Alité, perclus de terribles douleurs,
Mordred se souvient. Son enfance, son apprentissage de chevalier, Arthur son oncle. Entre deux délires le ramenant au passé,
Mordred attend... Qu'on le soigne ou qu'il meurt. Dans ces deux destins, il y a toujours un prix à payer.
Avec
Mordred,
Justine Niogret fait le portrait du plus détesté des chevaliers. Fruit des amours incestueux de Morgause et Arthur, il se révèle perfide, sombre, traître... pour la version arthurienne, car celle de
Justine Niogret est toute autre. Oubliez la quête du Graal, les chevauchées romantiques de Lancelot ou le fracas des batailles avec Excalibur. Si le roman est court (165 pages), il est digne d'une épopée. L'auteur y apporte toute sa science des mots. Chaque phrase est choisie précisement, chaque mot est pesé pour que le sens "éclate" dans la bouche du lecteur. Il en résulte une narration lancinante, âpre, qui n'est pas donnée à tout le monde. Les récits de
Justine Niogret se méritent et
Mordred en est la nouvelle preuve.
Bien que la source du texte fasse partie des légendes, le ton donné ressemble plus au fantastique. Quel est le rêve ? Quelle est la réalité ? Qui sont les protagonistes qu'on aperçoit sans vraiment les connaître ? Seul
Mordred peut y répondre.
Si on suit la rude vie moyenâgeuse, les différentes scènes de vie quotidienne tiennent presque du documentaire. On ne parle pas d'équitation, mais de fusion entre l'homme et l'animal. On ne parle pas de bataille, mais de douleurs et de stratégies, engoncés dans une armure. On en vient presque à plaindre
Mordred, puis à le pleurer, car son geste fatidique permet de relever le destin d'Arthur.
Les héros de
Justine Niogret sont rarement innocents. En choisissant
Mordred, elle fait de ce personnage un héros maudit. Une épopée tragique écrite avec talent.
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