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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
De Pierre Nora, je ne connais que le nom et, de loin, sa réputation de grand historien. Si j'ai acheté « Jeunesse » c'est parce que j'avais compris que celle-ci s'était déroulée pendant la guerre et que j'étais curieuse de savoir ce qu'elle avait imposé à l'auteur et à sa famille, et ce qu'elle avait laissé comme traces.
C'est l'objet du premier chapitre, et il est éloquent. Les traumatismes n'ont pas manqué, même s'il y a eu, comme le souligne l'auteur à plusieurs reprises, moins de disparus dans sa famille que dans beaucoup d'autres.
Le dernier chapitre, passionnant, est consacré à la genèse du métier d'éditeur de Pierre Nora, et à l'orientation inédite et particulière qu'il a donnée aux collections qu'il a dirigées, en inventant la « Nouvelle Histoire ».
Mais entre les deux ? entre les deux, c'est l'histoire d'un jeune homme qui évolue dans environnement privilégié et favorable à un parcours d'intellectuel et de chercheur, avec la réussite qu'on lui connaît aujourd'hui, et dont Pierre Nora ne peut qu'être satisfait, bien évidemment. Si on ne l'a pas supposée, cette satisfaction, on en prend vite conscience…
Au point que Pierre Nora, assuré de sa position, évoque des faits ou des anecdotes dont je ne vois pas ce qu'ils apportent à la connaissance qu'on souhaite avoir de lui : l'alcoolisme de l'un, le suicide de l'autre, les ratages divers de certains proches, cités en passant, brutalement, en quoi expliquent-ils ce parcours ?
C'est aussi un amour de jeunesse, tumultueux, et sa fin peu glorieuse.
Ce sont également les réussites, nombreuses, de la famille Nora, dont l'auteur est heureux, légitimement. Mais dont, de façon moins compréhensible, il s'attribue le rôle de patriarche, de tête directrice, de chef. Il est vrai qu'il en est le seul académicien. Cela suffit-il à faire de lui, la plus haute personnalité de l'ensemble ?
Bref, il manque à ce texte, à mon goût, un peu de discrétion et de pudeur. Il me semble qu'il eût été judicieux d'écouter le conseil donné par ses proches à Pierre Nora : « Pendant que j'écrivais ce mémoire, mon entourage me reprochait de me tourner vers mes souvenirs personnels et familiaux plutôt que mes souvenirs d'éditeur et d'historien, les seuls intéressants pour un lecteur. »

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Ce titre est en lui-même une sorte de gag.

Ces souvenirs d'un homme né en novembre 1931, encore plein d'étonnement d'avoir longtemps été le plus jeune de sa fratrie – avec la forte prégnance de son célèbre frère aîné Simon – puis de la fierté d'être encore présent à un âge particulièrement avancé.

L'enfance de Pierre Nora ne s'est pas déroulée sans angoisses : issu d'une famille bourgeoise juive – le père est un éminent médecin hospitalier qui a fait la guerre de quatorze et restera tout de même à son poste pendant toute l'Occupation – il doit se réfugier avec sa famille dans plusieurs planques dans la France occupée.

Au retour de la paix, Pierre refusera le rite de passage de la Bar Mitsva. Il est déjà passé à l'âge adulte ... Pour lui, le « judaïsme est tout entier histoire. Ce n'est pas une religion, à la différence du christianisme ; ce n'est pas non plus une culture, à la différence de l'islam. C'est une histoire, une histoire grandiose qui a traversé les siècles. »

Son échec cuisant – par trois fois – à Normale Sup' l'humilie profondément mais il comprendra que sans cet échec, sa vie aurait été moins riche et moins intéressante. Après avoir longtemps tergiversé, il choisit de passer l'agrégation d'histoire, séduit par la nouvelle école des Annales, Fernand Braudel et René Rémond (mes idoles !). C'est alors une nouvelle façon d'appréhender le passé : globale, anthropologique, économique, quelque chose de noble, de profond et de grand.

Comme l'exige cet exercice de souvenirs, Pierre Nora cite l'extraordinaire foule des intellectuels qu'il a rencontrés, avec lesquels il a travaillé. C'est un festival de « name dropping » parfois fastidieux mais qui retrace une époque qui fut celle de ma jeunesse, celle des grands engagements politiques et des remises à niveau de bien des idéologies.

Relativement discret sur sa vie amoureuse – assez fournie et toujours placée sous le signe de l'art et de l'intelligence – je retiendrai de ces réflexions parcellaires l'extraordinaire carrière d'un historien qui fut à la fois enseignant, mais surtout éditeur (55 ans chez Gallimard, plus de mille livres édités), quarante années de la revue Le Débat … et une totale humilité.

Pour son importante contribution à la présentation de l'histoire sous un angle nouveau et tellement plus efficace, je lui suis infiniment redevable de bien des heures de lecture passionnante.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Je ne connaissais pas Pierre Nora, qui est un historien, éditeur et académicien. Ses "mémoires" se lisent, mais je ne les ai pas trouvées très intéressantes à part le début, pendant la Seconde Guerre Mondiale. le reste, c'est un peu comment il est devenu ce qu'il est grâce à son formidable réseau de grands bourgeois parisiens. Ça m'a surtout montré l'importance d'être bien né et d'avoir de l'argent pour réussir. Amusant, il a dû être à la Fondation Thiers avec mon propre père, mais malheureusement celui-ci n'est plus de ce monde pour me le confirmer.
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