AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,31

sur 56 notes
5
1 avis
4
6 avis
3
6 avis
2
3 avis
1
0 avis
« Recevoir, célébrer, transmettre » résume une vie réussie et cette formule de Lévinas guide manifestement les Nora.


Pierre Nora a beaucoup reçu de sa famille. Son père, Gaston Nora, fut un grand médecin, un poilu mobilisé durant toute la grande guerre (aux cotés de Xavier Vallat), un bourgeois clairvoyant sur la montée du nazisme, un père de quatre enfants dont l'ainé Simon devint un brillant inspecteur des finances mendésiste.


Son oncle, André Meyer, dirigeant de la Banque Lazard, était un « génie financier ». La famille était alliée, par le jeu de mariages parfois éphémères, aux mythiques « deux cent familles » dont les Cossé Brissac ; union dont une victime collatérale est Félicité Herzog, auteur du réquisitoire « Un héros ».


L'agrégé a beaucoup reçu de l'éducation nationale : lycéen à Carnot puis Louis le Grand, il rate l'admission à Normale Sup, se rabat sur l'agrégation d'histoire et devient enseignant à Sciences Po puis Directeur des Hautes Etudes en Sciences Sociales.


Reçu parmi l'intelligentsia, il a rencontré et disserté avec toutes les têtes pensantes de sa génération, est une personnalité reconnue de la communauté juive et a exercé une influence notable dans la presse progressiste (L'Express et Le Nouvel Observateur).


L'académicien, qui se fit offrir son épée par vingt femmes exclusivement, a collectionné des compagnes exceptionnelles. Initié par Marthe, une princesse malgache, que décrit Lawrence Durell dans « Le quatuor d'Alexandrie », il épouse Françoise Cachin, part avec elle en voyage de noces en Chine où il frôle la mort, puis célèbre la vie jusqu'au bout, et à quatre vingt dix ans partage la vie d'Anne Sinclair, après une vie sentimentale plurielle et compliquée.


L'éditeur a publié, en cinquante ans chez Juilliard puis Gallimard, plus de mille ouvrages dont nombreux sont ceux reconnus comme des références et exerce un rôle majeur en maintenant une distinction rigoureuse entre le devoir d'histoire et le devoir de mémoire. Cette vie de Directeur de Collections sera l'objet de son prochain volume de mémoires.


Dans ce premier tome, titré «Jeunesse » Pierre Nora se focalise sur les périodes clés (l'invasion, l'occupation, etc.) et les personnes qui l'ont fait ce qu'il est. En huit chapitres, qui peuvent être lus dans le désordre, il se concentre sur ses trente premières années qui sont les fondations sur lesquelles s'appuie la vie d'un « honnête homme » comme l'on disait jadis.


Une lecture indispensable à qui s'intéresse à l'évolution de la pensée contemporaine.

