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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Jaromil a le Jazz à l'âme »

Le nouveau roman de Marc Alexandre Oho Bambe est tout à la fois hymne au jazz, roman sur la transmission du père au fils et déclaration d'amour d'un père à sa fille. Mais c'est avant tout une tentative de combler l'absence par des mots qui swinguent.

Jaromil, musicien de jazz, reçoit un jour dans sa boîte aux lettres un paquet contenant un courrier long, des cassettes audio d'un autre temps, un disque de jazz et la photo d'un homme lui ressemblant trait pour trait. «J'ai découvert que mon père était encore en vie. le jour de sa mort. Ma mère m'avait toujours tout caché».
Alors Jaromil part en quête de cet homme qu'il n'a pas connu, le grand-père de sa fille Indira à qui il va écrire tous les jours pour lui raconter ce qu'il découvre.
Indira qui lui a sauvé la vie, lui qui a failli mourir d'overdose. Indira qui est l'amour de sa vie maintenant qu'il est séparé de sa mère Maisha, qui n'a pas supporté les excès de sa vie de bohème.
Il va lui raconter comment un concert de jazz, alors qu'il avait quinze ans et filait un mauvais coton, lui a ouvert un horizon qu'il croyait jusque-là réservé aux autres. Comment il a rencontré al à Harlem et comment il a intégré le KGB, le Kilimandjaro Groove Band. Rencontre déterminante qui a transformé sa vie. Désormais, il va parcourir le monde, se donner corps et âme à ce jazz qui l'a sauvé.
Jusqu'au jour où il va croiser le regard de Maisha et vivre une passion rare dont Indira sera le fruit.
«J'étais un homme du dehors, me destinais à l'être jusqu'à mon souffle dernier. Et elles sont arrivées, l'une après l'autre, naturellement, femme et fée. Et ma vision des choses n'a plus jamais été la même. Je me camais toujours pourtant. Je n'avais pas su arrêter, malgré les premières disputes vite arrivées à ce sujet, avec celle qui allait m'offrir de devenir père, celle que j'allais aimer comme je n'avais jamais aimé personne, celle que j'allais finir par perdre, comme j'avais perdu toutes les autres, à cause de ma liberté dont j'étais épris et prisonnier. le temps aura fini par m'apprendre la leçon: la liberté à rien ne sert, si on n'a personne, pour la partager.»
Dans ce roman de l'héritage et de la transmission, Marc Alexandre Oho Bambe joue à la fois sur la relation père-fils en nous livrant notamment des extraits de la longue lettre adressée post-mortem par un père dont on va découvrir des bribes d'un parcours chaotique et sur la relation entre Jaromil et Indira. Ici aussi, des lettres du père à sa fille viennent enrichir le récit, mais elles sont complétées par des paroles de chanson qui disent tout à la fois l'amour et la souffrance.
Si ce roman touche au coeur, c'est aussi par sa forme. En choisissant la poésie qui vient s'insérer au fil du récit, l'auteur vient ajouter de la musicalité à cette quête. Il écrit avec le rythme du jazz dont certains morceaux emblématiques donnent leur titre aux chapitres. Ce faisant, il fait aussi de l'histoire familiale un ferment à la création. Il dit la ségrégation et le racisme – l'hommage à George, ce noir tué par les policiers américains est bouleversant – il dit l'absence et la passion. Il dit aussi l'espoir et la mort.
Après le saisissant Diên Biên Phù et Les Lumières d'Oujda, Marc Alexandre Oho Bambe nous offre une nouvelle facette de son talent multiforme. Souvenez- vous de ne pas oublier de le mettre sur votre liste des romans de la rentrée!


Lien : https://collectiondelivres.w..
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Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions Calmann-Lévy pour m'avoir permis de découvrir #souvienstoidenepasmourirsansavoiraimé.

“Dans cette histoire tout est vrai, j'ai tout inventé”.

