J'ai découvert
Florent Oiseau, en mars 2020, avec son roman «
Les Magnolias ». A l'époque, j'avais abordé cette lecture avec une certaine réticence car quoi de plus déprimants qu'une ville moche, un oncle dépressif, une grand-mère à l'EHPAD mouroir qui donne son titre au roman glissant lentement vers la mort, une vie professionnelle ratée, la solitude ? Et pourtant, j'ai souvent souri, carrément ri quelquefois et j'ai souvent été émue. Ce fut un vrai coup de coeur.
On retrouve la plupart des mêmes ingrédients dans «
Les fruits tombent des arbres » mais la mayonnaise a moins bien pris.
Pierre, cinquantenaire, insomniaque, oisif, divorcé, une fille de 17 ans qu'il voit peu, une sorte de sympathique loser, traîne son ennui jusqu'à ce que la veille de Noël, son voisin s'écroule mort à l'arrêt du bus 69, en bas de chez lui. Commence alors une errance le long de la ligne 69 comme un hommage à cet homme qui n'a pu le prendre lui-même. Des rencontres et des lieux improbables, des liens tissés avec des hommes et des femmes perdus, bousculés par la vie, un peu déjantés rythment une année de la vie de Pierre à travers Paris, avec comme fil d'Ariane le trajet du bus 69.
A priori, l'inconsistance de l'intrigue, la vacuité de la vie de Pierre, son errance n'auraient pas dû m'intéresser et pourtant, j'ai passé un agréable moment de lecture : j'ai souri, j'ai même ri en particulier avec la description hilarante d'une terrible séance de vélo qu'a subie Pierre. J'ai aussi été émue par certaines des rencontres que fait Pierre qui ont tous et toutes en commun d'avoir perdu un être cher par la séparation ou la mort et par son humanité face à ces peines.
Ce roman est une ode à la liberté de ne rien faire, la possibilité de dénicher l'extraordinaire autour de soi, dans l'ordinaire de la vie quotidienne, en n'étant en quête de rien.
L'auteur semble refuser de se laisser gagner par l'émotion alors l'humour noir, l'ironie, le burlesque, l'autodérision font s'éloigner les larmes et apparaître sourires voire rires.
La magie de ce roman a moins bien opéré qu'avec le précédent, peut-être parce que
Florent Oiseau utilise les mêmes recettes que dans le roman précédent et parce qu'il m'a été impossible de ressentir une quelconque empathie pour cet homme somme toute assez superficiel, qui se laisse vivre, mis à l'abri du besoin par ses parents.