PS : mon regard sur "Le Héros" de Félicité Herzog : https://www.babelio.com/livres/Herzog-Un-heros/394756/critiques/2200767
Commenter  J’apprécie          741
Dans le cadre de la dernière opération Masse critique, je me suis laissée tenter par ces mémoires de jeunesse de Pierre Nora et je remercie vivement l'équipe de Babelio et les éditions Gallimard pour m'avoir donné l'occasion de les découvrir.
J'éprouve en effet beaucoup d'admiration pour l'historien et pour l'auteur des lieux de mémoire.
cette autobiographie se lit comme un roman. Il faut dire que la vie de Pierre Nora n'a pas été banale. Enfant juif pendant la guerre, il a grandi et mûri avant l'heure, frère cadet d'un haut fonctionnaire brillant, il a côtoyé les milieux intellectuels de l'époque avant même d'en faire partie en tant qu'étudiant, historien et éditeur. Que de rencontres dans ce livre, c'est presque étourdissant et c'est en tout cas passionnant !
Cependant, je mettrais un petit bémol car j'ai trouvé que par moments Pierre Nora était un peu trop cash (notamment sur la vie personnelle de son entourage) et je me suis sentie un peu indiscrète en tant que lectrice.
si vous ne deviez lire qu'un chapitre de ce livre, je vous conseillerais celui sur son échec à Normale sup, il mettra du baume au coeur à bien des étudiants ayant raté leur concours !
Commenter  J’apprécie          200
Pierre Nora se défend d'avoir écrit ses Mémoires, et nous propose une sorte de roman d'apprentissage revenant sur ses jeunes années et sa formation intellectuelle. Il manquera à certains – dont je fais partie – quelques éléments d'une culture toute parisienne, ou du moins germanopratine, pour apprécier parfois les détails portés à notre connaissance, situer les personnalités évoquées, humer le riche terreau où se développent les élites. Je ne ferai pas ici le procès inutile d'un intellectualisme parisien, mais force est de constater que Pierre Nora n'échappe pas à l'étiquetage en se trouvant au centre de la constellation édition-journalisme-politique.
L'étendue d'un réseau tissé dès les lycées d'excellence et l'École normale supérieure, l'appui d'une famille bourgeoise et aisée, la fréquentation d'un milieu où la culture de l'entre-soi assure la possession des bons codes caractérisent cette jeunesse, bouleversée par la guerre, la fuite devant les rafles de juifs et l'éclatement de la bulle douillette où vivait la famille Nora.
La sincérité de l'auteur se heurte parfois à l'écueil d'une satisfaction dynastique quand il énumère la réussite des membres du clan familial. S'il n'épargne pas les travers des uns et des autres, leurs demi-réussites, il n'oublie jamais de citer leurs éclatants succès. Appliquant le traitement à lui-même, l'échec à Normale constitue l'un des chapitres du livre et j'ai souvent souri devant cette vilaine éclipse obscurcissant une étoile qui se voulait si brillante ; enfin tout finit par s'arranger.
Pierre Nora ne cache pas non plus son aventure amoureuse avec l'étonnante Marthe qu'il pare d'une aristocratie toute coloniale avant de la dépeindre sous des traits assez venimeux et empreints de fausse commisération. Je crois que j'aurais préféré qu'il parlât de sa relation avec le poète René Char plutôt que de ses turpitudes sentimentales.
J'ai été étonnée en refermant le livre d'éprouver davantage d'empathie pour son père, ancien combattant de la guerre 14-18, éminent urologue, chirurgien à l'hôpital Rothschild et resté toute la guerre à Paris que pour les femmes de la famille auxquelles l'auteur rend un hommage appuyé et assez conformiste.
Dans un récent entretien avec Annick Cojean du journal le Monde, Mona Ozouf raconte qu'elle a commencé à écrire « parce que de jeunes copains historiens qui, eux, avaient déjà l'idée d'écrire des livres m'ont commandé des petits travaux. Un feuillet sur tel sujet, une conclusion sur tel autre. En gros, de la sous-traitance. Ni payée ni citée, tout juste remerciée. » Pierre Nora faisait partie de ceux-là. Il confie : « Mona, qui partageait mes intérêts intellectuels, à laquelle m'ont lié une communauté de travail et une amitié que le temps n'a fait qu'approfondir et que la disparition précoce de François [Furet] et de K-jo [Jacques Ozouf] a laissée seule témoin de nos jeunes années. » le compliment est un peu court et étrangement engoncé dans la perte des copains académiciens, initiateurs de l'ego-histoire. Mona Ozouf aurait été l'une des bonnes fées penchées sur le berceau de cet ouvrage, mais elle a suffisamment de malice pour en percevoir les satisfecit auto-administrés.
Le livre permettra sans doute à son auteur de se sentir un peu moins un « homme de l'ombre », « un personnage en mode mineur ». Je le rassure, lecture faite, on ne peut plus le penser.
Commenter  J’apprécie          174
Entamé dans un tgv lancé à vive allure, je n'ai pu lâcher ce livre. Dès les premières pages, le lecteur se retrouve happé par les souvenirs d'enfance de Pierre Nora dans une France envahie et occupée. Comment ne pas se sentir touché(e)s par cet enfant angoissé qui tente – comme chaque enfant – de trouver sa place au sein de la fratrie et de se construire. Nous savons bien, tous, que, quelles que soient les circonstances, il s'agit d'un exercice compliqué. Mais il est évidemment encore bien plus compliqué lorsque, votre pays étant en pleine guerre, vous êtes né dans une famille juive, et que les nazis occupent le terrain !