Jaromil est musicien, père divorcé d'une petite fille, Indira, lorsqu'il reçoit une lettre de son père, qu'il n'a pas connu. Un long courrier de confessions, une photo troublante et des enregistrements sonores viennent épaissir et éclaircir le mystère de cet abandon "pour le protéger". Né à Limoges, il a beaucoup voyagé par l'esprit et le corps grâce à la musique et aux tournées de concerts (et les drogues). "Noir dans le regard de certains Blancs, Blanc dans le regard de certains Noirs[...]" il a grandit avec toutes ses failles et fêlures, et le manque de racines. Il a réussi à avancer malgré tout, grâce à la musique et un père de substitution, Al, son mentor musical et parental.

Les thèmes abordés par Marc Alexandre Oho Bambe sont très nombreux pour un si court roman. La musique tient évidemment une place majeure, le Jazz, le blues et d'autres genres musicaux très américains si bien implantés en France depuis les années 1950. Outre les chapitres intitulés par des titres de chanson, l'auteur égrène régulièrement des références musicales ne se limitant pas au Jazz. Marc Alexandre Oho Bambe nous immerge aussi dans la culture noire et afro américaine et nous fait traverser de grands moments de l'Histoire récente de l'Occident (entre autres : Luther King, les attentats du WTC, Black Lives Matter, George Floyd...). Il est aussi question de drogues, de rédemption, de résilience... Mais surtout d'attachement et de manque, de parentalité et de paternité, comme autant d'odes aux amours sous différentes formes.

L'écriture de Marc Alexandre Oho Bambe est très poétique, le roman est d'ailleurs parsemé de chansons, poèmes, slam. Les envolées lyriques soutenues et récurrentes font partie intégrante de la construction de la narration. Quelques fausses interviews agrémentent aussi le roman, variant encore les genres utilisés pour nous raconter l'histoire de ce musicien noir en manque de tant de re-pères.
Je suis clairement sortie de mes zones de confort et des "plaisirs faciles" de lecture ! La mise en page est très travaillée et j'ai fini par préférer lire sur tablette plutôt que sur liseuse car le format était plus adapté. A mon avis, la lecture sur papier est plus appropriée pour profiter pleinement de l'expérience de lecture. le rythme est parfaitement maîtrisé, même si les chapitres semblent très inégaux, le plus souvent courts (parfois quelques lignes seulement, rarement plusieurs pages) leur densité est toujours en harmonie avec le type de texte ou ce qui est raconté.
Même si j'ai beaucoup aimé le style de l'auteur, j'ai été gênée par deux aspects important de mon point de vue. D'abord, la ponctuation rythme souvent la lecture, comme les notes d'une chanson, et j'ai parfois été gênée par les libertés prises avec les points et retours à la ligne. Autre bémol : les répétitions poétiques m'ont paru un peu redondantes à la moitié du livre...
Malgré ses originalités déroutantes et le fait que ce soit une lecture exigeante, il se lit étonnement vite. Marc Alexandre Oho Bambe nous propose une histoire vraiment prenante autour d'un personnage torturé et attachant, et pas seulement une suite d'exercices de styles poétiques de grande qualité.

#souvienstoidenepasmourirsansavoiraimé #NetGalleyFrance
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Des lettres. D'un père pour son fils. Un déclic pour Jaromil qui, lui aussi va écrire des lettres à sa fille, dans lesquelles il lui racontera tout, de sa rencontre avec sa mère à sa descente dans les enfers chimiques, en passant par sa découverte du jazz, ses concerts, ses écarts, ses moments de doute, la joie qu'il a éprouvé à sa naissance...

Un superbe roman, qui, à la manière du jazz qu'il décrit avec sensibilité, fusionne les genres, les sentiments, les émotions, les fragmente en de brefs chapitres, pour mieux les unifier progressivement, au fil du récit, semble laisser de la place à l'improvisation - même si elle est, sûrement, maîtrisée -. Une superbe déclaration d'amour, aussi, à la musique, des sons et des mots ; à l'amour, familial, passionnel, inconditionnel ; à la vie, qui se doit d'être vécue intensément, de tout son coeur, malgré les errances, parfois fatales, les traumatismes, les non-dits, douloureux, les absences, qu'elle glisse sur le chemin.

