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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Nous sommes en 2006 en Iran et Mana Neyestani ne fait plus de vagues avec des dessins politiques jugés dangereux.

Ce jour-là, il croque d'un coup de crayon, un enfant qui engage la conversation avec un cafard, c'est plutôt rigolo dans un journal destiné à un jeune public, non ? le problème, c'est que le petit insecte emploie un mot azéri. Et en Iran, les azéris, peuple d'origine turque opprimée par le régime iranien, voient dans ce dessin, une provocation humiliante et bientôt c'est tout une communauté qui s'enflamme. Réaction opportuniste ou pas, pour le régime iranien, il faut un coupable.

Dès lors, le pauvre Mana ne sera plus en paix.

Son récit autobiographique est kafkaïen. Les thèmes abordés sont malheureusement universels, la dictature qui broie les êtres et les idées, la vie en prison, les interrogatoires, un enfermement à vous rendre fou avec une question lancinante, « quand vais-je sortir ? »

Pas de couleur, juste des dessins en noir et blanc, une petit bonhomme avec ses lunettes, des plans cinématographiques comme autant de scènes suffocantes d'angoisse partagée avec le personnage.
La puissance d'évocation du dessin est tout à fait réussie dans cette BD remarquable, on entend crier dans la prison, la sueur coule sur les fronts, il y a la drogue, les viols, Mana sort enfin de prison mais ses jours de liberté sont comptés et dès lors, il veut regagner Paris. Les nerfs craquent parfois, il faut demander de l'aide, contacter les ambassades, réunir de l'argent, mais Mana et sa compagne tiennent bon et tentent jusqu'à la dernière page d'échapper à leur épouvantable destin.

Mana Neyestani a du courage et du talent. C'est précieux.
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« Cette métamorphose commence aussi avec un cafard. Mais mon histoire est légèrement différente. »


Tout de même ! Depuis le Procès de Kafka, les systèmes politique et législatif semblent n'avoir pas perdu de ce caractère labyrinthique qui leur permet de se situer au-delà de la logique humaine… Mana Neyestani en témoigne, lui aussi victime d'un abus judiciaire qui a commencé avec la publication d'un dessin de cafard pour un périodique destiné aux enfants –on mire cette fois vers la Métamorphose du même Kafka


Comme Mana Neyestani, difficile de croire au début qu'un dessin aussi innocent puisse provoquer des émois parmi la minorité turque azéri. Parce qu'elle est obsédée par ses conflits avec le régime central de l'Iran, tout devient prétexte à la victimisation qui permet l'accusation. Pas besoin de preuves plus élaborées : il suffit de jouer sur l'émotion et de brandir son statut de martyr pour contrecarrer toute velléité de protestation. Cependant, Mana Neyestani est bien obligé d'accepter la réalité de la situation lorsque lui et son éditeur sont arrêtés et emmenés en prison. Première incursion dans un monde ambivalent où, malgré la violence de la pression exercée sur les prisonniers, les moyens employés sont toujours ceux très courtois d'un système administratif perfectionné dans le harcèlement et la torture morales.


Après deux mois de détention, la liberté provisoire est accordée à Mana Neyestani. Retrouvant son foyer, il décide alors de s'enfuir d'Iran avec sa femme. Alors que le plus dur semble avoir été franchi, le dessinateur prend malheureusement conscience que le système est tout aussi alambiqué à l'internationale qu'en Iran et que ce qui semblait aussi simple que quitter son pays s'avère être, en réalité, un processus qui ferait presque regretter la détention à la prison d'Evin.



Finalement, Mana Neyestani parviendra à s'enfuir d'Iran et, comme il nous l'explique dans l'épilogue, il s'installera en Malaisie avant de recevoir une invitation de la ville de Paris pour une résidence artistique. C'est ici qu'il s'attèle à la tâche de rapporter son histoire dans laquelle trottine, se faufilant entre les pages, le mirage de ce cafard qui lui a fait prendre conscience de l'enchevêtrement des systèmes politiques dans son pays ainsi qu'à l'internationale. Nous découvrons cette réalité en même temps que l'auteur, souvent dépassés, comme lui, par les absurdités de processus qui semblent parfois ne jamais devoir prendre fin. Encore une fois, après Kafka et tant d'autres, preuve nous est faite que la réalité dépasse souvent le fantastique…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Le référence évidente à Kafka de cette BD, pourrait s'appliquer à tous les récits du même genre, ceux de réfugiés politiques obligés de fuir leur pays alors que leur opposition au régime de leur pays est franchement modérés. Mais des circonstances, totalement absurdes, les placent dans une situation qui devient insupportable.
Comment un banal dessin dans une revue pour enfant peut il transformer un dessinateur en réfugié politique ? C'est juste aberrant ! Et ce récit fait sentir, toute l'impuissance du personnage face à cette machine qui se met en route, et surtout face à l'incurie généralisée des pays "étrangers". Pays qui pourtant condamnent les violations des droits de l'Homme... et qui n'offre aucune aide à ceux dont ces droits sont bafoués !
J'ai fini cette lecture, en étant soulagée de l'issue pour ces personnages, mais en même temps totalement énervée, agacée, par cette non assistance généralisée.
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A cause d'un malheureux dessin représentant un cafard qui va avoir des conséquences disproportionnées, l'auteur va connaitre la prison, les interrogatoires où on lui demande de dénoncer tous ses collègues illustrateurs et cela va se finir par l'exil comme tant de ses compatriotes qui fuient le régime totalitaire.

