Je suis frappé par l'intensité de sa solitude, brusquement. Ce n'est pas un mur infranchissable et aveugle qui l'entoure, mais plutôt une brume à travers laquelle on la distingue sans vraiment pouvoir la trouver.
Pour une femme, il est vital de pouvoir constater de temps en temps qu’avant d’être une mère soi-même, une épouse, une ex-épouse, une étudiante, une salariée, une amante, une maîtresse de maison, une contribuable, on est aussi la fille chérie d’une autre femme, et que celle-ci vous verra à jamais sous ce jour : vous et seulement vous, dépouillée de vos étiquettes de l’âge adulte, de vos responsabilités, entièrement , purement vous. Et, tandis que vous vous efforcerez de faire passer tous et chacun avant vous, elle vous mettra toujours à la première place. Remerciements de l'auteur
Elle voulait me montrer qu’il n’est jamais trop tard pour apprendre que l’on n’a pas été oublié.
C’est pour ça qu’il faut toujours apprendre à se débrouiller tout seul. Parce qu’on n’est jamais sûr que les autres seront toujours là.
Elle n’a pas insisté, cependant. Cette discrétion est une qualité assez exceptionnelle, chez une mère, surtout quand il ne s’agit pas d’un authentique manque d’intérêt]… [Aucun tabou, mais pas de curiosité déplacée non plus.
Je sais que cette gamine ne peut pas dire merci : ce serait reconnaître que j’ai fait un geste pour elle.
Désormais, ils partaient au travail un par un mais en même temps, dans une solitude synchronisée.
Elle exprime toujours ce que personne n'avait besoin de savoir mais qui, à l'instant même où elle l'a formulé, vous paraît tellement évident que vous vous demandez comment vous êtes arrivé jusque-là sans vous en rendre compte par vous-même.
Je suis frappé par l'intensité de sa solitude, brusquement. Ce n'est pas un mur infranchissable et aveugle qui l'entoure, mais plutôt une brume à travers laquelle on la distingue sans vraiment pouvoir la trouver.
Le jour où Gertie s'est effondrée, j'ai regardé mon père partir au travail comme tous les matins. Les hommes de ce quart appelaient ça "le matin", mais pour moi c'était encore la nuit, noire, glacée, silencieuse à l'exception du lointain grondement que produisaient les fours à coke chaque fois que les portes s'ouvraient sur l'enfer rugissant à l'intérieur. De la fenêtre de ma chambre, je les distinguais, alignés sur le flanc de la colline, leurs gueules s'illuminant de rouge avant de replonger dans le noir, à un rythme régulier, dizaines d'yeux embrasés qui clignent en observant notre vallée.