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Critique de karmax211


Avertissement : ne vous attendez pas à un avis consensuel et laudateur...
Le préambule étant posé, j'ai d'abord envie de dire : ah la famille et ses secrets ou ah les secrets de famille, quelle aubaine pour les auteurs !
La famille n'est-elle pas en effet "le totem sacré et tabou " de nos bonnes vieilles sociétés "religiosantes" ( un néologisme qui sent la naphtaline).
Et tout en écrivant ces mots, je pense à " La Familia Grande " de Camille Kouchner ainsi qu'au bouquin de David Cooper - Mort de la famille -, que j'avais lu dans les années 70... Une mine intarissable, disais-je...
Lorsque j'ai entrepris la lecture de l'ouvrage de Maggie O'Farrell, m'est revenue ou s'est imposée la fable - Les porcs épics - de Schopenhauer.
Vous savez, cette bande de hérissons qui, cernés par l'hiver, le froid, la neige et la bise essaient de se tenir côte à côte la nuit pour se réchauffer et pouvoir dormir. Mais leurs piquants les blessent et c'est la débandade. Ce n'est qu'au prix de plusieurs tentatives qu'ils parviendront après mille précautions et en abaissant leurs piquants à se rapprocher et à trouver enfin le sommeil.
Belle allégorie, non ?
Donc l'auteure nous conte l'histoire d'une famille, des années trente jusqu'à nos jours, une famille bourgeoise où le paraître tient lieu d'être ( un bon vieux cliché ), et où il ne fait pas bon être "un vilain petit canard". Esme, soeur cadette de Kitty, est le vilain petit canard en question. Elle est libre comme Max, vous me suivez ? Et cette liberté, elle va la payer cher, ou plutôt sa famille va la lui faire payer au prix fort de 61 années d'internement dans un asile psychiatrique... pour "trois fois rien".
Six décennies plus tard, alors qu'elle a disparu de tous les écrans radars qui sont censés témoigner que les vivants vivent, l'asile ferme ( enfin ! ) et Esme se retrouve en transit entre cette prison pour aliénés et une maison de retraite "normale" où elle pourra finir ses jours comme n'importe quel citoyen lambda... transition soudaine, brutale et peu cohérente (?).
Pour ce faire, l'administration fait appel à sa seule parente connue, sa petite-nièce Iris, laquelle n'a jamais entendu parler de l'existence ( et pour cause ) de la vieille dame emmurée depuis plus de soixante ans dans cette oubliette "intemporelle".
Où et à quoi va mener cette rencontre improbable ?
Alors là on pense qu'effectivement, il fut un temps où la bonne comme la moins bonne société pouvait se débarrasser de ses filles, pour toutes sortes de raisons.
Il y eut d'abord les couvents... on songe à Diderot et à - La religieuse -, puis leur succédèrent les asiles, et là on peut se référer à - le bal des folles - de Victoria Mas ou à - La salle de bal - de Anna Hope ( ce ne sont que quelques exemples ).
Et donc, des années 30 jusqu'à la fin des années 50, on peut concevoir, en tirant beaucoup sur l'écheveau de l'Histoire, qu'un tel internement (abusif)ait pu perdurer... mais il faut vraiment tirer beaucoup sur l'écheveau !
Mais lorsqu'on se réfère aux progrès de la psychiatrie à partir des années 60... aux différentes révolutions ( presque partout dans le monde dit libre ) qui ont changé le regard de la société sur cette discipline et ses institutions, il est inenvisageable d'imaginer une seconde qu'une jeune femme ( elle a un dossier psychiatrique très "maigre" ) ait pu passer au travers de trois ou quatre générations de praticiens, sans qu'aucun d'entre eux ne comprenne qu'il avait affaire à une machination familiale machiavélique...
Et que dire des différentes administrations auxquelles ces établissements sont soumis, des services sociaux... et des lois ?
Bref, vous l'avez compris... ce Château d'If hors du temps transposé à Édimbourg où Nessie serait le baromètre de la normalité psychologique des Écossais... je n'y ai pas cru !
Si j'ajoute à cela l'Alzheimer alternatif de Kitty... il y aurait vraiment des raisons de perdre la sienne...
J'ai pourtant apprécié la structure narrative, utilisant intelligemment la 3ème personne du singulier, la simultanéité d'un récit au présent et au passé et les insertions "rupture(s)" de la voix "conscience de Kitty.
Mais hélas, trop de répétitions viennent gâcher un style qui est pourtant plein des qualités d'une plume de talent... 7 fois "balayer du regard ou des yeux" en 232 pages... autant de fois l'emploi du verbe "ciller", plusieurs fois " se carrer dans son fauteuil" ou le verbe "dépiauter". Etc etc...
Conclusion : une intrigue bien ficelée si on aime les rouleaux de ficelle. Une histoire attachante si l'on ne s'attache pas trop à la réalité.
Je ne déconseille pas ce livre qui ne m'a pas convaincu.
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