Les dessins sont magnifiques, en noir et blanc ce qui rend encore plus lugubre les scènes se passant en prison. On suit avec horreur son parcours et avec beaucoup de stress (mais certainement pas autant que l'auteur et sa femme) leur tentative de fuite.

Une excellente BD, d'un auteur que je ne connaissais pas du tout mais qui possède un style qui lui est propre et qui arrive très bien a nous faire entrevoir ce qu'il a pu subir...
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Une métamorphose iranienne est le récit autobiographique de Mana Neyestani, un dessinateur de presse iranien qui se retrouve pris au piège dans les griffes d'un système totalitaire kafkaïen.

Mana Neyestani n'a jamais vraiment enfreint de loi, mais a commis le crime d'avoir dessiné un cafard prononçant un mot azéri dans un journal pour enfants. Ce dessin, très vite détourné et injustement considéré comme une insulte par la communauté Azérie d'Iran, sera à l'origine de tous les ennuis de cet illustrateur qui se croyait pourtant bien à l'abri du régime au sein de la presse enfantine. C'est bien mal connaître l'Iran… !

Le calvaire débute par un emprisonnement de deux mois, durera plusieurs années et bouleversera totalement sa vie. Une métamorphose iranienne est l'histoire d'un cafard qui voulait simplement faire sourire les plus petits, d'un artiste emprisonné, torturé psychologiquement, harcelé et contraint à l'exil, mais surtout celle d'un régime totalitaire où même les insectes n'ont pas droit à la liberté d'expression.

Au-delà de cette censure et de cette répression démesurée, ce sont surtout les portes fermés de l'exil qui choquent le lecteur. Si Mana Neyestani vit aujourd'hui à Paris, c'est surtout à lui-même qu'il le doit, ses droits à l'asile politique ayant apparemment été bafoués au même titre que son droit à la liberté d'expression. Confronté à des ONG impuissantes et à des administrations peu coopératives, sa fuite vers l'occident sera parsemée de nombreuses désillusions.

Pourtant, ce témoignage personnel ne pointe personne du doigt et se contente de relater les événements chronologiquement et sans pathos. Si l'auteur parvient même à ironiser sur certains de ses déboires, son graphisme légèrement caricatural permet également de relativiser la gravité des propos. Si le découpage est très classique et l'approche plutôt documentaire, certaines trouvailles visuelles insufflent néanmoins beaucoup de force et de personnalité au récit.

À l'instar du chef-d'oeuvre de Marjane Satrapi, “Une métamorphose iranienne” est un témoignage bouleversant, mais également une réflexion sur la liberté d'expression !

À lire absolument !

Retrouver d'ailleurs cet album dans leTop de l'année de mon blog !
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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(...)
Étonnant parcours auquel on accède par le biais d'Une métamorphose iranienne. L'auteur parvient parfaitement à relater les faits et leur caractère invraisemblable tout en évitant l'écueil du pathos. le récit est construit de manière chronologique et montre l'engrenage dans lequel Mana Neyestani a été pris corps et âme. L'effet est d'autant plus frappant qu'il resitue d'emblée les conditions dans lesquelles il a réalisé le strip polémique. Les événements qui se déroulent ensuite nous permettent rapidement de prendre la mesure du décalage entre l'intention de l'auteur (sans arrière-pensées, à visée humoristique) et l'interprétation que les politiques en font. On voit l'effet pervers du système, on assiste à la construction de cette stratégie qui n'a qu'un objectif : la manipulation de l'opinion publique.
(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Il existe un tas de pays sur la planète où la liberté d'expression peut conduire des individus bien intentionnés en prison. Même un dessinateur de bd pour enfant ne peut parfois y échapper. Il suffit par exemple de dessiner un cafard et d'employer un mot qui dans un autre langage aurait une connotation négative. En l'occurrence, un groupe ethnique vivant en Iran et ayant des liens culturels avec la Turquie et l'Azerbaïdjan se sont servis d'une méprise pour manifester dans la violence leur mécontentement. En gros, ce sont des gens bien susceptibles qui se sentent persécutés.

Atteinte à la sécurité de l'Etat et voilà notre auteur emprisonné et privé de liberté. S'il faut ajouter un système politique et judiciaire assez corrompu, voilà le triste résultat. Cela me fait penser que même des soutiens modérés à ce régime peuvent être à un moment donné dans leur collimateur. Cela crée un réfugié politique de plus.

