Citations sur Eternels, Tome 1 : Evermore (77)
Comment lui expliquer que, depuis l'accident, les seules personnes dont je ne puisse pas lire les pensées, déchiffrer la vie, ni voir l'aura, sont mortes ?
Alors je me souviens, je courais dans un canyon onscur et venteux, vêtue d'une mince robe blanche qui me défendait mal contre le froid, une bise glaciale me cinglant la peau et me péétrant jusqu'aux os.
Pourtant, c'était à peine si je remarquais le froid, tant j'étais concentrée sur ma course, pieds nus sur la terre humide et boueuse, en direction d'un refuge enveloppé par la brume, que je distinguais à peine vers une lumière qui luisait faiblement.
Le dos tourné à Damen...............
En relevant la tête, je suis entourée de tulipes, des dizaines de milliers de tulipes rouges dont les pétales épais et soyeux luisent dans le soleil matinal, jonchant le parking et recouvrant les voitures qui y sont garées. Et quand je me redresse à grand-peine, je devine instantanément que leur créateur n'est plus là.
Pouvoir lire dans les pensées des gens, voir leur énergie ou déchiffrer leur aura semble réjouissant, à première vue.
En réalité, c'est loin d'être le cas, croyez-moi. Je donnerais n'importe quoi pour retrouver ma vie d'avant, redevenir normale et ignorante, comme tout le monde. Parce que même vos meilleurs amis peuvent parfois songer à des choses pas vraiment charitables, et il faut savoir pardonner quand on ne possède pas la touche «pause».
Moi aussi, je t'aime. Depuis toujours. Pour toujours
Je descends chercher une glace à la cuisine: si un pansement Häagen-Dazs bien crémeux ne suffit sans doute pas à rafistoler mon cœur brisé, il pourra aider à calmer la douleur.
Les règles sont faites pour être ignorées, voire enfreintes. C’est plus amusant. Tu vas voir.
Je m'obstine a l'ignorer.
- Tant pis tu l'auras voulu, soupire mon voisin au moment où M.Robins appelle mon nom. Une seconde plus tard, j'entends un terrible blong, tandis que dix-neuf fronts s'affalent sur leur bureau.
Tout le monde, sauf Damen et moi. Je regarde autour de moi, bouche bée, je n'en crois pas mes yeux.
- C'était exactement ce que je voulais éviter, dit-il quand je le fusille du regard.
- Qu'est-ce que tu leur as fait ?
Je contemple les corps sans vie qui nous entourent, quand l'atroce vérité se fait jour. Mon coeur bat si fort que Damen ne peut pas ne pas l'entendre.
- Oh, mon Dieu ! Tu les as tués ! Tu les as tués !
- Voyons, Ever, pour qui me prends-tu ? Bien sûr que je ne les ai pas tués. Disons qu'ils font... une petite sieste, c'est tout.
Je m'écarte de lui le plus possible, sans quitter la porte des yeux, prête à prendre la fuite. Il croise les jambes, le visage impassible, la voix calme et posée.
- Tu peux essayer, si tu veux. Mais tu n'iras pas loin. Tu as vu que je suis arrivé ici avant toi, même si tu avais de l'avance.
Vous, les mortels, vous êtes vraiment trop bêtes, stupides, et tellement prévisibles, si ordinaires. Et pourtant, malgré tes défauts qui sautent aux yeux, tu sembles toujours inciter Damen à nourrir les affamés, à servir l’humanité, à lutter contre la pauvreté, à sauver les baleines, à ne plus jeter de papiers par terre, à trier les poubelles, à militer pour la paix dans le monde, à refuser la drogue, l’alcool, les dépenses superflues, bref, à faire de son mieux pour être un type bien - une quête altruiste chassant l’autre. Et tout ça pour quoi ? Les humains apprennent-ils quoi que ce soit ? La preuve que non : le réchauffement climatique, ça te rappelle quelque chose ?
Je pense à toi,
Toujours.
Damen.