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4,04

sur 593 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À la lecture des quatre-vingt premières pages, j'ai failli abandonner deux fois, deux fois j'ai refermé le livre. Page 83, mon intérêt est enfin éveillé et c'est d'une traite que j'ai poursuivi et achevé le roman.
Jónas est obsédé par l'idée de suicide, il a l'impression d'être surveillé par Svanur, son voisin. Jónas évoque sa rencontre avec son ex-femme, parle de Nymphéa, sa fille ... Un jour, il prend l'avion et à partir de là, c'est moi qui n'ai plus décollé de ma lecture !
Au final, un livre que j'ai beaucoup aimé grâce à l'écriture de Audur Ava Ólafsdóttir.
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Non, il ne s'agit pas de l'histoire de la ruée vers l'or, de la découverte du Far-West et des grands espaces.
Il s'agit de la découverte de soi-même opérée dans un pays d'après-guerre miné dans tous les sens du terme, où tous les lieux sont gris et noirs, avec plein de rouge sang.


Le héros a presque la cinquantaine et veut se tuer. Il est désespéré, sa femme l'a quitté en lui révélant un fait qui le désespère encore plus. Il est donc décidé à se tuer.
Mais comment ? Où ? Jamais il ne voudrait que sa fille découvre son corps...Mais jamais il ne pourrait supporter l'idée que sa fille soit malheureuse parce qu'on n'a pas retrouvé signe de lui.
Donc il décide de fuir dans un pays (de l'Est probablement) où les vestiges récents de la guerre enfouiraient son corps et l'oublieraient.
Il part donc. Avec sa caisse à outils. C'est un homme qui pense à tout, peut-être aura-t-il besoin de bons outils pour mettre en oeuvre son suicide.
Arrivé sur place, il se rend vite compte que ses outils serviront à bien d'autres choses, entre autres à le réintégrer dans la communauté des vivants, même si ces vivants-là sont des rescapés de la mort...


C'est un roman vraiment très curieux, que cet « Or ». Déjà par son titre, qui n'a pas été traduit, et qui signifie « Cicatrice ».
Alors tout devient clair, car c'est un roman cicatriciel, qui se construit sur la ruine, qui se développe et espère. A coup de phrases assez courtes et très denses, celles-ci insérées dans des chapitres dont chaque titre est poétique, tout nous mène de la mort à la vie.


J'ai cheminé sur les chemins gris en faisant attention à ne pas m'écarter.
J'ai dormi sous une couverture de poussière.
J'ai dessiné avec un enfant traumatisé.
J'ai vu les blessures.
J'ai frémi.
Mais j'ai cru en l'être humain, pourquoi pas, encore une fois.
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C'est vraiment difficile de parler des livres d'Auđur Ava Ólafsdóttir. Je pensais un peu lâchement m'en exonérer pour celui-ci. Et puis…

C'est difficile parce que si on résume l'histoire, on a des bouts rugueux peu disposés à aller ensemble et à composer quelque chose d'attrayant. Regardez, pour Ör : Jónas Ebeneser a quarante-neuf ans. Il est divorcé de son épouse Guðrún. Sa mère Guðrún perd gentiment les pédales en institut pour personnes âgées. Sa fille, Guðrún, est adulte désormais. Il a (donc ?) décidé de se suicider et part pour cela dans un pays lointain, peut-être méditerranéen, tout juste sorti d'une guerre atroce. Il emmène une perceuse et une chemise rouge. Là-bas, il va faire du carrelage et changer des ampoules.

Vous voyez bien, ça ne donne absolument rien !

Si on parle de poésie, on n'y arrive pas non plus. Svanur, le voisin, a acheté un nouveau frigo pour sa caravane. Il fait des gâteaux et prête à Jónas un fusil sans munition. C'est de la poésie ça ? Ou alors elle réside dans le rapport entre ce contenu et le titre de cette section qui ressemble à un extrait d'une notule d'un livre de médecine « une cicatrice est une formation dermique anormale là où une plaie ou une lésion s'est refermée ». Notez que ce titre peut illustrer aussi le fait que Svanur profite du tête à tête avec Jónas pour lui montrer sa cicatrice. Ce qui lui rappelle les propos que lui a tenus son tatoueur l'après-midi même. Bon alors, elle est où la poésie ?

