- Je préfère la nourriture du Nord, termina Bréhyr. Elle nourrit mieux, elle est belle et grasse, chaude de ses porées, de sa viande et de ses crèmes. Celle du Sud ne vaut rien ; elle pue la fleur et l'amande, elle est blanche et convient mieux à la marmaille et aux vieillards. Mais je te l'accorde, ils savent faire les gâteaux.
Je ne te souhaite pas la bonne chance, les gens comme nous n’en ont pas besoin ; ils ont leurs mains pour agir et leur volonté pour plier le monde.
Les hommes et les femmes se frottent trop souvent le ventre en imaginant qu'il suffirait à l'autre de se transformer un peu pour être tout comme on désire. Alors, ils attendent de le voir mieux, plus fragile, plus tendre, plus chaud, le détail ou l'envie qu'ils se sont fourrée dedans la tête, comme si on choisissait son humain à la façon d'un ruban à l'étal d'un marchand. Les gens ne muent pas, jamais, ils ne savent que montrer, ou pas, ce qu'ils sont au fond d'eux. Tout le monde se cache parce que tout le monde a peur des yeux de l'autre, Chien, et ceux qui hurlent le contraire le font sans doute encore plus que ceux qui se taisent.
Les barbiers et les médecins disent que les femelles ont un jus utérin dedans la tête là où les hommes ont une cervelle bien faite et bien tournée. L'idée semble idiote mais je les ai toujours crus, et c'est ta faute. Le dedans de ta tête ressemble à celui des crabes qui y cachent leur merde et réfléchissent tout avec.
J’ai compris qu’il y a parfois plus de vie derrière la porte des morts qu’à l’intérieur d’une maison.
Zoire ne savait pas cela avant de devenir vieux ; que la cervelle pourrit autant que la chair et qu'elle devient triste et à peine tiède, poisson pêché laissé sur la berge, que les fièvres s'éteignent, que les idées s'amollissent comme bougies usées, et que le caractère se décourage un peu plus chaque matin où l'on se perd soi-même.
On ne peut qu’aider les autres à être heureux, ou bien les ignorer. Vouloir et faire l’horreur est une faute impardonnable.
Rutebeuf est un poète. Il m’a toujours plu. Je l’ai toujours lu avec plaisir. « L’amour est morte, il ventait devant ma porte », disait-il, et le vent emporte les amours comme papiers gras mais ça je l’ai rajouté un jour que je passais devant un Quick, je me suis dit : « Punaise, on dirait du Rutebeuf », mais en fait les vigiles m’ont tabassée.
(Définition du lexique final, à l’entrée « Rutebeuf »)
(…) la haine est absence de vie.
La foi ne se force pas, elle ne peut que s'abandonner là où l'on passe, comme une peau, comme un parfum.