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3,67

sur 109 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Deuxième livre de Justine Niogret que je lis et qui confirme mes ressentis du premier : une très belle plume mais de grandes difficultés à m'accrocher le long de son récit.

Tout le long de ma lecture, j'ai eu du mal à ne pas laisser mes pensées se disperser. J'ai même éprouvé des moments d'ennui certain. La plume est belle, mais elle est là avant tout pour créer une ambiance mêlant les décors physiques et les pensées décortiquées de Mordred. Par moments j'ai eu l'impression de regarder des scènes d'un film de Sergio Leone, avec ses gros longs plans sur le robinet qui fuit goutte à goutte ou sur la mouche qui se balade sur le nez du vilain gangster. Dans cette mer d'ennui, je m'accrochais au moindre rocher d'action qui affleurait, le suçant doucement comme un bonbon.
Parmi ces scènes agréables, le prologue qui conte une pièce avec Renart et le loup Ysengrin, la lutte contre l'Aspic… et puis la bataille. L'auteure se métamorphose dès qu'il s'agit de montrer la violence d'une bataille, ou plutôt elle intègre la violence crue dans son style, l'exaltant et multipliant son impact, comme si les coups étaient portés au ralenti.
Je vous le disais, c'est une ambiance avant tout.

Et l'histoire dans tout ça ? Eh bien je l'ai cherchée tout du long, me demandant où Justine Niogret voulait m'emmener avec cette douleur insupportable qui agresse Mordred, avec ses flashback sur son enfance ou sur ses premiers temps de chevalier. Tout le récit est conté du point de vue de Mordred, et pourtant il nous cache suffisamment ses pensées pour que l'on ne sache pas à quoi on a vraiment affaire.
Jusqu'à la fin où, quelques pages avant le final indescriptible, j'ai compris.
Et là le puzzle s'est assemblé comme par magie. J'ai compris pourquoi Mordred supportait sa douleur depuis des mois, et pourquoi Arthur lui disait qu'il pouvait lâcher prise. Mordred refusait de jouer le rôle que la légende lui avait assigné. Arthur, lui, l'avait accepté. Comprendre le sens de la toile quand on s'en éloigne un peu fait un bien fou. du coup je reste sur cette bonne impression, en n'oubliant pas le dur chemin qui m'a mené là.

Il faut bien le noter, Justine Niogret s'éloigne beaucoup de la légende. Elle écrit une variation qui veut dédouaner Mordred, le débarrasser de ce rôle de traître. Elle ne s'intéresse qu'au « renégat » et à Arthur, les autres personnages sont quasi absents, même Merlin est réduit au rang de simple mire. Si vous êtes fan des récits sur le Graal et tout ça, vous risquez d'être déçus. Allez voir la critique de lyoko avec qui j'ai fait cette lecture commune.

Je suis maintenant à peu près convaincu que Justine Niogret se trompe en publiant ses livres dans le domaine de l'Imaginaire. Elle écrit des livres qui s'intéressent plus à ses acteurs qu'à l'histoire, avec une portion de fantasy extrêmement congrue (ici il n'y en a pas). Elle ferait mieux de publier dans les collections littérature blanche. Je crois, d'ailleurs, qu'elle a commencé : elle a publié un thriller sous le pseudonyme de Misha Halden
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« Mordred » signe le grand retour en fantasy de Justine Niogret, figure désormais incontournable de l'imaginaire français, après un bref passage par la science fiction avec le sombre et percutant « Gueule de truie ». L'occasion pour les éditions Mnémos de procéder à un petit relooking (illustration plus sobre, format plus petit) et de donner le coup d'envoi de l'importante opération promotionnelle initiée par les « Indés de l'Imaginaire », collectif regroupant depuis 2013 trois maisons d'édition spécialisées (Mnémos, Les Moutons Électriques, ActuSF). En même temps que « Mordred » sont ainsi arrivés chez nos libraires le 22 août dernier « Même pas mort » de Jean-Philippe Jaworski et « La chasse sauvage du colonel Rels », recueil de nouvelles d'Armand Cabasson. Autant dire qu'il s'agit là d'auteurs qui ne jouent pas dans la petite cour ! On retrouve dans le roman de Justine Niogret cet univers médiéval qui lui est cher et dont elle use à nouveau afin cette fois de rendre hommage aux légendes arthuriennes. Un choix peu originale, pourrait-on penser, seulement ce serait mal connaître l'auteur qui trouve le moyen de nous surprendre en prenant pour héros la bête noire par excellence du mythe arthurien. Renégat, régicide, parricide, fruit de l'inceste..., les mots ne manquent pas pour qualifier le personnage de Mordred que Justine Niogret entend montrer ici sous un jour différent, non pas dans l'idée d'une réhabilitation mais plutôt dans le but de démontrer que chacun a un rôle dans une épopée, et que celui de Mordred n'est peut être pas celui que l'on croit...

