Parce qu'elle est née à l'arrière d'une voiture, et que le cordon ombilical était entouré autour de son cou, la petite Agustina n'a pas les jambes comme tout le monde. Pourtant aux beaux jours, elle grimpe souvent sur les hauteurs du village avec ses béquilles pour s'allonger dans le carré de rhubarbe où elle a été conçue et rêver...ou alors, elle descend toute seule sur la plage de sable noir.
Élevée par la généreuse Nina, une amie de sa grand-mère, Agustina ne connaît pas son père, un chercheur, étudiant les animaux marins, dont le bateau s'est arrêté quelques jours seulement au port. Elle communique avec lui avec sa naïveté d'enfant, en lui lançant des bouteilles à la mer qui croit-elle, mais le croit-elle vraiment, vont lui parvenir.
Elle voit très rarement sa mère dont elle collectionne les lettres qui étayent le roman. Celle-ci est partie quelque part, en Afrique étudier les oiseaux migrateurs.
Nina a pris soin de la fillette comme si elle était sa propre fille alors que ce n'est pas tous les jours facile de vivre avec la jeune adolescente. Agustina a une personnalité très marquée et indépendante, et si on lui reproche souvent de refuser de voir la réalité telle qu'elle est, elle a la volonté de réaliser ses rêves.
...Le rêve secret d'Agostina, c'est de franchir la montagne qui s'élève à 844 mètres au-dessus du village et dont elle compte bien venir à bout un jour, même avec ses béquilles, pour voir enfin le monde d'en haut...
C'est le premier roman écrit par l'auteur, même s'il vient à peine d'être traduit en français.
On reconnaît son écriture et ses qualités, découvertes lors des précédentes lectures comme dans "
Rosa candida" ou dans "
l'embellie", par exemple que j'ai chroniqué sur ce blog.
Le lecteur retrouve avec plaisir la poésie qui émane de ses descriptions de la nature, ainsi que la simplicité et la douceur, avec lesquelles elle nous parle de la vie quotidienne de ces gens qui vivent isolés au sein d'une nature hostile et magnifique, mais qui savent dans leur coeur, s'entraider et se soutenir.
Les personnages sont tous attachants et d'une grand sensibilité....
Comme toujours dans les romans de Audur Ava Ólafsdóttir, l'important est ce qui n'est pas dit ou juste suggéré !
L'auteur nous offre ici un roman délicat et pudique sur le handicap, mais aussi sur la force de la nature humaine, la volonté et le courage, mais aussi ses faiblesses. La fin est ouverte et chacun pourra l'interpréter à sa guise.
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