Quand il est lancé, un avocat ressemble à une scie circulaire : approchez-vous trop près de la lame tournoyante, et vous serez déchiqueté.
Le fleuve! Marina se rappelait que , de l'atelier d'Adam, à l'arrière de la maison,on pouvait le contempler durant ces longs moments hypnotisants où la lumière déclinait sur les flots agités et où le crépuscule s'approfondissait sur le bord des choses.
C'est étrange n'est-ce-pas, profond et banal en même temps, que nous ne puissions "aimer" que quelques êtres sur les milliers que nous rencontrons dans notre vie.
Car qu'étaient les livres sinon les plus vieux amis de Marina. Livres illustrés pour enfants et, plus tard, livres pour adultes, qui sont (pourrait-on soutenir, à la façon socratique d'Adam) d'astucieuses variantes des premiers, dans lesquels l'imagination prend l'habit due "réalisme". Marina aimait les livres, elle aimait leur odeur et leur contact, les éditions cartonnées aux couvertures glacées, les livres de poche de qualité, festonnés de bouts d'éloges enthousiastes pareils à de minuscules éclats de voix amies, presque inaudibles.
La désillusion était-elle inévitable à l’âge mûr ? Ou était-ce juste qu’avec le temps, les choses se fêlent, se brisent, tombent en morceaux ?
C'était surtout les femmes, bien sûr, qui souffraient de mille maux mystérieux. Nerfs, migraines, perte d'appétit, dépression. Il y avait une indisposition en libre circulation, désignée couramment du nom vague de "grippe", et un état physique quasi omniprésent qualifié de "fatigue chronique", de "syndrome Epstein-Barr", qui touchait particulièrement les femmes sans travail ni responsabilités... Alors qu'à une autre époque ces femmes se seraient peut-être passé des recettes, des modèles de robes et des vêtements pour bébés devenus trop petits, dans le Salthill d'aujourd'hui, elles se passaient leurs symptômes.
« Elle, elle ne se considère pas comme ‘votre fille’, vous pouvez me croire. Elle se considère comme ‘elle’. »
Enfant, il n'avait eu peur de rien.(...) Il n'avait pas peur de l'eau, en tout cas, ni de nager. De plonger du pont. Un garçon s'était noyé dans l'eau tumultueuse mais pas Frankie, qui esquivait et nageait comme un rat d'eau, les membres animés d'une force radieuse, son âme combative scintillant comme les miroitements de lumière à la surface de l'eau trouble, couleur de boue.
Lorsqu'ils quittèrent le bar, il faisait nuit, et c'était agréable. La lumière du jour pouvait être fatigante ; et fatigante, la sobriété.
Abigail sent son parfum favori, "L'Heure bleue", et c'est en fait l'heure bleue, cette heure où la nuit est imminente et la soif inextinguible.