Si l'originalité du sujet conjuguée au charme sans pareil du style de Justine Niogret ont rendu cette lecture fort agréable, il me faut toutefois admettre avoir été quelque peu frustrée, à défaut de déçue, par l'histoire servie ici par l'auteur. « Mordred » dispose pourtant de solides atouts, à commencer par l'ambiance très particulière, faite amertume, de mélancolique et de résignation, qui baigne l'ensemble du roman. Certes, Justine Niogret ne nous avait jamais habitué à des lectures pleines d'espoir et de joie, mais la vision proposée du règne d'Arthur frappe malgré tout par la profonde tristesse qui s'en dégage. On est pourtant loin de la violence d'un « Gueule de truie » ou même de « Chien du heaume », mais de tous les ouvrages de l'auteur c'est bien celui-ci qui se distingue de part la profonde nostalgie qu'il réveille de façon surprenante chez le lecteur. « Ces choses sont finies, elles sont passées avec Morgause et Arthur. Des couloirs venteux, voilà ce qu'il reste, et un hiver qui ne sait plus finir. Des vieilles gens, des légendes qui perdent leur délicatesse parce qu'on les laisse se couvrir de poussière. » Des mots qui illustrent très bien l'ambiance douce-amère qui imprègne du début à la fin l'histoire de ce chevalier malmené par la légende. Parmi les points forts du livre figure évidemment également le style toujours aussi travaillé de l'auteur, mélange de crudité et d'onirisme qui constituent désormais sa marque de fabrique.

Le roman n'est cela dit pas exempt de tout défaut. On pourrait notamment reprocher à l'auteur une narration trop décousue liée aux allers-retours permanent du passé du personnage (son enfance auprès de Morgause, sa rencontre avec Arthur, ses premiers combats...) à son présent (l'impuissance et la douleur dues à ses blessures). le roman se caractérise également par sa très grande pudeur, trait déjà très présent dans les précédents ouvrages de l'auteur mais qui cette fois est poussée trop loin à mon goût et rend l'attachement aux personnages et l'investissement du lecteur dans l'histoire assez compliqué. Cet excès de pudeur touche essentiellement aux relations entre les personnages, qu'il s'agisse d'Arthur et Morgause ou surtout d'Arthur et Mordred. le non dit permanent concernant la véritable nature des liens les unissant les uns aux autres (père/fils ? oncle/neveu ? frère/soeur ? amant/amante ?) est à mon avis une bonne idée, seulement la majorité de leurs échanges finissent par se trouver plombés par ce tabou et à devenir ainsi bien trop sibyllins. Un peu comme si le lecteur surprenait sans le vouloir une conversation entre les personnages en sachant qu'il n'est supposé ni l'entendre ni la comprendre. Une impression renforcée par la trop grande brièveté du roman qui dépasse à peine les cent-soixante pages, ainsi que par le manque de relief de la plupart des (peu nombreux) personnages, à l'exception de Mordred. C'est notamment le cas des femmes, Morgause autant que Guenièvre, qui n'interviennent quasiment jamais dans le roman, si ce n'est lors d'une ou deux brèves scènes ou lorsque Mordred et Arthur se prennent à les évoquer.

Un roman sans aucun doute atypique, tant de part le choix de son protagoniste que par l'ambiance très particulière dans lequel il plonge le lecteur. La trop grande brièveté de l'ouvrage ainsi qu'une trop grande pudeur dans le traitement des relations entre les personnages empêchent toutefois le roman de véritablement décollé. Ceux qui avaient déjà apprécié les précédents ouvrages de Justine Niogret devraient cela dit tout de même trouver leur bonheur dans ce « Mordred », bien loin des légendes traditionnelles.
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Le hasard se joue de vous, même dans vos lectures. Légendes Arthuriennes rebonjour !

