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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Découvrir Kenzaburo Oê en commençant par ce livre donnera un mauvais aperçu de son écriture.
On y retrouve, c'est vrai, ses thèmes de prédilection, c'est-à-dire ce qui constitue la famille et l'enfant handicapé - la naissance de son fils handicapé a fortement influencé son oeuvre - la réflexion autour de ce que ce handicap provoque.

Mais ici il donne la parole à un personnage féminin, en l'occurrence sa propre fille chargée de veiller sur son grand frère tandis que son père - lui-même- est, provisoirement aux Etats-Unis. s'ensuit une sorte de dialogue à deux voix et le récit d'une vie quotidienne.

Le ton, dans ce livre, est plus apaisé et tourné vers une réflexion plus longue, au contraire des autres livres que j'ai pu lire de lui par la suite, beaucoup plus cyniques et dérangeants. On y sent une certaine maturité et paix. de plus, le fils handicapé y est décrit avec beaucoup de tendresse, de respect et d'admiration en tant que personnage central du livre et prodige de la musique.

C'est un livre, donc, lent et parfois mélancolique qui est très agréable à lire et pousse à la réflexion.
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Invité comme écrivain en résidence par une prestigieuse université californienne, Monsieur K, qui traverse une « crise » existentielle, s'envole avec son épouse, laissant derrière eux leurs trois enfants : Mâ, étudiante en littérature française, son jeune frère Ô révisant pour ses examens d'entrée à l'université, et Eoyore leur frère aîné, imposant handicapé mental, imprévisible et fragile, mais aux traits d'esprit surprenants et aux admirables aptitudes à la composition musicale. Ce roman est en fait le journal de bord de Mâ, chronique de la vie tokyoïte menée par cette fratrie laissée à elle-même pour plusieurs mois. le récit se focalise principalement sur la relation qui lie Mâ à Eoyore, dont le surnom est dérivé de Eeyore (nom anglais de l'âne Bourriquet dans Winnie l'ourson). Mâ peut compter sur l'assistance d'un couple d'amis de ses parents, Madame et Monsieur Shigetô. Eoyore prend auprès de ce dernier des cours de composition, et les moments passés au domicile des Shigetô sont pour Mâ l'occasion de longues discussions sur la famille, le cinéma, la littérature et la politique.

Le rythme contemplatif de ce roman est étonnamment hypnotique. Durant une grande partie du récit, il se passe pourtant peu de choses en dehors des petits sursauts du quotidien. Les introspections inquiètes de Mâ sont amplement décrites. Elle s'interroge sur sa relation au père, les liens étroits qui l'unissent à Eoyore qu'elle s'imagine protéger toute sa vie en restant vieille fille, sur cette insulte blessante qu'ils recevront d'une fille dans le bus, sur ce que cela implique au sujet de leur place dans la société. Avec le couple Shigetô, Mâ disserte sur le film « Stalker » de Tarkovski ou le roman « L'Histoire sans fin » de Ende. En contrepoint de la vie quotidienne, des réflexions sont couchées sur l'oeuvre de Louis-Ferdinand Céline et de William Blake. Et puis avec l'irruption d'un personnage tout aussi attractif qu'impénétrable, enfle quelque chose de comminatoire…

Voici un roman d'une belle maîtrise, inspiré à Ôé par sa propre vie, qui fait la part belle aux relations familiales et évoque avec une certaine grâce la question du handicap parmi d'autres thèmes de société.
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"Si je me marie, étant donné qu'Eoyore viendra avec moi, il faudra que ce soit avec quelqu'un qui puisse au moins nous procurer un trois-pièces cuisine. Et je voudrais mener là une existence tranquille."

Eoyore a 4 ans de plus que sa soeur Mâ, qui est la narratrice. 

Il travaille comme ouvrier dans un atelier des services sociaux pour handicapés mentaux. 

La fratrie de 3 jeunes adultes dont Mâ est la cadette sont laissés à sa seule charge alors que ses parents, dont le père est un écrivain reconnu et renommé, Kenzaburô Ôé lui même, partent pour 6 mois en Californie. le père traverse une grande crise existentielle et s'installe à l'université à un poste de writer in résidence. La mère le soutient. 

Le quotidien de la fratrie aux parents absents est inscrit par Mâ dans le "journal au titre de la maison " qui s'appellera par la suite "Une existence tranquille". Les peurs, les joies, les progrès d'Eoyore, les réflexions sur Céline sur qui Mâ en plus de s'occuper sans se plaindre de ses frères consacre son mémoire, les échanges avec des amis de la famille y sont minutieusement rapportés. 

Ce qui m'a plu dans ma découverte de feu Kenzaburô Ôé est la manière si juste, si tendre, si positive avec laquelle il aborde le handicap de son propre enfant. Les parents qui se déchargent sur un seul membre quelque temps, sur Mâ qui prend énormément sur elle et qui voue un amour inconditionnel à son frère Eoyore, pour se resserrer ensuite modifiée, plus meurtrie, plus profonde, différente...plus expérimentée, chahutée, abîmée, sans doute plus ancrée et plus spirituelle. le quotidien de cette famille qui loin de mener une existence tranquille qui réfléchit énormément, cherche la sagesse, puise sa force dans les épreuves qu'elle ne nomme même plus ainsi. Et cette sensibilité accrue à chaque page…dans lesquelles on accueille beaucoup d'émotions variées. Finalement une certaine harmonie variable, friable, changeante à chaque occasion revient toujours encercler, protéger, renforcer cette famille. 