Page après page, Pierre Nora prend son lecteur par la main et lui ouvre les portes de sa vie sans crainte, sans pudeur, sans essayer de mettre quelque distance que ce soit entre lui et son lecteur. Il a, et c'est notable, la bienveillance de ne pas nous prendre de haut. L'homme que certains considèrent comme providentiel, celui à qui l'on pourrait croire que tout à réussi, a pris la plume pour remonter à contre-courant ce chemin. Mais Pierre Nora nous montre précisément que ce qui aurait pu sembler être un atout – la position sociale de la famille, le fait d'évoluer dans les hautes sphères – n'en a pas forcément été un. Il nous donne à voir comment sa réussite est en partie due à de nombreux échecs – identité juive perdue, vocation contrariée et avortée et enfin concours raté !

Et puis, il y a cette vie, cette vie si incroyable, si dense, si intense qui impressionne et qui impose le respect. L'homme est un historien de la mémoire, un enseignant, un éditeur et également un académicien, de quoi en faire pâlir plus d'un ! Mais ses réussites, dans tant de domaines différents, ce n'est pas à des succès permanents qu'il les doit. Ce qui lui a permis d'avancer, c'est que, malgré les échecs, malgré les claques qu'il a pris comme tout un chacun, il a su rester debout, sans vaciller, tout en continuant à prendre des décisions à contre-courant pour être là où on ne l'attend pas. La leçon de vie qu'il nous donne, c'est que, parfois, il faut savoir passer par là où le chemin est le plus ardu.

Le personnage ne parlera peut-être pas à beaucoup d'entre vous, mais pour moi, ces mémoires m'ont ému aux larmes. Ses phrases m'ont parfois rappelé pourquoi j'ai voulu m'engager sur ce chemin, pourquoi les questions mémorielles me faisaient et me font toujours vibrer. Cet homme « qui n'a jamais fait rien fait comme les autres » selon son père, me rappelle que rester debout dans les périodes compliquées peut être le chemin vers un avenir plus tranquille. Bref, la lecture de ce livre, pour moi, donne de l'espoir !

