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Ludivine Bouton-Kelly (Traducteur)
EAN : 9782743640729
272 pages
Payot et Rivages (20/09/2017)
3.7/5   48 notes
Résumé :
La pittoresque ville de Killarney, dans le sud-ouest de l'Irlande, pourrait sembler l'endroit idéal pour profiter d'un soleil trop rare, mais la ville a le blues. Bernard Dunphy, cocher excentrique et guitariste, se languit d'un amour non réciproque et doit composer avec une mère et un cheval tous deux malades ; son ami Jack se mêle d'un crime violent ; et un trio de copines se prennent dans la toile de leurs propres méfaits. Le roman oscille entre l'obscurité et la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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Quelle jolie découverte que ce « Killarney Blues » de Colin O'Sullivan.
Je ne connaissais pas cet auteur ni son oeuvre qui pour l'instant se limite à ce livre.
L'histoire se déroule (comme son titre le laisse entendre) à Killarney, une petite ville du sud-ouest de l'Irlande. On y croise des touristes, à l'affut des spécificités de la ville comme par exemple les jarveys. Les jarveys sont ces cochers qui vous permettent de vous promener dans la ville et ses alentours…Bernard Dunphy est l'un d'entre eux….Un peu différent, il aime particulièrement le blues qui est ( presque ) sa seule et véritable passion …
Autour de lui gravitent sa mère, son ami d'enfance Jack, et la jeune fille dont il est amoureux depuis fort longtemps : Marian….
Malgré cette trame qui semble fort sympathique au départ, nous avons en réalité affaire à un roman fort noir…L'auteur, Colin O'Sullivan, dresse un portrait sans concession des différents protagonistes de cette histoire. Une histoire qui s'assombrit au fur et à mesure que défilent les chapitres et que s'égrène une mélodie de blues. le style de l'auteur est d'ailleurs empreint de poésie et son écriture m'a particulièrement séduite.
Malgré la noirceur de l'histoire, Bernard la traverse sans que cela l'affecte vraiment, préférant rester dans sa bulle qui lui permet de sortir indemne de tout cela…
Donc, oui, le jour où je retournerais en Irlande, je ferais un tour à Killarney, et j'observerais fort attentivement les jarveys, à la recherche de Bernard Dunphy. Si je reviens bredouille, j'irais faire le tour des pubs, avec un peu de chance il sera en train de se produire et de faire profiter son public de son talent en chantant quelques airs de blues…


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Challenge ABC 2020/2021
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Bernard Dunphy c'est un peu l'idiot du village. A l'école il était le souffre-douleur. Il préférait la musique et pas n'importe laquelle : le blues, plutôt que de jouer au football. Orphelin de père, élevé par une mère protectrice, il est amoureux de la belle Marian. La vie semble se dérouler de façon immuable dans cette belle ville irlandaise de Killarney. Bernard conduit sa calèche pour touriste, il écrit des chansons pour Marian, se moque des plaisanteries qui fusent dans son dos, et Jack le footballeur est son ami. Les week-ends se suivent et se ressemblent, tout le monde se retrouvant dans l'un ou l'autre des pubs de la ville, touristes et habitants mélangés, pour faire le bilan de la semaine, cancaner ou écouter de la musique en buvant une bière. le temps se serait-il arrêté à Killarney ?

L'auteur livre un récit choral. 3 jours où les destins d'un petit groupe de personnages qui gravitent autour de Bernard, vont voir leurs trajectoires converger et prendre un virage aussi inéluctable que le drame qui va survenir. Il y a Jack et sa violence sur le terrain de foot et avec les femmes. Il y a Marian, Megs (la fiancée de Jack) et Cathy, les trois copines qui vivent leur trentaine comme une éternelle adolescence. Il y a Birgit, la mère de Bernard, qui traîne sa vie, son veuvage et sa maladie. Il y a Linda la serveuse et chanteuse venue d'ailleurs mais qui se sent bien dans cette ville. Il y a Ninny, la jument de Bernard. Et il y a le fantôme de ce père qui s'est noyé lorsque Bernard était enfant.

Colin O'Sullivan est plus connu pour ses poèmes. Publié en 2017 Killarney Blues est son premier roman. Pas tout-à-fait un polar ou alors un polar psychologique. Car qu'elle est sombre cette ville de Killarney avec ses 250 jours de pluie par an. Seul Bernard ne semble pas sensible à cette noirceur ambiante, comme si toute la nostalgie de la ville il l'avait concentrée dans ce blues qu'il écoute à longueur de journée, héritage de son père, et qui participe à faire de lui quelqu'un d'à part, de différent.