Je remercie les éditions Calmann-Lévy et NetGalley de m'avoir permis la découverte de ce roman à la forme et au fond remarquables.
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Je commencerai par un bémol : je trouve que le quatrième de couverture en dit à la fois trop, et pas assez, comme si finalement il ne parvenait pas à embrasser toute la richesse de ce livre. Oui, il nous parle d'un homme qui n'a pas connu son père, et qu'il connaîtra (trop tard ?) à travers les lettres et les enregistrements qu'il lui a laissé. Jaromil a non seulement dû se construire sans lui, il a aussi dû se construire face à l'indifférence de sa famille maternelle, pour ne pas dire l'hostilité, face à cet enfant métisse preuve vivante de la transgression de sa mère.
Transgresser, Jaromil le fera aussi, en choisissant la voie du jazz pour se faire entendre. Ce livre inclassable, récit poétique, lettre d'amour d'un père à son fils et d'un père à sa fille, nous retrace son parcours musical, son parcours amoureux, ses chances, ses bonheurs et ses chutes. Moi qui suis pourtant peu sensible à la poésie, j'ai été sensible à ces poèmes amoureux, à ces textes poétiques qui parcourent l'oeuvre pour dire, enfin, ce qu'il est si dur de dire à haute voix, et ce qui a, enfin, pu être libéré par la musique.
Jaromil est musicien, il connaît les exigences du métier de musicien, ses contraintes aussi. Il n'oublie pourtant jamais la femme qu'il aime et leur fille – ce n'est pas la musique qui les a désunit, et même s'ils sont désunit, cet homme et cette femme qui se sont aimés n'ont aucune hostilité l'un envers l'autre, Maisha ne lui reproche pas d'être musicien, elle ne regrette pas d'avoir aimé cet homme, d'avoir partagé et de partager encore son univers.
Il est question aussi de ces amitiés très fortes que la musique permet de créer, il est question, aussi, de racisme, du racisme le plus violent au racisme le plus ordinaire, banalisé, auquel Al, père musical de Jaromil, répond avec une profonde élégance.
Un livre de cette rentrée littéraire 2023 à découvrir pour les fans de jazz – et pour les autres aussi
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Des lettres de père à fils, de père à fille, de la poésie, des phrases qui reviennent telles un ostinato de basse continue, presque des riffs.
Et puis le jazz, la négritude, l'amour.
Chaque phrase, chaque chapitre résonne, prend aux tripes mais il m'a manqué le liant qui aurait cimenté l'ensemble, ce n'était pas un set avec sa grille, sa structure mais plutôt un chorus solitaire.
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Que voilà un livre surprenant, inclassable. Un livre écrit comme un morceau de jazz, sans doute. Un livre qui suit l'inspiration de son auteur, s'envole, retombe, s'échappe, nous ensorcelle.
Surprenante alternance entre slam, écriture plus classique, poésie. Envoûtant.
Petit reproche, l'intrigue ne se dénoue pas. le narrateur nous entraîne dans ses questions sans réponse, qui le restent. Et ce n'est pas faute pour moi d'avoir émis des suppositions ! Qui resteront lettre morte...
La fin... Comme un couperet. J'en suis restée abasourdie, touchée au coeur.
Quand même, un livre pour musicien ou grand amateur, ce que je ne suis pas. D'où je pense mon petit bémol.
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Voyage poétique au coeur de l'Amour et de l'identité.

Jaromil a grandi dans la plus grande indifférence maternelle et sans connaître l'identité de son père. Toute sa jeunesse, il a porté sur ses épaules le poids de son métissage. Toujours trop noir pour les blancs, trop blanc pour les noirs. Homme métis pris entre deux mondes, son existence se résume à la quête perpétuelle de son identité. Lorsqu'il reçoit un colis contenant des lettres et de la musique de son père, Jaromil ressent le besoin d'écrire à sa fille, Indira, fruit de son amour passionnel pour Maïsha et « tous ces détails loin d'en être. »

Pourtant, au-delà de ces luttes identitaires et familiales, la musique, le Jazz en particulier, s'avère être l'ancrage au monde pour notre narrateur. l'“'âme musique” de Jaromil transparaît à travers les pages, évoquant la puissance salvatrice de la musique.

