Je t'ai laissé m'aimer entre deux mensonges.
Désir, passion et retenue. L'amour, nous l'avons tissé sur ce premier regard.
Il y a de l'amour, certes, mais captif de l'habitude, celui où l'on s'étreint pour se rassurer, sans se fondre dans l'autre ni s'y perdre. Un compagnonnage ou, plutôt, un partage de temps et d'espace. Se croiser sans se toucher, se parler sans communiquer, se voir sans se regarder. Prétendre être deux mais en fait être seuls. Être seuls, à deux.
Est-ce que les hommes retiennent en détail leur première fois ? Le goût de la peau, la souplesse de la chair, la rugosité d'une main, l'odeur nichée au-dessus de l'arc de Cupidon et récoltée par un baiser, les grognements, les silences ?
Je l'ai précipitée dans le ravin.
Et je vais l'observer jour après jour, faner et crever. Seule avec son père. L'observer dépérir.
Je n'ai jamais demandé que cela. Une amie à détruire.
Juste pour observer.
Il paraît que les cerveaux des hommes et des femmes ne sont pas plus différents que leurs cœurs ou leurs reins. Que les disparités entre cerveaux mâle et femelle ne sont pas tant d'origine biologique qu'acquises socialement. On confond le sexe et le genre.
Les anciens marins avaient un dicton : « Sous quarante degrés, il n’y a plus de loi, mais sous cinquante degrés, il n’y a plus Dieu
La femme parle toute seule. Ça m’arrive aussi. Le psy dit que c’est parce que j’ai une grande vie intérieure. Moi, je sais que c’est parce que je m’emmerde la plupart du temps.
Parce qu’Hélène est toujours, quoiqu’il arrive, polie. Calme, mesurée, aimable. Certains diraient transparente, sans doute.
Alors elle préfère faire le dos rond, courber l’échine, taire son amertume et sa déception, quand bien même elle sent une lassitude de plus en plus profonde s’emparer d’elle comme si de gigantesques tentacules l’enserraient sournoisement.
Les sensations demeureront pures, exemptes de tout a priori. Beaux et laids, jeunes et vieux, riches ou pauvres, tous plongés dans un même bain de jouissance.