J'avais très modérément accroché à Purge. Et j'étais assez réticent à me farcir la suite, d'autant qu'un ami qui me tendait le livre n'avait pas trop l'air emballé. Puis j'ai attendu pas mal avant de m'y lancer...
Finalement, je ne regrette pas.
Sofi Oksanen revisite le passé estonien... Les périodes troubles où l'Estonie est aux mains d'envahisseurs, qu'ils soient soviétiques ou nazis.
Elle alterne deux périodes: les années 40 avec l'invasion nazie (et la débâcle) et les années 60 avec son lot de purge sociétique, de délations, de résistants de la 25è heure ou (pire) de types qui ont été nazis avec les nazis et qui sont devenus sociétiques avec les Russes.
On suit principalement Juudit et Edgar, un couple, mari et femme... que tout oppose (je ne dévoile pas une révélation finale à ce sujet, mais est-ce une révélation...).
Elle a envie d'amour et lui de reconnaissance. Elle trouvera ce qu'elle cherche dans les bras et draps d'un officier nazi. Il trouvera cela en retournant sa veste (mais toujours du bon côté, nous dit Jacques Dutronc).
C'est désespéré, car cela sonne vrai. Pour le happy end, on ira chez Musso ou Levy... Oksanen nous assène des coups de marteau (communiste...) et le faux cille... (hum...)
Je regrette quand même que le roman ne soit qu'à deux voix. Roland, nationaliste estonien, qui voit les nazis et les Russes au même niveau et rêve d'une Estonie libre me semblait plus consistant, plus intéressant. On ne le voit q'en filigrane de Juudit dont il se sert pour la "cause" et d'Edgar, qui le déteste et veut sa mort. Et finalement, qui est coupable, qui est innocent...? Oksanen jette un sacré pavé dans la mare en fin de roman. Mensonge, vérité...? L Histoire a tranché.
Les sentiments humains dans la tourmente de l'Histoire sont de nouveau au centre du roman de Sofi Oksanen. Ces compromis, compromissions, mensonges... qui nous aident à passer le pire, auxquels nous nous accrochons désespérément car ils nous semblent constituer notre seule bouée... c'est très fort.
J'ai parfois eu du mal à accrocher au style, un peu lent ou lourd, c'est selon. Mais je ne regrette pas d'avoir remis le couvert.
Commenter  J’apprécie         100
Quoi, où, comment, quand, pourquoi ?
Marcher main dans la main avec les morts, c'est une certaine idée de la guerre !
La Finlande et l'Estonie surtout, dans les années quarante.
Il suffisait de se débarrasser des russes, puis des allemands, puis des russes puis des allemands,.... exercice sans fin où on oubliait d'exister par soi même, où on ne pouvait pas "vivre" juste survivre .... si on peut appeler ça comme ça !
Remontée dans le temps, les années vont s'égrener 1941, 1942, ...
Petite percée dans les années 1963, 1964, 1965, ...
C'était le temps où l'on faisait la queue pour recharger son stylo bille, devant une femme assise au comptoir qui "rachète minutieusement les billes des cartouches, place une cartouche vide dans une machine, tourne la manivelle, ainsi de suite, rend les cartouches pleines, encaisse les kopecks."
C'était une autre époque, l'époque où les rêves d'une certaine jeunesse se limitaient à avoir "leurs beaux draps, leurs cactus sur la fenêtre, leur armoire vernie."
Et pendant ce temps là, d'autres s'agitaient, cherchaient à se faufiler dans les méandres de l'histoire.
L'Estonie n'est pas la Lituanie,
L'Estonie n'est pas la Lettonie,
Il faudra s'y faire, s'y habituer .... l'Estonie est l'Estonie.
Il faut s'habituer, Tallinn s'appelle Talinn ou Reval,
Tartu s'appelle Tartu ou Dorpat,
Haapsalu s'appelle Haapsalu ou Hapsal,
On est où ?
En Estonie, RSS d'Estonie ?
En EESTI, Estland ?
Je croyais lire un roman finlandais.
C'est écrit en finlandais par une finlandaise, mais j'avais oublié le lien maternel de l'auteur avec l'Estonie.
Une enfance partagée entre les deux cultures, entre deux histoires !
Passionnant.
J'ai visité Talinn avant de lire ce roman, l'avenir me donnera l'occasion d'y retourner je l'espère pour mieux m'imprégner de l'histoire des lieux ...
L'escalier de Patkuli, Kiek in de Kök, Patarei, que de souvenirs touristiques pour moi, des lieux qui ont marqué l'histoire du jeune peuple estonien.
Commenter  J’apprécie         60