Tant que je suis à cet endroit du roman, je recopie pour vous ce que Svanur explique à Jónas après lui avoir montré son dos « Sais-tu que dans certains coins du monde, les cicatrices inspirent le respect ? Une grande et impressionnante cicatrice révèle une personne qui a regardé la bête sauvage les yeux dans les yeux, qui a affronté sa propre peur et a triomphé. »

Comme cette phrase, c'est mot pour mot ce que comprend la « note de l'auteur » à la toute fin du roman, j'avais, avant de la retrouver là, page 47, des scrupules à vous la dévoiler, oublieuse qu'elle n'était donc, à la toute fin, qu'une redite et pensant que, ce faisant, j'éventerais peut-être une clé du roman. Sans doute que non, tout compte fait.

Bien. Résumons-nous afin de ne pas nous perdre : l'histoire est triste, bancale et prosaïque. Pas de merveilleux, pas d'échappée fantastique. Un pays qui sort d'une guerre, un presque quinquagénaire suicidaire, c'est rarement fantastique. Et la poésie n'est pas facile à identifier. Alors pourquoi ça fonctionne ?

Parce que, oui, je ne vous l'ai pas encore dit, mais, même si j'ai été moins facilement envoutée que dans Eden, j'ai bien aimé Ör. Et je ne vous ai pas dit non plus que "ör", ça voulait dire "cicatrice" en islandais.

C'est peut-être dans le contraste qu'il faut chercher une réponse. Contraste entre la faiblesse évidente des personnages, leur dénuement intérieur et la résolution avec laquelle ils s'obstinent à vivre au mieux. Lorsque Jónas confie à sa mère qu'il est malheureux, il ne dira rien d'autre. Et elle, plutôt que de lui demander des explications, de le bercer de propos lénifiants, elle lui dira « Nous avons tous nos combats à mener, avant d'ajouter : Napoléon était en exil de lui-même. Joséphine était esseulée dans son mariage comme je l'ai été. » Débrouille-toi avec ça et ce n'est pas si mal.

C'est pas si mal parce que c'est une manière de renvoyer chacun à une solitude commune. de tisser la grande toile des cicatrisés. Et comme le nombril constitue la première, ce que l'exergue ne manque pas de nous rappeler, on risque d'être nombreux à cette réunion des solitaires.

Contraste donc entre des drames intérieurs et des attitudes. Entre des titres de sous chapitres et des contenus. Entre les gouffres de désespoir, ceux des gérants de l'hôtel Silence où Jónas a bien l'intention de finir ses jours et le fait de chercher à faire fonctionner une pomme de douche sans que l'eau qui en sorte soit trouble et sableuse.

Contraste et construction. Par ces titres sans rapport évident avec ce qu'ils annoncent, Auđur Ava Ólafsdóttir surligne la brisure du sens et fait ainsi surgir un ailleurs possible, « plus nous nous élevons plus nous paraissons petits aux regards de ceux qui ne savent pas voler », « je pourrais proclamer le monde jusqu'au soir il y a partout quelque chose », « le désir est plus fort que la douleur ». Et pourtant, à relire, le sens, on le trouve. Mais dans une relation douce-amère, toujours un peu dissonante comme lorsque le petit garçon de la jeune femme qui tient l'hôtel se met à dessiner le chaos qu'il a dans la tête, chacun de ses dessins surmonté d'un titre reprenant la Genèse.

Construction aussi qui enveloppe (tiens, tiens…) le texte principal comme une peau : une dédicace (« A toutes les victimes inconnues, infirmiers, enseignants, serveurs, poètes, écoliers, bibliothécaires, électriciens. Et aussi à J. »), une exergue constituée de deux définitions médicales, une table des matières (I Chair II Cicatrices) et pour finir l'entrée d'un journal ? Les pensées d'un personnages ? avant que le roman ne commence.

Et à la fin, même processus, cette « note de l'auteur », complètement décorrélée du roman, dont je vous parlais plus haut qui reprend les différentes acceptions du mot ör, précise ses genres et nombre (neutre, singulier ou pluriel) et la dimension symbolique de certaines de ses significations.

Un entrelacs d'épisodes fictionnels et de titres étranges, de répétitions linguistiques ou médicales, bribes poétiques en équilibre instable mais juste. Une variation romanesque sur une notice lexicale. le dépliement d'une définition, son déploiement dans un univers qui ne saurait être gai mais nous laissera toujours le recours à la profondeur, à une sorte de délicatesse désaxée, à une fantaisie pas encore désespérée. Un texte tissant, couturant, ravaudant de tout brin qu'il trouve un monde d'esseulés fracturés. On y aura appris que « là où l'organisme ne parvient pas à rétablir l'exacte texture du tissu lésé, s'en forme un nouveau dont la texture et les propriétés diffèrent de celui, intact, qui l'entoure » (exergue). La marque laissée par la bête sauvage que l'on a affrontée en somme.
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Dépression, solitude, isolement, séparation conjugale ...