J'ai retrouvé dans ce petit livre la plume sombre, belle, brute et désenchantée de Justine Niogret. Si j'en ai aimé la première partie et ses souvenirs d'enfance mêlées aux herbes, enchantements et songes de Morgause, la deuxième, grise, froide comme la pierre et sans espoir (cela se devinait entre les lignes) (oui car n'y connaissant rien en Avallach - à part des réminiscences Marion Zimmer Bradlesques et un film avec Sean Connery- Mordred ne sonnait pas plus doux à mon oreille que le nom de sa mère).

Bref (non, toujours pas). Tout ça pour dire que lire un livre dont on a l'impression que quoiqu'ils fassent, les personnages ne s'en sortiront pas, m'ont laissé un goût d'à quoi bon, qui ternissait quelque peu ma lecture, aussi belles soient les phrases.
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Mordred... ou le petit bouquin, vraiment petit qui traîne et que j'attrape... je fais descendre ma pile et pi c'est tout...

Pitch :
Hummmm.... bon....
- Je te sens dubitative... c'est si dur que ça de faire le pitch de ce livre ?
- Oui...
- Pourquoi ? T'as peur de spoiler ?
- Non pas vraiment.. ce que je peux dire c'est mazette comme c'est bien écrit... je connaissais le style de Justine Niogret, et cette manière de faire, de jouer avec les mots, cette dentelle... ouais de la dentelle Justine.. de calais ou de Bretagne mais dentelle... dentelle mais brutale...
- Dentelle brutale ? Tu dis n'importe quoi !
- Si je t'assure de la dentelle brutale... délicatesse de roc... enchevêtrement de pierre... c'est juste magique... magnifique... de l'ordre de la beauté... de la poésie...
- Mouais ok... la demoiselle écrit bien... mais ensuite, c'est quoi l'histoire ?
- Heuuuuu..... voilà voilà voilà.... (et j'ai envie de me sauver).

Elle me lance un regard en coin, et moi je me dandine sur un pied et je suis bien en peine de lui répondre.. c'est le souci avec Justine... l'histoire en elle-même...

On reste à la lisière de l'histoire, ni tout à fait dedans, ni tout à fait dehors.. histoire sous entendu, et non dit.. Vu le sujet, nous savons de quoi elle parle et suppute pour certains qui connaissent le mythe Arthurien... mais pour les autres je pense que cela sera purée de pois.. Il manque trop de choses auxquelles se raccrocher, il manque trop de contenu.. il manque trop d'histoire justement.
Et pourtant elle raconte tout, toutes ses images sont en direction du mythe, toutes ses métaphores, tout, c'est assez incroyable... mais sur le concret, rien...
Le concret et Justine, c'est un peu difficile.. Justine est dans l'interne d'un personnage, et les autres, elle n'en a cure... ils passent comme des fantômes.. ils le sont peut-être...

Au début je me suis dit, que Justine nous recalait une partie du mythe Arthurien en version réelle... dans son contexte réel moyenâgeux, sans fantasy, sans la légende.. et il n'en est rien, nous ne sommes pas dans le réel.. du tout, nous sommes bien dans la fantasy et le mythe...
Comme d'habitude avec elle, l'orée, là où la brume s'élève et la frontière qui devient indistincte...
Un instant de vie... un instant de Mordred... instant d'homme en souffrance... avant l'irréparable, qui forgera la légende de l'un et de l'autre... Arthur et Mordred... et l'un ne va pas sans l'autre.

Justine ne raconte pas une histoire... elle raconte juste un homme, le dedans d'un homme, la construction interne et émotionnelle d'un homme.. qui pourtant n'est pas sans histoire...
Peut-être qu'elle ne sait pas faire... c'est difficile... raconter autre chose que le dedans, et le lier avec le dehors et les autres du dehors... devenir omniscient et voir le reste...