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Cette sorte de chronique est très émouvante parce que Kenzaburô Ôé donne sa voix à sa fille. Comme souvent dans son oeuvre, il utilise des éléments autobiographiques pour composer un récit de fiction. Et nous ne savons jamais quand les paroles sont issues des souvenirs de l'auteur et quand elles naissent de sa propre pensée mais sont exprimées par la jeune femme.
Dans ce roman, il est bien sûr question du regard sur le handicap, avec le frère aîné Eeyore (qui signifie "lumière"), où l'héroïne se compare au personnage de "Rigodon" de Céline quand il s'agit de prendre ses responsabilités pour aider des enfants handicapés, comme une image du sacrifice christique. Mais qui est le "sauveur"? Est-ce nécessairement celui qui se pense "normal"?
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Une jeune fille se voit confier la responsabilité et la logistique de toute la maisonnée lors du départ de ses parents( son père étant un grand écrivain japonais invité en résidence à l'étranger? sans doute Kenzaburo Oe lui même!). Elle doit donc s'occuper de ses études, de la maison et surtout de son frère handicapé mental sujet à l' épilepsie. Son autre frère, le benjamin, est peu présent car occupé à préparer ses concours d'entrée à l'université. La jeune fille raconte leur quotidien, leur soucis mais aussi leur complicité. Beaucoup de sensibilité.
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Au Japon, Mâ est une jeune étudiante en littérature française de 22 ans. Elle vit avec ses deux frères. Son frère aîné Eoyore a quatre ans de plus qu'elle et son autre frère est plus jeune de deux ans. Leurs parents partent pour 8 mois au Etats Unis, le père ayant eu une invitation d'une université américaine. Quoi de plus banal, ces trois "enfants" sont adultes et peuvent vivre seuls! le fait principal est que le frère aîné Eoyore est handicapé mental et que ces quelques mois vont se révéler difficiles pour sa soeur Mâ.
J'ai trouvé ce personnage admirable. Si jeune et elle arrive à s'occuper de son grand frère : celui-ci travaille dans un centre pour handicapé, il compose aussi de la musique, parle peu, écoute beaucoup. le petit frère est moins présent, car concentré sur un examen difficile d'entrée à l'université. Pendant ces huit mois, on suit les aventures quotidiennes de ces trois jeunes gens, des interrogations de Mâ sur son enfance, ses pensées sur la difficulté que son père a ressenti d'avoir un enfant lourdement handicapé (ce qui explique une sorte de dépression et cette "fuite" aux Etats Unis). Mâ ne baisse pas les bras devant les difficultés, elle prend son frère en charge, l'accompagne partout, se démène pour qu'il fasse du sport et soit heureux. Elle consigne tout cela dans un "journal de la maison" qu'elle envoie régulièrement à ses parents.

Un livre où la musique a également une très belle part, Eoyore étant compositeur. Il prend des cours auprès d'un Mr Shigetô qui, avec sa femme, veille également sur les trois jeunes gens.

Etrangement avec la distance, Mâ arrive à mieux dialoguer avec son père, à admettre que des fois elle est en colère contre lui et sa façon d'être avec Eoyore.

C'est une histoire qui m'a particulièrement touchée du fait que mon frère aîné (de deux ans) était également handicapé mental. Je ne me suis pas du tout identifiée à Mâ (plutôt au père et à sa "fuite") mais je l'ai beaucoup admirée pour son dévouement. Un livre pas du tout triste malgré un sujet difficile et comme le dit Eoyore à la fin, ces huit mois ont consisté en "une existence tranquille".

Lien : http://lajumentverte.wordpre..
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Très bon roman de Kenzaburo Oé, prix Nobel de Littérature 1994.

Tout est dit dans le résumé de l'éditeur. Les parents sont partis, leurs enfants, trois jeunes gens, dont Eeyore, un grand handicapé, doivent se débrouiller par eux-mêmes. C'est Ma-chan, la seule fille de la famille et soeur cadette de Eeyour, qui prend en charge la responsabilité de la fratrie. le roman est le récit de Ma-chan durant l'absence des parents, racontant, chapitre par chapitre, les évènements venant bousculer leur "vie tranquille".

J'ai beaucoup apprécié ce roman et je le recommande. le découpage abordant un évènement par chapitre rend la lecture très agréable. L'auteur aborde le sujet du handicap avec beaucoup de lucidité et de façon très positive, tout en fustigeant de façon intelligente les gens qui insultent ou se moquent du jeune homme handicapé.

On s'attache à cette fratrie et on redoute ce qui pourrait leur arriver de mal car leur vie n'est pas si "tranquille" que cela et la jeune Ma-Chan a une grosse responsabilité sur les épaules. Ce roman remet plusieurs fois en question le départ des parents : au vu des dangers qui rôdent, était-il judicieux de laisser les trois jeunes gens se débrouiller par eux-mêmes ?

Les évènements abordés dans les chapitres sont variés : un pervers sexuel sévit dans le quartier, le grand-oncle est décédé, Eeyore prend des cours de natation, Eeyore compose de la musique et l'intitule "abandonné" (toute la famille s'inquiète), Ma-Chan partage ses réflexions sur Céline et d'autres écrivains (chapitre que j'ai trouvé un peu long et moins intéressant car moins vivant - mais il aborde le thème du handicap et comment il est traité dans la littérature)...

Une belle immersion dans la vie de cette famille, racontée avec tendresse et lucidité.
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J'ai d'abord cru que le style contemplatif de "Une existence tranquille" allait venir à bout de ma patience. Mais la beauté de certains passages a su me toucher. Parfois, on s'interroge sur le sens de cette histoire. Où veut en venir l'auteur ? Mais on se laisse aisément conquérir par la tranquillité et le calme qu'impose ce roman.
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