Avec un style très maîtrisé où l'on sent l'âme du poète, Colin O'Sullivan livre un roman noir comme une Guinness, illuminé par son personnage principal : Bernard. Un récit remplit de la nostalgie et de la douce langueur de ce blues qui est présent à chaque moment. Les personnalités des personnages principaux sont fouillées. le style est fluide, agréable. On se laisse porter par cette ambiance de temps figé tout en étant maintenu en haleine par un suspens latent et par le drame que l'on sent / sait arriver. Et malgré cette noirceur ambiante c'est l'optimisme qui gagne.

Une jolie découverte.
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Traduit par Ludivine Bouton-Kelly

Bernard est jarvey dans la petite ville de Killarney, en Irlande, dans le comté du Kerry. Si vous connaissez Killarney, vous avez sûrement rencontré ces conducteurs de calèche qui promènent toute la journée les nombreux touristes. Pourtant Bernard est mis au ban de la bourgade : il est considéré un peu comme l'idiot du village. On découvre qu'il aurait peut-être une forme d'autisme Asperger (mais cela reste une supposition). Cet homme a une passion : le blues. Dès qu'il peut, il gratte sa guitare et chante (mais chez lui). Il est incollable sur tous les bluesmen américains. Une passion que lui a transmise son père, décédé. Bernard est amoureux depuis son adolescence de Marian, à qui il envoie régulièrement des cassettes de ses enregistrements.

Quand s'ouvre le récit, Bernard se fait rosser par des hommes, à la sortie d'un pub. On ne sait pas pourquoi. Des coups de poings, des coups de pieds. Ils le laissent à demi-inconscients. Bernard a peur : moins de se prendre encore une nouvelle raclée que de perdre l'audition : allongé sur le sol, encore sonné, sa préoccupation est de savoir s'il entend encore. Ouf ! Ce ne sera pas encore pour cette fois qu'il s'arrêtera de jouer du blues : hormis une dent en moins et des contusions, ses doigts et ses oreilles ont réchappé du massacre. D'emblée, on comprend que Bernard est un homme particulier et passionné.
Nous faisons la connaissance de Marian, et de ses deux copines avec qui elle fait régulièrement du shopping le samedi. Leur "QG" est un café de Killarney. Marian se fait charrier par Mags et Cathy à propos de l'obsession que Bernard nourrit pour elle. Cependant, Marian a du répondant, et même si Bernard l'indiffère, elle n'hésite pas à balancer à ses amies, trentenaires qui se comportent comme des ados, la petitesse de leur vie : "Honnêtement, les chansons sont assez pourries. Mais c'est bien d'avoir un hobby. C'est mieux que vous deux. Qui passez votre temps à faire du shopping. Et qui dépensez l'argent que vous avez durement gagné." Et bim, dans les dents ! :)
Nous faisons également la rencontre de Jack Moriaty, un mec qui se la joue gros dur, footballeur au club de la ville quand il ne travaille pas au garage. Un ami d'enfance de Bernard. A présent, il considère le jarvey comme un boulet qui le saoule dès qu'il vient entamer la conversation avec lui au pub. Il fait tout pour l'éviter. Il n'aime pas qu'on le voit avec lui, sa "réputation" pourrait en prendre un coup. D'emblée, on déteste ce Jack-le-macho-qui-roule-des-mécaniques. On le déteste encore plus quand on apprend qu'il sort simultanément avec Mags et Cathy. Ces deux filles apparaissent de plus en plus comme deux bécasses superficielles. On va s'en prendre plein la face, à leur instar.

Le premier roman noir de l'Irlandais Colin O'Sullivan, qui est un acteur de théâtre converti à l'écriture. Il vit actuellement au Japon (un autre pays qui me fascine) où il enseigne l'anglais. Un livre de la rentrée littéraire dont on ne voit pas la pub sur les réseaux sociaux, et encore moins de chroniques sur les blogs et c'est vraiment dommage. Il sort le 21 septembre, me semble-t-il mais c'est silence radio. Je l'ai acheté en version électronique et je ne sais pour quelle raison, il m'était immédiatement disponible à la lecture sous ce format.