Soucieux d'humilité, de transmission et de don, Pierre Nora nous livre là un récit honnête et qui permet une immersion dans des mondes que nous n'avons pas l'habitude de côtoyer tel que le microcosme universitaire ou bien la bourgeoisie juive parisienne.
Lien : https://ogrimoire.com/2022/1..
Commenter  J’apprécie          151
Il est des êtres dont l'intelligence et les valeurs humaines donnent à leur conversation un mélange de densité et de légèreté exceptionnel. Leur intelligence hors du commun, loin de nous faire sentir nos limites, nous donne l'étrange sentiment de pouvoir être à leur hauteur le temps d'une lecture ou d'une conversation. Evidemment il n'en est rien, mais ils sont d'une telle élégance qu'ils nous parlent comme si nous étions des leurs. Pierre Nora est de ceux-là, brillant causeur auprès duquel on aimerait pouvoir partager une soirée au coin du feu.
Jeunesse est un magnifique livre, celui d'un vieil homme extraordinaire qui se penche sur sa jeunesse et nous la raconte avec simplicité, comme une jeunesse ordinaire. le livre nous permet de pénétrer par effraction dans le monde des jeunes intellectuels des années 50 : Normal Sup, la Sorbonne, Derrida, Furet, Tulard, Le Roy Ladurie et tant d'autres. D'autres lecteurs ont parlé de name dropping. A mon sens, il ne s'agit pas de cela, mais juste d'un récit de famille où l'on se reconnait et s'estime.
Les esprits chagrins parlent de "l'importance d'être bien né et d'avoir de l'argent pour réussir." Peut-être, mais il existe pas mal de gens riches et bien-nés qui ne réussissent pas tant que cela… Il est sûr que Pierre Nora, qui appartient lui-même à une famille hors du commun, a été façonné par une longue histoire familiale qui l'a précédé et se poursuit après lui. Il en est parfaitement conscient. Qui pourrait le lui reprocher? Inné , acquis, déterminisme social, hérédité… Je n'entrerais pas dans le débat, mais me réjouis de rencontrer au détour d'un livre des personnes telles que lui.
Paradoxalement, Jeunesse montre aussi les limites de nos élites intellectuelles : des êtres d'une intelligence exceptionnelle, certes, mais aussi un tout petit monde qui se reconnait, s'attire et finit par cultiver un certain entre-soi. Seule une grande humilité peut permettre de sortir de ce piège.
Pour finir, on pourra rapprocher cette lecture de celle d'Une Brève Libération de Félicité Herzog, qui apporte un autre regard sur la famille Nora.
Commenter  J’apprécie          110
Voilà une traversée du XXe siècle fort précise et décrite comme on raconte une saga familiale. Pierre NORA livre là sa vie, cette traversée de sa famille juive pendant la guerre, de ce père médecin qui sans relâche a soigné tout en traversant deux guerres successives une en tant que soldat, une en tant que médecin, l'écartèlement de cette famille dans ses épreuves et ses bonheurs... L'auteur nous emmène jusqu'à l'après guerre, ses études, ce foisonnement intellectuel qui fera la richesse de sa recherche, de ses victoires sur la vie. Tout cela est écrit tambour battant... Sans commentaires, sans romances, la vérité d'une vie qui se couche sur le papier avec des souvenirs douloureux, des leçons de vie, des rencontres, et un certain recul pour parler de tout cela. L'écriture est sans détour, elle trace et raconte, ce qui rend certains passages fastidieux à la lecture. J'aurais aimée plus de rondeurs, de respiration, ou peut être de silence parfois pour apprécier tous les événement qui ont marqués cette vie. J'avais entendu Pierre NORA parler de ce livre lors d'une émission télévisé, c'est pour cette raison que je l'ai acheté; Pierre NORA se révèle un grand orateur, mais j'avoue avoir été déçue par cette écriture qui se bouscule pour tout dire. Au demeurant, cette vie fait retraverser ce XXe siècle avec tout ce qui le caractérise tant au niveau de l'histoire, que de la science, que de la médecine, que de la littérature, que de la politique... En cela ce livre est vraiment intéressant.
Commenter  J’apprécie          110
De Pierre Nora, je ne connais que le nom et, de loin, sa réputation de grand historien. Si j'ai acheté « Jeunesse » c'est parce que j'avais compris que celle-ci s'était déroulée pendant la guerre et que j'étais curieuse de savoir ce qu'elle avait imposé à l'auteur et à sa famille, et ce qu'elle avait laissé comme traces.
C'est l'objet du premier chapitre, et il est éloquent. Les traumatismes n'ont pas manqué, même s'il y a eu, comme le souligne l'auteur à plusieurs reprises, moins de disparus dans sa famille que dans beaucoup d'autres.
Le dernier chapitre, passionnant, est consacré à la genèse du métier d'éditeur de Pierre Nora, et à l'orientation inédite et particulière qu'il a donnée aux collections qu'il a dirigées, en inventant la « Nouvelle Histoire ».
Mais entre les deux ? entre les deux, c'est l'histoire d'un jeune homme qui évolue dans environnement privilégié et favorable à un parcours d'intellectuel et de chercheur, avec la réussite qu'on lui connaît aujourd'hui, et dont Pierre Nora ne peut qu'être satisfait, bien évidemment. Si on ne l'a pas supposée, cette satisfaction, on en prend vite conscience…
Au point que Pierre Nora, assuré de sa position, évoque des faits ou des anecdotes dont je ne vois pas ce qu'ils apportent à la connaissance qu'on souhaite avoir de lui : l'alcoolisme de l'un, le suicide de l'autre, les ratages divers de certains proches, cités en passant, brutalement, en quoi expliquent-ils ce parcours ?
C'est aussi un amour de jeunesse, tumultueux, et sa fin peu glorieuse.
Ce sont également les réussites, nombreuses, de la famille Nora, dont l'auteur est heureux, légitimement. Mais dont, de façon moins compréhensible, il s'attribue le rôle de patriarche, de tête directrice, de chef. Il est vrai qu'il en est le seul académicien. Cela suffit-il à faire de lui, la plus haute personnalité de l'ensemble ?
Bref, il manque à ce texte, à mon goût, un peu de discrétion et de pudeur. Il me semble qu'il eût été judicieux d'écouter le conseil donné par ses proches à Pierre Nora : « Pendant que j'écrivais ce mémoire, mon entourage me reprochait de me tourner vers mes souvenirs personnels et familiaux plutôt que mes souvenirs d'éditeur et d'historien, les seuls intéressants pour un lecteur. »

Commenter  J’apprécie          103
Dans le cadre de la Masse critique Littératures de septembre 2022, j'ai reçu le livre de P. Nora. Je remercie Babelio de m'avoir à nouveau fait confiance.