Justine n'est pas conteuse, elle est poète... la forme, le rythme, la musique des mots.. et pourtant il y a là tant d'émotion, de délicatesse, et de brutalité mêlée... tant de passages, de portes entrouvertes, juste entrouvertes... portes donnant sur un imaginaire merveilleux et terrible.. un jour peut-être elle arrivera à la pousser en grand et nous engouffrer avec elle, et nous vivrons sans doute un grand moment... Pour l'instant elle encore en repérage...

Non c'est difficile de conter une histoire.. mais ça je le sais bien...
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Beaucoup de mon entourage, voir de libraire, font de grands éloges de Justine Niogret, la propulsant parmi un des auteurs incontournables du moment. C'est donc, débordante de confiance et sur de prendre du plaisir que j'ai décidé de découvrir l'univers de cette auteur autant plébiscité.
Et quoi de mieux de comme ouverture qu'une « réécriture », de l'histoire de Mordred. Mon amour pour la légende Arthurienne me semblait une excellente approche et le rejet d'autant plus minimisé.

Le résultat obtenu est à l'opposé de celui attendu. Je n'ai pas du tout accroché au style de l'auteur. Justine Niogret possède un style romanesque, extrêmement travaillé et imagé. Certain passage mon laissé un goût de poésie, nous offrant presque un hybride entre poésie et roman. Attention, loin de moi l'idée de dire que le style est nul ! Loin de là. C'est plus un rendez-vous manqué entre l'idée que j'avais du livre et cette découverte. Certain passage me semble trop travailler, rechercher voir imager. Cela ce ressent au niveau de la lecture au point d'enlever du réalisme ou profondeur à ce récit. du coup je n'ai pas pu me plonger dans l'univers de ce Mordred.

Comble de tout me voilà donc en lectrice frustré de n'avoir su m'approprier cette nouvelle facette de Mordred. En effet l'auteur égrène tout au long du livre un Mordred plus humain, oscillant entre passé/présent et conscience/inconscience. Cette grande introspection du chevalier nous fait suivre son parcours de son enfance à l'arrivée de son oncle Arthur, de sa formation de chevalier, à ses premières batailles pour finir à ce funeste jour.

Malgré tout même si je n'ai pas vraiment pus m'imprégner de l'univers de Justine Niogret, je recommande ce livre à tous ceux qui souhaitent découvrir une autre facette de Mordred, chevalier honni de la table ronde, mais qui reste avant tout un être humain.
Et qui sait peut-être voyagerez-vous avec cet oublié des légendes Arthuriennes...
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Un peu laborieuse cette lecture. J'avais tellement aimé ‘Chien du Heaume » que je m'attendais au même genre de roman. L'écriture est splendide ; les phrases sont très belles et le vocabulaire également mais hélas je me suis un peu ennuyée pendant ma lecture. Il n'y avait que peu d'action et j'ai trouvé que « la blessure » prenait beaucoup trop de place. Mais l'idée était bonne de redonner à Mordred cette place d'honnête chevalier.
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Une langue ciselée et âpre. On comprend les motivations de Mordred à tuer Arthur, sa déchéance ainsi que celle de son père. On découvre enfin un intérêt pour ce personnage qui n'est pas le plus populaire de la légende arthurienne. Quelques clins d'oeil à d'autres personnages son présents : la liaison entre Lancelot et Guenièvre, l'inceste entre Arthur et Morgause; sans pour autant tomber dans les détails sordides.
Un point de vue intéressant sur un détail de la légende arthurienne à travers un personnage peu étudié d'habitude dans un roman de Fantasy. Une vision originale de la société féodale où la nature est perçue comme un élément positif à l'instar des châteaux qui sont des lieux d'enfermement et de corruption.
Lien : http://portdragon.fr/mordred..
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Oui, encore un Niogret >_> Bon j'avoue, après avoir lu Chien du heaume j'avais fait une razzia sur tous ses livres que j'avais pu trouver.
Ici, elle revisite à sa façon l'histoire de Mordred, fils incestueux et parricide du Roi Arthur, du point de vue de Mordred. On est loin ici d'une geste chevaleresque, c'est un récit très introspectif et mélancolique, moins sombre et dur que ses précédents. Il y a des passages superbement écrits, limite poétiques. C'est je pense le Niogret le mieux écrit que j'ai pu lire jusqu'à présent. J'ai eu un peu de mal à rentrer dedans, mais la lecture restait agréable. Puis il est assez court (186 pages).
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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