Citations sur La vérité sur la lumière (75)
Bien qu'elle ait cessé d'accueillir les nouveaux-nés, on l'envoyait parfois chercher quand un accouchement s'éternisait, elle sortait alors son vieux stéthoscope, le mettait à ses oreilles, posait la main sur le ventre de la femme, puis lui palpait les jambes et prononçait à voix basse des mots à peine audibles.
Elle s'adressait à l'enfant en lui disant qu'il pouvait naître .
et il obéissait.
Il naissait.
Il ouvre les yeux pour la première fois.
Et voit la lumière .
il ignore qu'il vient de naître.
Je lui dis, bienvenue, mon petit.(...) J'accueille l'enfant à sa naissance, je le soulève de terre et le présente au monde. Je suis la mère de lumière .
de tous les mots de notre langue je suis le plus beau.
J'ai cherché à comprendre pourquoi l'homme vient au monde? Je le comprends, je le comprends maintenant, j'ai enfin l'impression d'y voir clair : l'homme naît pour aimer.
Chaque fois que ma mère m'appelle , elle a du mal à me dire au revoir et la conversation s'éternise. C'est pareil quand nous nous voyons, elle me serre longuement dans ses bras, réticente à relâcher son étreinte. Je sais bien ce qu'elle pense : chaque fois pourrait être la dernière. En dehors des enterrements, elle refuse de faire des projets. A quoi bon ?
Le centre du monde c'est toujours l'endroit où nous nous trouvons...
Au lieu de ressentir de l'humilité devant le règne animal et végétal, l'homme veut tout s'approprier pour lui seul. Il veut posséder les poissons de l'océan et les rivières cristallines des montagnes, il veut posséder les chutes d'eau, les îles, il voudrait posséder jusqu'au soleil couchant. C'est pour lui un moyen d'oublier qu'il est mortel.
Sa conclusion est limpide :Tout porte à croire que l'être humain sera l'espèce la plus éphémère que la terre ait portée.
Quand l'humanité se sera éteinte restera la lumière ,présage-t-elle ...
Même si elle ne croyait pas en l’homme, ma grand-tante avait foi en l’enfant. Ou disons plutôt : elle ne croyait en l’homme qu’en deçà de 50 cm. Cela correspond également aux récits de ses collègues de la maternité. selon elle, il y avait d’une part l’être humain et d’autre part, l’enfant. tout ce qui était petit, et de préférence plus petit que petit, vulnérable et faible, suscitait son intérêt et éveillait sa tendresse, que ce soit dans le monde des hommes, dans le règne animal ou végétal.
Je tente de lui expliquer que le jour se lève et prend fin très vite après, finalement j’exprime les choses d’une autre manière : le Soleil apparaît à l’horizon peu avant midi et disparait vers trois heures. L’aube s’étire en longueur toute la matinée et trois heures après la parution de la lumière, l’air s’assombrit à nouveau et le soleil s’enfonce dans la mer.
u dernier repas de familles, ma mère a passé toute la soirée à parler de la mort. Papa hochait régulièrement la tête et mon beau-frère l’écoutait avec attention. Après, il est allé dans la cuisine pour remplir le lave-vaisselle et mes parents ont continué à discuter du prix des cercueils, de leur qualité et des commandes en cours.