Je remercie une fois de plus les éditions Aux 3D et
Julien Noël de m'accorder leur confiance pour chroniquer leurs livres-jeux.
Une fois n'est pas coutume notre aventure commence au Pauvre Job, ce bar de sorcier où on ne sait jamais ce qu'il va arriver. La Belgique vient de perdre contre la France, Patte-de-Bouc et deux amis veulent venger la patrie. Bien évidemment vous les suivez.
Étant française il a fallu que je me mette dans la peau d'une belge afin de réussir cette aventure. Je vous avoue que je n'ai pas eu de soucis à le faire car je ne suis pas une grande fan de foot et, petite anecdote personnelle, le soir de la finale j'ai fait une dizaine de kilomètres après le travail pour pouvoir rentrer chez moi car tout était bloqué. Vous comprenez donc que je me suis rapidement mise du côté de nos sorciers favoris.
La couverture nous met tout de suite dans l'ambiance. le côté sorcier et magie ancienne est symbolisé par la jaquette d'inspiration médiévale. le titre utilise l'écriture des parchemins et le S de Seum rappelle un blason héraldique. le bouc peut faire référence au personnage de Patte-de-Bouc mais c'est aussi une des représentations du diable. N'oublions pas que dans cette aventure nous devons maudire l'équipe de France et le diable est le mieux placé pour cela. D'innombrables légendes plus ou moins connues, mondiales ou régionales, raconte comment un certains nombre de personnes ont passé des pactes avec le diable. Dès le premier coup d'oeil on a une idée de ce qui nous attend.
Au début de l'ouvrage se trouve un résumé des aventures précédentes. C'est un point positif permettant de nous mettre dans l'ambiance. Autant, dans une précédente chronique sur
La Hussarde verte, j'avais conseillé de faire les aventures dans l'ordre suivant :
le Démon dans l'escalier, A la Cour du roi des rats,
La Hussarde verte, autant ici l'aventure peut se faire indépendamment des précédentes. C'est une quête à l'instant T, la nuit du 10 juillet 2018, pour créer un sort qui sera effectif le 15 juillet 2018 tandis que
La Hussarde verte s'ouvre sur une scène évoquant un objet trouvé dans A la Cour du roi des rats.
Cet ouvrage est pour un public averti. Bien qu'il reprenne les bases des livres-jeux comme l'aventure, les choix multiples, les objets à trouver, nous sommes en présence d'un langage cru et fleuri. Nous retrouvons aussi tout un florilège de sobriquets désignant les français.
Quelques nouveaux personnages font leur entrée et nous en apprenons plus sur des anciens.
Geert est un sorcier marin au look stéréotypé avec un anneau aux oreilles et des rouflaquettes. Avec Patte-de-Bouc, il vous donne de longs cours d'histoire sur la magie et la guerre franco-belge qui remonte à des siècles et des siècles.
Un personnage féminin, une traqueuse, apparait rapidement dans le bar et ses paroles, qui peuvent être perçues comme féministes, permettent une mise au point sur le machisme présent dans le milieu du football. Les personnes présentes dans le bar sont tristes car l'équipe de football masculine belge a perdu en demi-finale. Elle nous explique que l'équipe féminine a subi le même sort auparavant mais n'a pas suscité le même engouement. La preuve est faite que les filles peuvent aussi bien jouer que les garçons alors si vous êtes fan de football soutenez les deux équipes de votre nation.
Patte-de-Bouc nous présente sa marraine. On le découvre souriant et loquace. Derrière ce caractère de cochon se cache un coeur tendre. Cependant, au fil de l'aventure, il ne change pas et continue à donner des ordres et à déléguer certaines tâches.
Un personnage secondaire est mis un peu plus en avant dans cet opus. Il s'agit de Gérard le Hagard, un sorcier déchu. On en apprend un peu plus sur son passé et les actions qui l'ont mené à sa déchéance.
L'aventure est composée d'environ 240 sections avec des choix multiples ou non. le but est de préparer le sortilège parfait mais c'est un parcours semé d'embûches. Un point positif présent dans la précédente aventure fait son retour. Il s'agit des points de sauvegarde et nous pouvons y retourner en un clic. C'est un combo parfait car arriver presque à la fin de l'aventure et perdre est un scénario horrible. Je ne remercie pas l'auteur pour cela. J'étais toute fière de réussir du premier coup et en fait non, juste avant la fin, patatras.
Le roman est pour un public averti, d'une part pour le langage comme expliqué ci-dessus, mais aussi car certaines scènes peuvent être choquantes pour un jeune public. le côté historique est beaucoup plus développé que dans les précédents romans et j'ai trouvé cette particularité vraiment intéressante. Étant de nature curieuse je trouve que c'est une bonne idée d'expliquer certains passages de l'histoire belge, à la sauce magique bien sûr, mais le fond de l'épisode narré reste authentique.
Julien Noël nous fait part de ses dons de poètes mais aussi d'humoriste à travers ses textes. Nous retrouvons des références à Harry Potter mais aussi à notre société actuelle avec un rhum végan face à un alcool de chenille.
L'ambiance est plus décontractée et moins noire que les autres opus. Tout en gardant les éléments ayant fait le succès des précédents ouvrages, la magie et la quête,
La Nuit du Seum fidélise les lecteurs du début et s'ouvre vers un nouveau public.
Le livre-jeu est au format numérique et accessible sur liseuse, smartphone, tablette et web. Si vous voulez vous venger de la finale venez tenter l'aventure et n'oubliez pas que chaque aventure est unique car chaque lecteur l'est.