De la scène, on voyait toutes les boîtes. Celles qui étaient ici depuis longtemps, celles qui venaient d'arriver. Pleines à craquer pour certaines, presque vides pour d'autres. Elles qui autrefois contenaient des spécimens empaillés, ou gisaient, abandonnées, dans la cave du musée.. Je savais d'où chacune venait. Toutes offraient un lieu où un enfant mort pouvait grandir.
A force de rembobiner, rembobiner et rembobiner encore le temps, cela devient un bras de fer avec le passé, et le passé finit par s'épuiser.
Le dentiste a remonté le lit asséché de la rivière, à la recherche de bouts de bois qui deviendraient de nouvelles lyres, pour que les voix des enfants disparus parviennent aux oreilles de quelqu'un qui attendait, frappé de stupeur, des cheveux morts à la main.