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Citations sur Correspondance passionnée : Anaïs Nin / Henry Miller (29)

J’aime en vous cette douceur étrange, traîtresse, qui se transforme toujours en haine. Comment vous ai-je choisi ? Je vous ai vu, de ce regard intensément sélectif – j’ai vu une bouche qui était à la fois intelligente, animale et douce… curieux mélange ; un homme humain, avec une conscience sexuelle des choses – j’aime la conscience –, un homme, je vous l’ai dit, que la vie enivrait. Votre rire n’était pas un rire capable de blesser, il était riche et moelleux. J’avais chaud, j’étais étourdie, et je chantais intérieurement. Vous disiez toujours les choses les plus vraies et les plus profondes – lentement – et vous avez une façon bien à vous de parler, un peu comme un homme du Sud – hem, hem – en traînant sur les mots, toujours parti dans votre propre voyage intérieur – une voix qui l’a touché.

[Anaïs. Louveciennes. Le 9 mars 1932]
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Des bribes de nos conversations me reviennent à l’esprit – jamais rien d’entier. Ce jour où vous disiez que la femme espagnole aimait que son amant vienne vers elle avec l’odeur du vin sur les lèvres… quand vous m’avez dit que vous aviez envie de connaître un vrai « débauché », pour comprendre à quoi pouvait ressembler ce genre de créature… et cette description de vous-même, marchant dans Paris, les pointes des seins tendues et vibrantes. J’ai senti, en lisant votre manuscrit, que pour la première fois j’allais savoir ce qu’une femme éprouve en amour… je ne cesse de me demander : est-ce qu’elle regarde toujours les hommes aussi droit dans les yeux ?... et puis, vous inviter à marcher dans la campagne – à marcher, pas dans la campagne, mais jusqu’à une auberge reculée, et là vous gorger de vin, flairer votre sang arabe. Votre sang – j’en veux une goutte pour la regarder au microscope. Un jour, vous vous êtes avancée à moins de trente centimètres de moi, nous étions face à face, séparés seulement par le dossier d’une chaise – comment ai-je fait pour me retenir ? Mais, d’autre fois, je ne sentais que votre esprit, et votre esprit est glissant il s’infiltre entre mes pensées et il faut que je verse du sable, si je ne veux pas que les roues glissent… Peur que vous vous approchiez de moi comme vous le feriez d’un monstre, peur de n’être qu’un objet d’étude – jusqu’à présent c’est moi qui ai toujours étudié.

[Henry. Hôtel Central. 1 bis rue du Maine, Paris, XIVe. Dimanche 6 mars 1932, 1 h 30 du matin]
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Je ne vous ai jamais dit la joie, si intense, que j’ai éprouvée à votre retour de Dijon ; quelle joie, si intense, je ressens chaque fois que je vous vois agir de manière spontanée, comme moi. Et quelle joie encore lorsque, en plein délire, vous dites soudain quelque chose de très profond, comme des illuminations de vie – une lanterne qui ne s’éteint jamais complètement ; j’aime cela aussi. Une vie sombre, et puis cette conscience – j’apprécie cela, vous me comprenez ? –, c’est comme une intensification de tous les plaisirs.

[Anaïs. Louveciennes. Le 9 mars 1932]
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Que dit Proust ? "Nous mentons toute notre vie, et plus particulièrement, peut-être seulement, à ceux que nous aimons." Ouvrez votre Proust. Je l'ai souligné pour vous. Ce qui n'est pas souligné est sans intérêt. Je vois tout ce remplissage qui vous a ennuyée. Ça m'ennuie aussi. Au diable la princesse de Parme et le duc de Guermantes et Mme de Villeparisis. Et M. de Norpois.
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«  Notre vie est pour une grande part composée de rêves.
Il faut les rattacher à l’action » .
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« Nom de Dieu. Tout bouillonne à l’intérieur de moi. Les mots ne suffisent plus. J’ai envie de mordre dans les choses, avec mes dents. Je t’adore. Tu me fais croire que tout est possible. »
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Je sais que tu as une nature de caméléon; mais je connais aussi le noyau immuable qui est en toi. C'est lui que je veux. Ne danse pas autour de moi avec la poudre d'or et des lampions.
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Pas de remords ni de vengeance, pas de chagrin ni de culpabilité. Seulement vivre, sans rien pour te sauvegarder de l'abîme si ce n'est un fol espoir, une joie à laquelle tu as goûté et que tu peux retrouver à volonté.
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Une seule chose : méfiez-vous un peu de votre hypersexualité ! Vous me faites penser à Casanova, sauf que Casanova, entre deux scènes érotiques, est ennuyeux, alors que vous, vous devenez profond en dehors de l'érotisme, et même grâce à lui. Je m'étonne de la délicatesse avec laquelle vous faites des distinctions entre les femmes. Il y a un merveilleux paragraphe à ce sujet. Parmi cent femmes, vous en choisirez cinq. Plus que Don Juan n'a jamais fait. Mais je dirais qu'environ cinquante pour cent de ces femmes sont la cause de cette littérature embryonnaire. Cependant j'admire cette hypersexualité que Blanche vous lançait comme une insulte, parce qu'elle correspond parfaitement à la grandeur de votre esprit, à vos pensées démesurées, à votre style torrentiel (oh ! ce passage magnifique où vous décrivez la soudaine éloquence de Moloch), vos romans volcaniques et vos lettres auxquelles il est impossible de répondre !

[Anaïs. Louveciennes. Le 12 février 1932]
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«  Je fais reculer la mort à force de vivre, de souffrir , de me tromper , de risquer, de donner et de perdre . »
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