui.

A cette histoire à peine croyable, Mana Neyestani oppose une narration extrêmement classique, malheureusement non dénuée de quelques maladresses... Si le choix d'un récit chronologique est à mon sens assez heureux, le découpage et la mise en case témoignent de la maîtrise imparfaite du média bande dessinée, comme le fait très justement (et bien mieux que moi) remarquer David dans sa chronique. Il est immédiatement palpable que l'auteur est plus habitué au dessin de presse qu'au travail de scénariste et d'illustrateur de BD ; son trait n'en conserve pas moins une grande expressivité, parfois proche de la caricature, qui donne à son récit une vivacité incroyable. Je suis loin d'être une grande amatrice de ce genre de graphisme, mais je ne peux que reconnaître l'étrange alchimie qui se crée entre ce sujet difficile et le style "cartoon" de Mana Neyestani.

Avec Une métamorphose iranienne, le lecteur oscille en permanence entre incrédulité et révolte à l'idée que l'on puisse bafouer en toute impunité et aussi profondément des droits sacrés. La source du conflit paraît tellement irrationnelle, anecdotique, que l'on a du mal se convaincre de la réalité des faits qui nous sont contés par l'auteur. Un album choc qui soulève de nombreuses questions et qui nous bouscule intensément.
Lien : http://livr0ns-n0us.blogspot..
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Un témoignage partagé de manière originale d'un écrivain iranien et de ses déboires pour échapper au régime qui voit d'un mauvais oeil certaines de ses bandes dessinées pour les enfants qu'il fait paraître dans un hebdomadaire...Récit de la vie d'un homme qui bascule suite à une mauvaise interprétation.
Un excellent récit, s'en tenant au noir et blanc pour les dessins, emportant le lecteur.
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Ce roman graphique, ou plutôt autobio-graphique, est un bon moyen d'en apprendre un peu plus sur le monde iranien actuel, et notamment les relations entre l'état, la presse et les journalistes. Bien sûr, au-delà de ça, une réflexion plus profonde sur les régimes totalitaires et leurs injustices est présente.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui permet, par son côté BD de découvrir des émotions et des événements d'une manière particulièrement vivante. L'auteur a un style très agréable, tant dans ses dessins que sa manière d'écrire. le tout se lit donc facilement, même si le sujet intéressera plus un lectorat ado / adulte déjà un peu au fait de la situation iranienne.

J'ai trouvé l'angle d'approche très intéressant, notamment l'intelligence avec laquelle l'auteur évoque les événements, son humour grinçant et son sens de la caricature. Un livre à édcouvrir, et à faire découvrir autour de soi!
Lien : http://louvrage.canalblog.co..
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(...)
Je dois éviter d'en dévoiler plus. C'est difficile car ce récit se colle complètement à la réalité du propos. C'est à la fois le principal intérêt de cette oeuvre mais aussi sa faiblesse. Pour moi, elle se rapproche beaucoup plus du reportage journalistique. On sent en effet que cet album a été écrit par un illustrateur de presse. Il y a une certaine linéarité, peu de ruptures, c'est presque un travail minutieux d'exposition. Les événements sont relatés minutes par minutes. Malgré de bonnes idées, notamment le parallèle avec la métamorphose de Kafka qui est le « fil rouge » du récit, l'histoire reste essentiellement descriptive et n'est pas le fruit d'une écriture POUR la bande dessinée. D'ailleurs, le découpage n'est pas toujours une grande réussite. Il suffit de voir les petites flèches entre les cases, vestige d'un temps ancien permettant de suivre le fil du récit correctement, pour s'apercevoir que la maîtrise du média BD n'est pas totale. Graphiquement, là encore, on voit la formation de dessinateur de presse derrière les visages, avec des faces incroyables et très expressives. L'aspect « caricature » n'est pas loin. Mais cela n'enlève rien aux qualités esthétiques de l'oeuvre. Au contraire, chaque planche est superbe et surtout, son dessin est parfaitement adapté à un tel récit. Les cases possèdent une réelle énergie. Ce dessin entre réalisme froid et caricature est une base solide pour le développement entre réalité et métaphore.
Une métamorphose iranienne est une oeuvre assurément forte. Malgré les défauts soulignés, c'est un album dont je vous recommande fortement la lecture. Récit témoignage, il permet de prendre conscience des véritables enjeux des mots « libertés d'expression » et combien cette valeur est importante. Pénétrer dans ce récit se fait assez naturellement, on est entrainé dans cette spirale infernale avec les protagonistes. Une oeuvre dont la puissance pédagogique est indéniable(...)
Lien : http://www.iddbd.com/2012/02..
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Très bon ouvrage que celui-ci ! Je me suis résolu récemment à commencer une BDthèque de géopolitique, et j'ai commencé avec celui-ci dont je me souvenais et qui me faisait envie.

Le verdict, c'est : génial ! L'auteur nous a pondu une excellente BD, qui contient en elle toutes les clés pour la comprendre. le dessin se comprend par ce caricaturiste, qui nous livre quelques têtes assez rigolotes, mais dans un style parfois très réaliste. Son trait comporte aussi de nombreuses expressions faciales inspirées des dessins de presse, et le tout en noir et blanc, pour un résultat vraiment très bon. le dessin véhicule un message de façon très forte, notamment dans les passages muets.

S'ajoute à cela une histoire qui m'a surpris d'un bout à l'autre, me demandant ce qui allait se passer, comment c'était seulement possible d'en arriver à ce stade. L'auteur joue aussi avec le lecteur en lui fournissant des pages qui n'auront un rapport que bien plus tard, ou dans des détails amusants, des petits personnages qui viennent commenter de façon humoristique ou non la situation. C'est une excellente manière de renforcer l'ambiance.

Et puis, cette situation est vraiment invraisemblable, quand on voit l'auteur parti d'une petite caricature de rien du tout et en arrive à être considéré comme responsable de massacres. C'est une situation digne de Kafka, dont l'auteur copie d'ailleurs les premières lignes. Il faut avouer pour le coup que les deux possèdent beaucoup de similitudes, à commencer par le cafard. le ton restera d'ailleurs jusqu'au bout, puisqu'il s'agira pour lui de s'en sortir, et de partir. La fin est d'ailleurs excellente sur la façon de fuir d'un pays, d'essayer de prouver qu'on doit être sauvé. C'est très intéressant, et on sentirait presque un petit pied de nez à certaines institutions ou pays qui veulent avoir cette étiquette ...

Bref, j'ai adoré cette BD, autant la forme que le fond, le dessin et le récit, le principe et l'histoire, tout est bon pour moi, et j'ai vraiment un coup de coeur pour cette très belle BD. Je la recommande vivement.
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Suite au dessin d'un cafard dans le supplément jeunesse d'un journal iranien, Mana est poursuivi par le régime pour provocation. Il découvre la prison, l'intimidation et bientôt l'exil.

Une BD auto-biographique captivante, tant par le récit de cette descente aux enfers que par le parcours universel du migrant qu'elle dépeint. Terriblement d'actualité !
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