Le 27 mai dernier, nous étions avec une partie du Jury du Prix Audiolib 2022, la comédienne Françoise Gillard et de membres de l'équipe Nova Spot, dont la réalisatrice Audren. Les Jurées ont pu voir les coulisses de l'enregistrement d'un livre audio, écouter la comédienne lire des extraits de romans qu'elle a enregistrés pour Audiolib et... se prêter elles-mêmes à l'exercice, en studio ! Mais aussi échanger avec nous sur le livre audio et la sélection du Prix Audiolib 2022. Elles rendront bientôt leur verdict sur leurs livres audio préférés, on a hâte de les découvrir et de vous dévoiler les cinq finalistes le 10 juin prochain !
En attendant, retrouvez la liste des dix titres en lice : https://www.audiolib.fr/actualite/vous-devoile-la-selection-du-prix-audiolib-2022/
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Nous sommes en train de voler leur liberté aux Indiens et n'en ferons rien de bien . On ne profite jamais de ce qu'on n'a pas gagné justement .
L'or les rend bêtes et modifie les valeurs essentielles. La richesse devient une qualité au même titre que le sont la fraternité, la gentillesse, la générosité. C'est dommage.
Vous savez , ici, on a tous besoin des autres .
- Ailleurs aussi.
- Oui, mais ici on n'a pas les moyens de se faire croire le contraire .
[…] le ‘Tournant’ s’était réellement précisé avec les élections du 18 mars 1990. Il s’agissait pour mes parents de leurs premières élections libres. Avant cela, ils avaient toujours été obligés de voter pour le Parti. L’abstention et le vote blanc étaient interdits par la loi. Dans les bureaux de vote, rares étaient ceux qui osaient s’aventurer dans l’isoloir, placé là pour laisser croire aux citoyens qu’ils pouvaient s’opposer à la liste imposée. La peur conduisait tous les électeurs à plier l’unique bulletin en deux, sans le modifier, et à l’introduire sagement dans l’urne. Depuis 1933, les Allemands de l’Est n’avaient plus voté librement ni réellement choisi leur gouvernement. (p. 105)

L’orphelinat d’Abbey Road ne s’est pas toujours appelé ainsi. Son véritable nom, il vaut mieux ne pas le connaître. Il vaut mieux ne pas poser de questions, non plus, ni sur ce sujet ni sur aucun autre. Soeur Ethelred n’aime pas que les enfants posent des questions. Elle dit que Dieu apportera toutes les réponses. Ses réponses à elle, ce sont les punitions. Ce soir, comme chaque soir, les pensionnaires ont dit leur prière et soeur Ethelred a coupé l’électricité dans le dortoir. Mais Joy ne peut pas dormir. Elle pense au souterrain que son amie Margarita a découvert sous l’abbatiale. Qu’y a-t-il au bout de ces couloirs qui sentent le soufre ? Pourquoi Prudence ne parle-t-elle plus depuis qu’elle les a visités seule ? De quoi a-t-elle si peur ? D’où vient cette étrange brûlure sur son bras ? Que cache le mince sourire de Lady Bartropp, la bienfaitrice de l’orphelinat ? Et pourquoi la petite Ginger chante-t-elle sans cesse une chanson en latin sans même s’en apercevoir ? Les réponses sont peut-être là, tout près, dans un autre monde.
En fait, on trouvait de tout chez les vieilles personnes, comme on trouvait de tout dans une classe : des bagarreurs un peu dingues (...), des pitres (...), des blagueuses (...), des sérieuses (...). La vieillesse n'aplatissait pas les défauts des gens, au contraire, elle semblait même les faire ressortir. Certains vieux s'autorisaient peut-être à être soudain complètement eux-mêmes et à ne plus faire d'efforts, dans le but de profiter à fond. C'était le cas de ma mémé violente (...)
(p. 36)
A l'Ouest, tout était possible. Peut-être trop possible. On pouvait aimer n'importe qui, tuer n'importe qui , ouvrir n'importe quelle boutique, être complètement soi-même ou tout à fait quelqu'un d'autre . Les limites n'étaient en fait fixées que par l'individu lui-même et non par le groupe . Pour que cela fonctionne , on attendait de chacun un comportement altruiste et raisonné .
C'est quoi, le truc juste avant de mourir ? ...Ça doit être vivre en fait...Voilà, c'est ça ! Je m'ennuie à vivre...Ça t'arrive à toi de t'ennuyer à vivre ? Y en a qui s'ennuient à pourrir, mais ça, c'est quand ils sont déjà morts d'ennui, parce que pourrir, ça vient après mourir...
Afin de recréer un environnement semblable à ce qu'ils avaient connu à l'Est, les pionniers construisaient de fausses façades à leurs bâtiments. Vus de face on aurait pu croire qu'ils avaient un ou deux étages mais, de profil, on s'apercevait vite que les frontons étaient en fait des ornements, des trompe-l'oeil derrière lesquels il n'y avait rien. A l'Ouest, les apparences semblaient finalement compter autant qu'à l'Est.
(p. 76)

J’hésitai encore. Les yeux du metteur en scène, de la chorégraphe, de l’hôtesse de l’air et des autres danseurs s’étaient braqués sur moi. Il régnait un curieux silence. Plus personne ne respirait. Je tenais tout ce monde en haleine parce que j’avais menti. « The show must go on ! » pensai-je. Je ne pouvais pas me contenter d’une réponse décevante. Après tout, n’étais-je pas ici pour sidérer mon auditoire et briller plus que les autres, pour être retenue ?
— Je suis… sa fille, dis-je d’une petite voix timide.
— Sa fille ? Mais Obama n’a que deux filles et elles sont bien plus jeunes que vous, réagit Jane.
— En fait, il nous a un peu oubliées ma mère et moi.
— Votre mère n’est pas Michelle ? s’inquiéta l’Allemande, curieuse.
— Ma mère est morte. Je vis avec ma cousine à Paris. Je ne sais pas pourquoi je vous raconte tout ça, en général je garde mes histoires de famille pour moi.
Jane chuchota à l’oreille du metteur en scène. Il fit un signe de la main et dirigea son pouce vers le haut en signe de grâce, tel un empereur romain.
— Et bien Miss Obama, épatez nous encore en chantant et vous serez des nôtres !