Les pages et les poèmes s'alternent pour nous permettre de reconstituer les différentes étapes de la vie de Jaromil. On entre dans un monde de poésie narrative, dans un récit qui se lit comme une partition de mots. Les sentiments décrits sont universels mais l'écriture de Oho Bambe leur donne une puissance captivante. Fragments poétiques, phrases isolées et paragraphes refrains créent un rythme envoûtant qui fait écho à celui du jazz. La chronologie n'est d'ailleurs pas plus linéaire que la forme sans que cela ne soit perturbant.

Marc Alexandre Oho Bambe joue avec les mots, sonorités et les rythmes mettant au profit de son texte ses qualités de slameur. Voyage littéraire où l'Amour est le fil conducteur, mais où les thèmes de l'identité, du racisme, de l'addiction et de la famille s'entrelacent en musique.
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Comme mise en bouche, avant de commencer le livre, je ne vous conseillerai trop bien d'écouter Marc Alexandre Oho Bambe slamait, lire de la poésie, pour comprendre son univers. Vous le trouverez sous le pseudonyme de Capitaine Alexandre sur Youtube, ou encore dans cette vidéo de Frontières en ligne sur Babelio en date du 04/04/23, où de multiples poètes lisent des textes sur fond musical.
L'intérêt est d'entendre sa voix, son parler, son flow, les petits bouts d'âme qu'il transmet au travers de ces mots.
Une fois que vous êtes entré dans son univers, vous pourrez commencer ce livre, dont le seul titre indique toute la poésie du texte, mélange de poèmes, de réflexions et de roman. C'est d'abord une déclaration d'un père à sa fille, d'un mari à sa femme et surtout d'un homme au jazz.
Il y a aussi la mort du père, qu'il n'a quasiment pas connu, faisant écho en moi au livre le Silence des pères de Rachid Benzine. Beaucoup de questions de filiation, avec l'idée d'élever ses enfants et d'être aussi élevé par eux.
Il y a aussi la dissonance entre un musicien à talent, qui vit la musique, dont la musique joue en lui, de lui ; et la conséquence d'un père absent, d'un mari défaillant, perdu dans les méandres des excès.

Le livre est envoutant, entraînant. Il pourra plaire même à ceux qui apprivoisent difficilement la poésie. Ces vers étaient mes passages préférés, biaisés par ma rencontre avec l'auteur et son parler mémorable.
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Voilà un roman qui me sort de ma zone de confort !!!
Tout est musique dans ce roman, une musique qui me tient à distance, dans laquelle je n'arrive pas à me reconnaître, que je ne sais pas apprivoiser. Musicienne, j'ai appris à suivre les partitions, à me laisser guider par le chef d'orchestre, à respecter le rythme, les respirations, les pauses... le jazz et son rythme bien à lui, ses impros, son son un peu décalé, ça terrorise la musicienne sage que je suis...
Tout est poésie dans ce roman. le rythme, les enchaînements de mots, la langue, la forme. Et la poésie, comme le jazz, me tient à distance. J'ai l'impression que ce n'est pas mon langage, que je suis trop terre à terre pour elle, que ce n'est pas à moi qu'elle parle...
Pour autant, j'ai été touchée par la beauté de ce livre, par ses mots, son rythme. Malgré tout, je reste sur ma faim, j'ai été touchée mais je n'ai pas tout compris... Il me manque du solide, du concret et ça renforce mon sentiment que ce livre-poème, il n'est pas fait pour moi...
Mais que ça ne vous décourage pas de le lire, c'est beau, c'est musique en mots et mots en musique et c'est de l'amour déversé sans compter
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Un livre découvert grâce à ma librairie où cet auteur sera invité en octobre. Une très belle découverte ! L'histoire d'un musicien de jazz très doué mais toxicomane qui reçoit un colis de son père qu'il n'a jamais connu avec des lettres, des cassettes où ce père lui dit qu'il l'aime et l'a toujours suivi.
Dans le même temps il écrit à sa fille Indira.
Un roman original alliant poésie et forme classique avec une très belle écriture. On suit le groupe de jazz du héros, le dirigeant du groupe, la relation du héros avec sa femme, sa fille, on lit les lettres du père....
Un livre très apprécié
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