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Citations sur Rosa Candida (367)

Anna tarde à rentrer de la bibliothèque et tout à coup
l’idée me vient qu’elle a peut-être fait la connaissance de
quelqu’un au village et qu’elle est allée au café ; il est
possible que ce soit le mec sur les marches de la
bibliothèque qui la retarde. On peut bien imaginer qu’un
homme vienne l’aborder – un de ceux qui l’ont reluquée
dans la rue et qui s’invente un prétexte quelconque et,
comme elle est gentille et chaleureuse, ou qu’elle a tout
simplement la tête ailleurs, elle s’installe avec lui au café.
Elle ne va pas s’arrêter longtemps parce qu’elle doit se
dépêcher de rentrer, mais si tant est qu’il sache y faire, il
peut lui faire oublier le génome et la faire rire sans voir le
temps qui passe.
Lorsqu’elle apparaît à la porte cinq minutes plus tard, un
peu mouillée de pluie et un carton à pâtisseries dans les
bras, je suis fou de joie, au point de ne pouvoir le cacher.
Ça me dépasse complètement d’être aussi absurdement
heureux, comme si je la découvrais pour la première fois.
Elle me tend les gâteaux et les mots se bousculent dans ma
bouche pour lui dire qu’elle a un joli pull. C’est, bien
entendu, le même pull vert qu’elle avait au petit déjeuner.
Voilà que je perds soudain toute assurance et que je rougis
et – ce qui n’arrange rien – elle rougit aussi. La panique me
saisit et pour faire dévier la conversation, je propose de
descendre à la buanderie et de mettre son linge à la
machine, car il faut que je lave mon pantalon de travail.
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Puis elle me demande si je me suis toujours intéressé
aux plantes.
« Oui, en fait, depuis tout petit. Pas vraiment aux plantes
elles-mêmes, pas de suite, mais j’aimais être au jardin avec
maman. L’intérêt pour la flore elle-même est venu plus tard.
J’ai commencé avec un petit carré de terre exposé au sud,
contre la serre, où j’ai semé des carottes et des radis en
mettant des étiquettes. J’avais sept ans et je voyais maman
tailler les rosiers derrière la vitre. Elle faisait aussi des
expériences avec toutes sortes de graines et d’oignons
importés, mais dans ma plate-bande à moi c’étaient surtout
des mauvaises herbes qui poussaient. Enfant, je lisais aussi
pas mal, couché dans le jardin ou assis dans la serre en
hiver. Je lisais des livres étrangers parlant d’enfants qui
avaient une cabane dans un arbre. Je suis retourné aussi,
plus tard, réviser pour les examens dans l’humidité, la
lumière et la chaleur de la serre. Même si dehors il y avait
des congères, du gel et de l’obscurité, ça ne me faisait rien
de courir à la serre en T-shirt avec mes livres, m’enfonçant
dans la neige jusqu’aux genoux, le crayon entre les dents.
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Puis j’essaie d’installer la petite sur la
chaise libre à côté de la mienne, je la fais s’asseoir sur sa
chaise à elle, en face de nous, les parents. Le haut de sa
tête touche le rebord de la table. Nous la regardons tous
les deux, les parents, tout fiers d’elle et je suis en train de
me changer mentalement en père d’un petit enfant. Sa
maman me sourit. J’espère que le mec sur les marches de
la bibliothèque aura aussi remarqué le sourire. C’est ainsi
que naît ma nouvelle vie, c’est ainsi que la réalité voit le
jour.
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« Elle a exactement les mêmes oreilles que toi », dit la
future généticienne en me suivant du regard.
Elle a raison, les oreilles ont la même forme, comme
sorties du même moule, avec le même ourlet, le même type
de lobe. Je compare furtivement l’enfant à sa mère aux
yeux d’aigue-marine, sans voir de ressemblance frappante,
hormis le dessin de la bouche qui est identique : deux
exemplaires de bouche en cerise. En dehors des oreilles et
de la bouche en cerise, notre fille ne ressemble qu’à elle-
même, comme si elle venait d’ailleurs. Je trouve pourtant,
de manière confuse, qu’elle a quelque chose de maman,
sans pouvoir identifier quoi, si ce n’est les fossettes peut-
être, mais je n’irais pas jusqu’à faire plaisir à papa en
mentionnant la chose. Et puis il y avait toujours du soleil là
où était maman, quel que fût le temps au-dehors. Elle était,
pour ainsi dire, radieuse. Sur les photos, c’est comme si un
projecteur l’éclairé ; là où plusieurs personnes sont sur le
cliché, elle est la seule dont la joue resplendit, sinon on
pourrait croire que la photo est surexposée. Il y avait de la
lumière dans les cheveux de maman, comme dans ceux de
l’enfant, comme si on les avait saupoudrés de paillettes
scintillantes, et il y avait de la lumière dans son sourire –
j’avoue de bonne grâce ma sentimentalité à l’égard de
maman, je l’éprouvais de son vivant et je l’éprouve
toujours. Et puis je suis né, tout pâle avec un toupet de
cheveux roux et mon frère jumeau avec des cheveux noirs,
la peau brune et les yeux marron.
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« C’est un logement incroyable, dit-elle, comme sorti
d’un vieux conte. » Elle entre dans la chambre et caresse le
papier peint aux amaryllis rouges. « Et puis tout est plein
de fleurs », dit-elle en voyant la cuisine tandis que je lui
ouvre la porte du petit balcon. Il me semble, à sa voix,
qu’elle pourrait bien être émue. Dès l’instant où mère et
fille ont mis le pied dans mon logis – ma première ébauche
de foyer –, c’est comme si tout devenait plus clair, comme si
l’appartement se remplissait de lumière.
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Je jette un coup d’œil au miroir à côté de moi et me
trouve face à un homme soucieux, aux cheveux roux
fraîchement coupés. C’est peut-être une excellente parade
à la solitude, mais ça fait un peu drôle de se voir reflété à
tout bout de champ, d’être constamment conscient de soi-
même.
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"Lorsque la jeune fille aux cheveux brillants pose doucement la main sur mon ventre, je remarque qu’elle porte une barrette verte en forme de papillon. La femme qui s’occupe de moi au dernier quart d’heure de ma vie a dans sa chevelure le symbole de la vie future. Les boutures de rosier ne survivront pas sans eau, c’est pourquoi je me redresse en appui sur un coude et désigne le sac à dos".
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La beauté est dans l'âme de celui qui regarde.
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- Tu es le bienvenu, si tu veux passer voir les regrets avec moi.
- Les quoi ?
- La nostalgie. Il faut regarder la souffrance dans les yeux pour pouvoir partager celle de ceux qui souffrent.
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Ce qui me surprend le plus est de voir mon amie pour la première fois sans ses lunettes de myope, de voir les yeux qui étaient derrière les verres épais. C'est comme s'ils n'avaient jamais été à ciel ouvert, comme si c'était pour eux une première. Elle ne pourrait pas être plus nue que sans ses lunettes.
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