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Citations sur Blonde (157)

Des giclées de tir antiaérien, des avions touchés tombant à terre dans des flots de feu et de fumée. On se disait que c'était une connaissance interdite. La connaissance de la mort d'autrui. On se disait que la mort était sacrée et privée, mais la guerre avait changé tout cela. Le cinéma avait changé tout cela. Non seulement on contemplait la mort d'autrui avec détachement, mais il vous étaient accordé une vision que les mourants n'avaient pas d'eux mêmes.
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Mais Elsie ne se moquait jamais de Norma Jeane. Une fille tellement sensible que si une malheureuse souris prise au piège se traînait sur le sol, ou si Warren écrasait une blatte, ou si Elsie elle-même levait la tapette pour frapper une mouche, on avait l'impression que c'était la fin du monde, sans parler qu'elle décampait de la pièce dès qu'on parlait de quelque chose de pénible (certains détails des nouvelles de la guerre, par exemple, cette marche de la mort où des hommes avaient été enterrés vivants après Corregidor), et naturellement ça lui retournait l'estomac d'aider Elsie à plumer et vider les poulets, mais Elsie ne se moquait jamais.
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D'un bout à l'autre du vaste continent d'Amérique du Nord, c'était un temps d'enfants abandonnés. Et nulle part en plus grand nombre que dans le sud de la Californie.
Après que des vents secs brûlants eurent soufflé des déserts pendant des jours, inexorables et impitoyables, on commença à découvrir des nourrissons poussés avec sable et débris dans les rigoles d'écoulement desséchées, dans les caniveaux et contre les terre-pleins des voies ferrées ; contre les marches de granit des églises, des hôpitaux, des bâtiments publics Des nouveaux-nés, cordon ombilical sanglant encore attaché au nombril, furent trouvés dans les toilettes publiques, sur les bancs d'église, dans les poubelles et les décharges Le vent gémit si fort, des jours entiers... et pourtant, quand il s'apaisa, ces gémissements se révélèrent être ceux de nourrissons.
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Tout cet ail ! Leur nourriture en était saturée. L’haleine aillée de sa belle-famille. De sa belle-mère. Et les dents gâtées. Mama se penchant sur son épaule. Mama impossible à éviter. Une petite femme-saucisse sautillante. Nez de sorcière et menton pointu. Les seins sur le ventre. Et elle portait tout de même des robes noires à col. Ses oreilles étaient percées, elle portait toujours des boucles d’oreilles. Autour de son cou gras, une croix en or au bout d’une chaîne en or. Toujours des bas. Comme les bas en coton de grand-maman Della. L’Actrice blonde avait vu des photographies de sa belle-mère jeune, en Italie, pas belle mais du charme, sexy comme une gitane. Même dans sa jeunesse, elle était robuste. Combien de bébés ce petit corps caoutchouteux avait-il produits ? À présent, c’était de la nourriture. Tout était nourriture. Destinée à être dévorée par les hommes. Et pour dévorer, ils dévoraient ! La femme était devenue nourriture et aimait manger, elle aussi.
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Souvent l’étrange sens de l’humour de Norma Jeane étonnait les hommes, ils ne s’y attendaient pas de la part de « Marilyn », une adorable idiote ayant l’intelligence d’une enfant de onze ans moyennement précoce. C’était en effet un sens de l’humour ressemblant au leur. Caustique et dissonant, comme de mordre dans un chou à la crème et d’y découvrir du verre pilé.
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En rentrant chez elle au crépuscule après le cinéma, désorientée comme si elle était encore dans le rêve enivrant du film. Norma Jeane obéissait aux consignes de sa mère et marchait « vite, comme si tu savais où tu allais, au bord du trottoir et dans la lumière des réverbères. Ne regarde personne et n'accepte jamais d'être raccompagnée par des inconnus ».
Il ne m'est jamais rien arrivé. Autant que je me souvienne.
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On voyait des murs de flammes hauts de six mètres bondir par-dessus la route côtière comme des créatures vivantes et rapaces. Il y avait des champs de feu, des canyons de feu, des boules de feu pareilles à des comètes à quelques kilomètres de Santa Monica. Des étincelles, portées par le vent telles des graines malfaisantes, embrasaient les quartiers résidentiels de Thousand Oaks, Malibu, Pacific? Palisades, Topanga. On raconte que des oiseaux prenaient feu en plein ciel. On racontait que le bétail courait en hurlant de terreur jusqu'à s'écrouler, transformé en torches. Des arbres énormes, des arbres centenaires, s'enflammaient et se consumaient en quelques minutes. Même les toits trempés d'eau prenaient feu, et des bâtiments implosaient comme des bombes. Malgré leurs efforts, les milliers de pompiers et de volontaires ne parvenaient pas à « maîtriser » les feux de broussailles, et une épaisse fumée sulfureuse d'un blanc grisâtre obscurcissait le ciel sur des centaines de kilomètres dans toutes les directions. On aurait pu croire, en voyant ce ciel assombri pendant la journée, le soleil réduit à un mince croissant blafard, qu'il y avait une éclipse solaire perpétuelle. On aurait pu croire, disait la mère à sa fille effrayée, que c'était la fin du monde promise par la bible...
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C’était une saison hors saison. Trop tôt dans l’été pour les vents de Santa Ana et pourtant l’air sec et âpre du désert avait un goût de sable et de feu. Derrière ses paupières closes, on voyait danser des flammes. Dans son sommeil, on entendait détaler les rats chassés de Los Angeles par les constructions continues, acharnées. Dans les canyons du nord de la ville, le cri plaintif des coyotes. Il n’avait pas plu depuis des semaines et pourtant les jours succédaient aux jours plombés d’une lumière pâle et dure comme l’intérieur d’un œil aveugle. Ce soir-là au-dessus d’El Cayon Drive le ciel s’éclaircit fugacement, découvrant une lune faucille d’un rouge humide de membrane.
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La vérité fondamentale de ma vie, que cela ait été la vérité ou une parodie de vérité : quand un homme vous désire, vous êtes en sécurité.
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Il était une fois. Sur les bords sablonneux du grand océan Pacifique.

Un village, un endroit mystérieux. Où la lumière était dorée à la surface de l’eau. Où le ciel était d’un noir d’encre la nuit, tout clignotant d’étoiles. Où le vent était chaud et doux comme une caresse. Où une petite fille arriva devant un Jardin enclos !
Le mur était de pierre et haut de six mètres et couvert d’une belle bougainvillée d’un rouge flamboyant.
À l’intérieur du Jardin enclos on entendait des chants d’oiseaux, de la musique, une fontaine ! Et des voix inconnues, des rires.
Jamais tu ne pourras escalader ce mur, tu n’es pas assez forte ; les filles ne sont pas assez fortes ; les filles ne sont pas assez grandes ; tu as un corps délicat et fragile de poupée ; ton corps est une poupée ; fait pour être admiré et caressé par les autres ; fait pour être utilisé par les autres, pas par toi ; ton corps est un fruit appétissant fait pour que d’autres y mordent, et le savourent ; ton corps est pour les autres, pas pour toi.
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