A la lecture récente de L'Araignée de Mashhad qui m'avait fort bien séduit, j'avais décidé de découvrir les oeuvres antérieures de cet auteur assez étonnant. Après le Petit manuel du parfait réfugié politique, j'ai décidé de lire l'oeuvre qui l'a fait connaitre. Il est clair qu'on ne pouvait s'attendre à mieux sur un sujet aussi délicat. C'est également une épreuve personnelle qu'a subi de plein fouet Mana Neyestani aussi bien dans son arrestation, son emprisonnement ou sa fuite dans différents pays pour échapper à la répression du pouvoir des Ayatollahs. Tout est intéressant pour peu qu'on puisse considérer tout cela comme un tout. Compartimenter n'a d'ailleurs aucun sens.

J'aime toujours le trait graphique qui colle à merveille pour ce type de récit. En même temps, c'est très lisible car c'est tout en rondeur. Je n'ai absolument pas eu de mal à rentrer dans cette histoire. C'est agréable à la lecture. Si on ajoute une narration bien réalisée, nous avons une oeuvre complète. Certes, cela peut foutre le cafard pour ne pas dire le bordel. Chez nous aussi, il y a des gens susceptibles mais on ne termine pas en prison pour autant.
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Mana Neyestani est au départ un fils d'un très grand poète iranien, et également architecte de formation, reconverti dans la BD enfantine écrivant notamment dans une revue pour la jeunesse, donc a priori un univers peu suseptible de géner un régime iranien pas forcément reconnu pour garantir une bonne liberté de pensée.

Seulement, un jour, l'auteur imagine pour une nouvelle BD, les aventures d'un petit garcon et d'un cafard, et a le malheur de placer, de manière totalement fortuite, dans la gueule du cafard, une interjection pouvant etre considérée comme empruntée au vocabulaire azéri, une des tribus minoritaires de l'Iran.

Pour avoir dessiné ce cafard, Mana Neyestani va déclencher la colère des populations azéris du nord de l'Iran. Comment peut-on oser comparer les turcs à des cafards? La minorité azérie ( dont je n'avais en fait jamais entendu parler),vit dans le Nord de l'Iran et a longtemps été opprimée par le pouvoir central. le dessin de Mana Neyestani est perçu comme un outrage de trop, et le prétexte idéal pour déclencher des émeutes.

Mana Neyestani et son rédacteur en chef ont beau présenter des excuses, rien n'y fait. La situation s'envenime et prend une ampleur inattendue, en très peu de jours.

Même si je m'en doutais déja, le récit de Mana Neyestani nous démontre merveilleusement bien à quel point la vie peut basculer pour un détail insignfiant. Ce détail prend ici la forme d'un mot, et de sa mauvaise interprétation, qui vont complètement bouleverser la vie de l'auteur, le faisant passer d'artiste établi à exilé politique en passant par un séjour dans les geôles de son pays natal. metamorphose-iranienne-neyestani-L-UJ2d6t

Une métamorphose iranienne raconte donc de manière à la fois réaliste et allégorique (voir dessin à gauche) cette descente aux enfers, l'enfermement, l'accusation, la menace, l'absence de possibilité réelle de défense,la douleur... Puis la liberté retrouvée, mais constamment mise en péril et l'exil inévitable vers les Emirats Arabes Unis, d'abord, puis divers pays (Turquie, la Chine et la Malaisie), puis enfin la France, où il est accueilli,depuis un an, grâce au réseau international de villes refuges Ircon.

Cette BD vous transporte autant par l'incroyable histoire qu'elle raconte que par la puissance graphique qui la porte. Et le livre est aussi un réquisitoire féroce sur le système judiciaire iranien. La référence à Kafka, omniprésente n est pas anodine tant la mécanique répressive apparait totalement antiliibertaire et totalement absurde.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Dans certains pays, il est dangereux d'être dessinateur de presse, même si c'est pour distraire les enfants. le dessinateur iranien Mana Neyestani et sa femme en ont fait les frais. Cette bande-dessinée retrace la création du dessin qui créa sa perte et témoigne de ce qu'il a subit par la suite, de l'enfer carcéral à la difficulté d'émigrer dans un pays se revendiquant respectueux des droits humains.

Les dessins de Mana Neyestani sont d'un réalisme frappant. Tout en noir & blanc, l'ambiance est oppressante. On a beaucoup de peine en voyant cet homme, et ceux qui croisent sa route, balayé par l'injustice et le bon vouloir de personnes souvent malveillantes et corrompues. C'est un témoignage effrayant mais important pour comprendre les mécanismes d'un régime répressif et pour comprendre ce qui pousse les gens à fuir malgré les difficultés rencontrées pour émigrer.
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Dans cette bande dessinée, Mana Neyestani nous raconte comment sa vie a basculé suite à un dessin mal interprété qu'il a réalisé pour le supplément pour les enfants d'un hebdomadaire iranien. Il nous explique d'abord sa vie à la prison d'Evin, puis son départ d'Iran avec sa femme - une véritable fuite pour ne pas se retrouvé enfermé à nouveau - et son quotidien de clandestin en attente de visa.
Ce fut une lecture très intéressante, émouvante et agréable à regarder.
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