P. Nora que je ne connaissais pas ou extrêmement peu, de nom et encore, a écrit des mémoires que lui même ne souhaite pas appeler comme cela. Ce roman d'apprentissage, comme a choisi de le nommer l'auteur, est écrit d'une plume simple et agréable. En ce qui concerne le contenu, je suis partagé entre intérêts certains, pour l'histoire de l'homme, sa généalogie, ses rapports familiaux, les différentes époques traversées et un grand nombre de détails et de développement, même court, qui ne m'ont pas passionné.

La critique littéraire, et de surcroît amateur, est extrêmement difficile lorsqu'il s'agit d'un écrit aussi personnel. Je n'arrive pas à véritablement trancher mon opinion. Mais, si je ne regret pas ma lecture je ne pense pas être la cible de cet ouvrage, qui par certains aspects était trop littéraire.
Commenter  J’apprécie          100
Ce titre est en lui-même une sorte de gag.

Ces souvenirs d'un homme né en novembre 1931, encore plein d'étonnement d'avoir longtemps été le plus jeune de sa fratrie – avec la forte prégnance de son célèbre frère aîné Simon – puis de la fierté d'être encore présent à un âge particulièrement avancé.

L'enfance de Pierre Nora ne s'est pas déroulée sans angoisses : issu d'une famille bourgeoise juive – le père est un éminent médecin hospitalier qui a fait la guerre de quatorze et restera tout de même à son poste pendant toute l'Occupation – il doit se réfugier avec sa famille dans plusieurs planques dans la France occupée.

Au retour de la paix, Pierre refusera le rite de passage de la Bar Mitsva. Il est déjà passé à l'âge adulte ... Pour lui, le « judaïsme est tout entier histoire. Ce n'est pas une religion, à la différence du christianisme ; ce n'est pas non plus une culture, à la différence de l'islam. C'est une histoire, une histoire grandiose qui a traversé les siècles. »

Son échec cuisant – par trois fois – à Normale Sup' l'humilie profondément mais il comprendra que sans cet échec, sa vie aurait été moins riche et moins intéressante. Après avoir longtemps tergiversé, il choisit de passer l'agrégation d'histoire, séduit par la nouvelle école des Annales, Fernand Braudel et René Rémond (mes idoles !). C'est alors une nouvelle façon d'appréhender le passé : globale, anthropologique, économique, quelque chose de noble, de profond et de grand.

Comme l'exige cet exercice de souvenirs, Pierre Nora cite l'extraordinaire foule des intellectuels qu'il a rencontrés, avec lesquels il a travaillé. C'est un festival de « name dropping » parfois fastidieux mais qui retrace une époque qui fut celle de ma jeunesse, celle des grands engagements politiques et des remises à niveau de bien des idéologies.

Relativement discret sur sa vie amoureuse – assez fournie et toujours placée sous le signe de l'art et de l'intelligence – je retiendrai de ces réflexions parcellaires l'extraordinaire carrière d'un historien qui fut à la fois enseignant, mais surtout éditeur (55 ans chez Gallimard, plus de mille livres édités), quarante années de la revue Le Débat … et une totale humilité.

Pour son importante contribution à la présentation de l'histoire sous un angle nouveau et tellement plus efficace, je lui suis infiniment redevable de bien des heures de lecture passionnante.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
Commenter  J’apprécie          84
Je dois avouer qu'en dépit des belles critiques intervenues lors d'une émission du masque et la plume, je ne me serais pas spontanément penchée sur l'autobiographie de Pierre Nora si le concours Masse critique de Babelio ne l'avait pas mise sur mon chemin.

Et ma foi ça n'était pas désagréable.

Pierre Nora a vécu tous les évènements charnières contemporains et ce en compagnie des plus grands intellectuels. de fait son parcours est extrêmement riche.

Avec "Jeunesse" il rend hommage à ceux qui ont marqué sa vie et influencé, son parcours d'une manière ou d'une autre. Ce qui rend le récit très attachant c'est sa totale sincérité.

L'écriture est directe et la volonté de l'auteur de ne pas construire son récit de manière chronologique, mais plutôt par chapitre évocateurs d'un segment de vie (la guerre, la famille, les étude...) permet de naviguer dans la mémoire de l'auteur de manière très fluide, ce qui est très agréable.

C'est peut-être un livre qui n'intéressera pas tout le monde, mais il constitue tout de même, à travers Pierre Nora, un reflet de la France contemporaine tout à fait éclairant.










Commenter  J’apprécie          50




Lecteurs (159) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1724 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}