Citations sur La saison des feux (100)
Quand Lexie commandait dans un restaurant , elle ne disait jamais : " Est-ce que je pourrais avoir… ? " Elle disait : " je vais prendre…" d'un ton confiant, comme si elle n'avait qu'à dire les choses pour qu'elles deviennent réelles.
" Mais ça va aller ?
- Elle va survivre, si c'est ça que tu veux dire."
"Cette histoire te rendra toujours triste, reprit doucement Mia. Mais ça ne signifie pas que tu aies fait le mauvais choix. C'est juste un fardeau que tu devras porter."
Dans cette belle ville, parfaitement ordonnée où tout le monde s'entendait bien et obéissait aux règles, où tout devait paraître beau et parfait de l'extérieur, qu'importe le désordre à l'intérieur.
Elle avait fini deuxième de sa classe et avait pu choisir son université : une bourse complète à Oberlin, une partielle à Denison, des acceptations à travers tout l'Etat (…). Sa mère était en faveur d'Oberlin et l'avait incitée à y postuler en premier, mais quand Elena avait visité le campus, elle s'était immédiatement sentie mal à l'aise. (…) Sur les marches de l'un des bâtiments, trois étudiants à cheveux longs portant des dashikis jouaient de la flûte à coulisse ; sur la pelouse, d'autres brandissaient des affiches en signe de protestation silencieuse : « Oui aux acides, non aux bombes. Bombarder au nom de la paix est comme baiser au nom de la virginité. »
Le travail actuel de Bebe lui rapportait le salaire minimum de l'Etat pour les employés de ce type, à savoir, deux dollars trente-cinq de l'heure. Avec ses cinquante heures par semaine plus ses pourboires, son salaire moyen était de trois cent dix-sept dollars cinquante.
Mia savait exactement à quoi elle pensait. Pour un parent, un enfant n'est pas une simple personne : c'est un endroit, une sorte de Narnia, un lieu vaste et éternel où coexistent le présent qu'on vit, le passé dont on se souvient et l'avenir qu'on espère.
On le voit en le regardant, superposé à son visage : le bébé qu'il a été, l'enfant pis l'adulte qu'il deviendra, tout ça simultanément, comme une image en trois dimensions. C'est étourdissant. Et chaque fois qu'on le laisse, chaque fois que l'enfant échappe à notre vue, on craint ne jamais retrouver ce lieu.
Elle avait été élevée pour suivre les règles, pour croire que le fonctionnement du monde dépendait de sa capacité à s'y conformer, et c'était précisément ce qu'elle faisait et croyait.
- Et la poupée qui ferme les yeux ? De quelle couleurs sont-ils?
- Bleus.(…)
Mais ça ne veut rien dire. quand vous regardez le rayon jouets… la plupart des poupées sont blondes aux yeux bleus. C'est la norme.
- La norme, répéta Ed Lim, et Mme McCullough eut l'impression de s'être fait piéger, même si elle ne savait pas trop pourquoi.
- Il n'y a rien de raciste là-dedans, insista-t-elle. ils cherchent juste à fabriquer une petite fille générique. Vous savez, celle qui plaira à tout le monde.
- Mais elle ne ressemble pas à tout le monde, n'est-ce-pas ? Elle ne ressemble pas à May Ling .(…)
May Ling a t-elle des poupées asiatiques - c'est à dire, des poupées qui lui ressemblent ?
- Non, mais quand elle sera plus grande, quand elle sera prête, nous pourrons lui acheter une Barbie chinoise.
- Avez-vous déjà vu une Barbie chinoise ?"
Mme McCullough rougit.
- " Eh bien… je n'en ai jamais cherché. Pas encore. Mais il doit y en avoir.
- Il n'y en a pas. Mattel n'en fabrique pas."
Elle ne savait pas comment s'inscrire à l'aide sociale. Elle ne savait même pas que c'était possible. Quand elle regardait en dessous d'elle, elle ne voyait aucun filet de sécurité, juste une forêt de gratte-ciel pointés vers le haut telles des aiguilles sur lesquelles elle risquait de s'empaler. Pouvez-vous lui en vouloir d'avoir mis sa fille à l'abri tandis qu'elle-même était en chute libre ?