Derrière lui, un tableau immense, fait de taches de couleur jetées au hasard, gerbées comme un lendemain de cuite à la peinture. De l’art moderne assez moche pour être hors de prix.
- Je peux rester chez toi ce soir? Tenta Fleur.
La proposition étonna Ronan, plutôt habitué dans leur relation à ne pas prendre de décisions.
- Si tu dors chez moi, tu ne vas pas pouvoir me renvoyer dans la nuit. Tu m’aura au petit dej.
- Arrête. J’ai juste envie d’être avec toi.
Ronan lui chipa la cigarette des doigts. Une partie de lui était encore assise sur le rebord d’une piscine abandonnée. Fleur Saint-Croix se rapprocha et lui passa la main dans les cheveux.
- Tu sais, on n’est pas obligés de baiser.
- La vulgarité te va moins bien qu’à moi, mais je suis ravi de savoir que je ne te sers pas qu’à ça, constata Ronan.
T’es tout seul ici. Et si un jour, tu crois te faire un ami... Méfie-toi de lui.
Le plus important, ce sont les chevilles ouvrières, les petites abeilles, celles qui font le miel.
- C'est déchiré. Pas assez pour avoir besoin de recoudre, mais faudra laisser reposer.
Nano toisa son interlocuteur.
- Promis, j'essaierai de plus me faire violer.
Ils le font parce que la loi le leur permet. C’est une phrase qui me révolte quand ils la prononcent. Si un avocat découvre une preuve qui accuse son client, il n’a aucune obligation de la fournir aux policiers. Pour toute autre personne, ce serait de la complicité, mais pour eux, c’est le fameux droit à la défense.
Elle n’a jamais été compliquée à cerner. Méprisante avec ses hommes, agressive avec ceux du même grade et docile avec la hiérarchie. Pour l’instant je représente la hiérarchie, elle me fout une paix relative.
Évidemment non, concéda Degrève. C’est un homme politique. Les politiques ça titube, ça tangue, mais ça ne tombe jamais réellement.
Bien, si on a rien de nouveau, on recommence avec l’ancien.
C’est bien. J’ai votre confiance. Ça m’aide. Vous êtes des amis en plastique et des collègues en carton, je saurais même pas dans quelle poubelle vous recycler.