Lovoxyl

Qui d'entre nous n'a jamais rêvé de l'amour éternel ? Idéal ? de la passion en mode illimité ? Dans une société pas si éloignée de la nôtre où l'hyper performance régit jusqu'à l'intimité et la sexualité des individus, le couple de ce roman est face à un choix cornélien : continuer à prendre du Lovoxyl, un autre genre de "pilule du bonheur" qui leur permet de s'aimer follement, et sans nuages, ou arrêter ce médicament miracle, pour ne pas mettre en danger la santé de leur enfant à naître. Si Héloïse n'hésite pas longtemps avant de se décider, Jasper, l'antihéros de ce roman grinçant et très drôle est loin d'être partant ! Suivant son regard désabusé sur le monde qui l'entoure, en particulier celui du travail où la compétition est cruelle et les mauvais coups... la règle, le lecteur rit beaucoup de ses saillies. Jasper est lucide, brillant. Il manie l'humour noir comme personne ! On s'attache donc à ce personnage frôlant le cynisme qui panique complètement à l'idée de perdre son paradis amoureux autrefois maintenu artificiellement. Et à juste titre ! Car une fois le Lovoxyl stoppé, la routine, la jalousie et l'infidélité guettent inéluctablement Héloïse et Jasper... Arriveront-ils à maintenir la flamme ?

J'ai beaucoup aimé ce livre savoureusement méchant et impertinent qui a le mérite de poser de vraies questions à l'heure de la quête du (et en vrac) "toujours-mieux" et "toujours plus" sur les sites de rencontre et de son pendant, l'amour-jetable "Tinderien", des nombreuses illusions numériques, du désormais mythique Viagra et des labos-rois, du transhumanisme, du futur métavers, qui verra peut-être l'avènement de l'immortalité de l'amour virtuel, de la sexualisation des corps générée par un capitalisme débridé et déshumanisant. Transformant de plus en plus les gens en robots dociles et narcissiques, esclaves de leur désir consumériste et d'appartenance, et les entreprises en véritables champs de bataille où les plus sensibles d'entre nous sont souvent éliminés. Ou plutôt, devrait-on dire, les plus censés ! Un roman donc, jubilatoire et clairvoyant. Au style maîtrisé et à l'écriture enlevée. Je recommande !

J'avais déjà beaucoup aimé « Le club des filles moches », Lovoxyl est encore un cran au-dessus !
Une histoire originale, qui tient en haleine… Un style inimitable, parfois caustique, bien enlevé et plein d'humour !
Ce roman ferait un excellent scenario de film.
Je recommande chaudement !