Je lui ai trouvé un petit défaut tout de même qui est la répétition de certains éléments au cours du récit, un peu comme si c'était pour combler un vide. Mais à par cela, c'est vraiment un roman noir qu'on ne peut plus lâcher une fois entamé !

Collin O'Sullivan aborde quelques thématiques de l'Irlande contemporaine, notamment la condition féminine : en Irlande, une femme qui n'est pas mariée à 30 ans est presque une anomalie. Société machiste, c'est hélas une vérité. Ainsi beaucoup de ces Irlandaises n'ont qu'une obsession : se trouver un mec, le faire tomber de son arbre pour le mettre dans le nid etc., comme on dit. le but de leur vie. Les personnages de Cathy et Mags en sont emblématiques. Deux gourdes dont l'auteur semble se moquer. Je dirai même qu'il les accable! Elles sont capables de faire l'abstraction de la maltraitance que peut avoir envers elles ce Jack Moriaty et même bien pire (mais je ne vous dis pas pourquoi pour ne pas spoiler l'histoire). Quand elles se rendent compte de leur erreur, c'est trop tard. le machisme, l'amour, l'amitié et d'autres thèmes plus noirs que je ne révèle pas volontairement sont abordés dans ce roman.

Les personnages gagnent en profondeur au fil du récit, on découvre leur histoire personnelle, leur héritage, qui, si certains l'ignorent, s'apparentent à l'âme du blues : "Le blues parle de la souffrance. Et les Irlandais en connaissent un rayon là-dessus." Pour Bernard, comme pour son père, "le blues lui parlait, c'étaient des chants crus et grossiers, ils sortaient du plus profonds des puits, tout au fond, là où il faisait si noir qu'on n'y voyait rien".

La souffrance, le tourment, est bien le fil ténu entre les personnages. C'est un roman noir, effectivement, mais aussi une histoire d'amour. Un droit à la différence. Un roman mélancolique mais dont l'humour n'est pas absent. Tous les fans de l'Irlande connaissent la propension des Irlandais à se moquer d'eux-mêmes, ce roman n'y échappe pas. :)
Une plume au diapason du blues, avec une touche irlandaise en plus. Je suis passée du sourire aux presque larmes. On s'attache même à Ninny, la jument de Bernard en bout de course, au nom ridicule. J'ai aimé la fin de cette histoire. Après la tempête, il y a le soleil. Une belle humanité dans la plume de cet auteur. A découvrir !


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[ Whisky et Guiness ]

Non le blues ne vient pas du Mississipi, non les romans noirs ne sont pas l'apanage des américains.
Avec Colin O'Sullivan, tout est irlandais et c'est incroyablement beau, subtil et poétique.

Ce livre attendait patiemment dans ma PAL depuis sa sortie en poche. Il était bien caché, il ne faisait pas de bruit, serein, il savait que son heure viendrait et que j'en sortirai émue.

On pourrait croire qu'il ne se passe rien à Killarney, mais c'est sans compter sur la noirceur vivace de la réalité.
Dans cette jolie ville touristique irlandaise, il y a des averses, le soleil parfois et puis, les nuages qui s'amoncellent et encore des averses. le soleil ne reste jamais longtemps à Killarney.

La vie, la mort, les âmes perdues.... Un roman très touchant, un texte pudique et bouleversant, empreint d'une sombre mélancolie. Un parfait équilibre entre émotion et énergie qui prend à la gorge et ne vous lâche plus.
C'est à découvrir absolument pour les amateurs du genre.
Quand je pense que c'est un premier roman...
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A Killarney, petite ville au sud-ouest de l'Irlande, Bernard Dunphy propose aux touristes des promenades en calèche. le jeune homme est passionné de blues, comme l'était son père qui l'a initié à la guitare et qui est mort il y a bien des années. Depuis sa plus tendre enfance, Bernard est différent. Il préfère la solitude et le blues. Dans sa chambre, il aime à composer et enregistrer des morceaux dont il confie un exemplaire à Marian, celle qu'il aime depuis toujours mais qui l'ignore. Dans cette petite ville où tout le monde se connaît et se côtoie, notamment dans les pubs, un drame va survenir qui va transformer Bernard…

« Killarney blues » est un roman de l'auteur irlandais Colin O'Sullivan, artiste qui est venu progressivement à l'écriture. Après avoir publié des nouvelles et des recueils de poésie, il s'est tourné vers l'écriture de romans. « Killarney blues » est son premier roman.
Ce roman noir offre une expérience de lecture bouleversante. Si les clés de l'intrigue puisent dans des ressorts classiques, la construction de celle-ci ainsi que le style lui donnent une réelle densité et profondeur, en résonance avec les paysages magnifiques de cette région du bout du monde. D'emblée, le charme opère et l'histoire nous aimante tant et si bien qu'on ne peut lâcher l'oeuvre avant de connaître la fin.
Avec une empathie très fine, l'auteur sait rendre les paysages intérieurs des protagonistes, notamment ceux de Bernard, ce jeune homme atypique aux côtés duquel chemine le lecteur. Et si l'intrigue reste résolument noire, marquée de drames et traumatismes, l'auteur évite l'écueil d'une narration sordide grâce à un sens de l'humour à propos, des descriptions aux résonances poétiques, notamment avec le blues, et une grande pudeur avec laquelle il rend les protagonistes, en particulier Bernard. La douleur, les secrets et drames de l'existence ne sont jamais loin, pour autant, l'écriture particulière vient en atténuer l'impact, à l'image des brumes tenaces sur les escarpements rocheux d'Irlande qui parviennent à estomper les contours les plus rudes des paysages.
Le roman marqué par le contraste entre l'innocence de Bernard d'une part, la vision joyeuse qu'il a de sa ville, des gens qui l'entourent même s'il s'efforce de taire en lui des souvenirs douloureux venant de loin et la noirceur de l'existence de ses habitants, d'autre part : parmi les protagonistes, on trouve Jack, brute épaisse tant sur les terrains de foot que dans le lit des filles ; John, le père de Bernard, retrouvé noyé dans un lac ; Marian et ses deux amies, Mags et Cathy, qui diluent dans les pintes des pubs leurs espoirs impossibles, notamment la quête de l'homme idéal, et prennent, irrémédiablement, de l'âge.
Il ressort de « Killarney blues » une douceur infiniment triste qui enveloppe les paysages d'une pluie et d'un brouillard tenaces. Et même quand le soleil brille et que la beauté des lieux se fait jour, les autochtones savent bien que celle-ci reste éphémère. A l'image de Bernard, on ressort de ce drame bouleversé, transformé. Un très beau moment de lecture.
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Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
ll s’apprête maintenant à le faire en public. Qu’est-ce que ça va donner ? Quelque chose de hurlant et d’exubérant comme Chester Burnett en personne, ou plutôt calme et serein comme The Hook, qui fait des riffs sur une vibration.
Ses mains tremblent. Le micro a l’air sévère et dangereux, une sculpture de Giacometti, maigre et sinitre, à moins que ce ne soit perdue et désolée. À quoi va ressembler la chanson ?
« Bien. Allons-y », dit Tom, enthousiaste, enivré.
Bernard est sur le point de découvrir comment, juste comment tout cela va se passer.
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Il voit un lien entre la maladie de la pomme de terre en Irlande qui a donné lieu à l’atroce famine, la catastrophe des inondations du Mississippi et l’assaut insidieux du charançon des pommiers. Il a lu des trucs là-dessus. Toutes ces heures passées dans sa chambre lui ont rempli la tête de telles correspondances. Il entend la joie dans ces chansons, pas la morosité, il y voit une spiritualité qu’il ne trouve nulle part ailleurs, pas à l’église, pas dans les jacasseries des prêtres. Le blues contient tout à ses yeux.
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Quelques gouttes commencent à tomber sur la vitre à présent, doucement d'abord, quelques gouttes de temps en temps, flic floc, puis plus intensément et assurément régulière et vigoureuse, une pluie résolue, que le vent ne tarde pas à accompagner, lentement au départ, un murmure pour commencer, pas plus fort que le doux hululement d'un bébé chouette, mais bientôt, c'est bel et bien une chouette.
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La mémoire est une drôle de chose, elle peut vous jouer des tours , on oublie, si facilement, et tellement de choses peuvent vous revenir à l'esprit bien vivantes, pétillantes.
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Certains soirs elle parvenait à transformer l'histoire en une quête de Tir na nOg avec John qui nageait de plus en plus profond dans le lac pour atteindre la terre qui garantissait de rester jeune à tout jamais.
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