Oppressante et suicidaire, telle est la vie de Jonas, racontée par Audur Ava Olafsdottir, et on pourrait s'y engloutir de tristesse si le ton narratif n'était pas décalé, insolite, aux frontières du cocasse. La personnalité littéraire de l'auteur, sensible et délicate, évoque sans artifice les blessures de l'âme et des corps, comme autant de cicatrices visibles ou cachées, et la possible guérison des êtres et des paysages hostiles.

Quoi de plus évident que de programmer son propre suicide dans un pays brisé par la guerre ?
Mais contre toute attente, compte tenu des dévastations, Jonas va arrêter de se regarder le nombril et faire oeuvre de reconstruction, en bricoleur des gestes et du coeur.

Un petit livre original et symbolique, riche de petites descriptions du quotidien, équilibrant la gravité du propos par une certaine forme de sérénité. Tout est impalpable, descriptif, factuel, sans lourdes explications introspectives. Jusqu'aux pays jamais nommés, laissant une impression d'irréalité.
Certainement le livre que je préfère dans la bibliographie de l'auteur, débarrassé de cette touche de niaiserie angélique qui flottait sur ses récits précédents.

Une histoire finalement très optimiste sur l'art de traiter le mal par le mal.
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Un roman intime s'il en est, au coeur des pensées les plus secrètes du narrateur.

Le titre signifie « cicatrice ». Il semblerait que le narrateur, âgé de 49 ans environ, en ait quelques-unes, toutes pas forcément guéries, et qu'il souffre d'un mal être profond le poussant à des pensées suicidaires. Il va se retrouver dans un pays ruiné par la guerre où les personnes croisées ont elles-aussi bien des cicatrices à soigner. le bricoleur du dimanche va-t-il pouvoir réparer son vague-à l'âme, reprendre une vie paisible ou bien est-ce définitivement fini pour lui ?

Ce récit à la première personne est ponctué régulièrement de citations, et alterne entre les évocations de naissance (le nombril étant notre toute première cicatrice) et des idées autour de la mort. le texte n'est pas glauque pour autant, bien au contraire. Il est même par moment empreint d'humour voire de poésie. le style délicat est très agréable, léger tout en traitant de sujets difficiles, soigné dans les descriptions, subtil dans les dialogues.
S'il est centré sur le personnage principal Jonas, il n'en est pas moins de portée universelle ouvrant le débat sur le pourquoi de l'existence, son sens, et son issue. Je pense qu'il y a forcément un passage (au minimum) où le lecteur est touché intimement et où le texte fait écho en lui. On peut penser ce que l'on veut de ce Jonas, l'auteure, elle, ne juge pas et se contente de raconter.

Un ouvrage qui ouvre la voie à des réflexions sur la vie et la mort, le sens que l'on peut donner à sa vie, à une vie. Un beau moment de lecture !
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Ör: cicatrices (en islandais)

Depuis un certain temps, Jonas, homme divorcé et père d'une adolescente, ne ressent plus rien, ne sait trop qui il est devenu, … Il décide donc de partir pour des “vacances” dans un pays dévasté par la guerre. Il croit que, bien loin de chez lui, ce sera plus facile de s'enlever la vie … mais, à l'Hôtel du Silence, on lui réserve autre chose.

Petit roman d'à peine 200 pages. Triste au début mais qui nous amène à sourire peu à peu. Un roman doux qui aborde des choses difficiles mais qui nous fait comprendre que, lorsqu'on a un but, la vie prend tout son sens. Très beau roman qui, pour moi, est le meilleur de Auður Ava Ólafsdóttir. Excellente lecture !
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Un roman étrange ni vraiment exaltant ni vraiment ennuyeux. Faut-il déduire de la partie triste en Islande et de la partie heureuse dans un pays détruit par la guerre que le bonheur vient de la comparaison avec le malheur des autres ? Faut-il penser que c'est en aidant les autres qu'on trouve le bonheur ? Jonas revient-il vers son pays pour y vivre heureux, cicatrices refermées, ou risque-t-il de sombrer à nouveau ? Faut-il se réjouir qu'il n'abandonne pas sa mère et sa fille ou regretter qu'il ne poursuive pas sa nouvelle vie ? A moins que vous ne vouliez vous arrêter à son suicide raté … Finalement, l'intérêt de ce roman ne vient-il pas des questions qu'il nous fait se poser ?
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Jonas, bientôt quinquagénaire est à un tournant de sa vie qui le fait tout remettre en question... il arrive à la conclusion d'en finir tout simplement. Sa femme l'ayant quitté, sa fille n'étant pas la sienne et sa mère, au bout de sa vie dans un ephad.
C'est une véritable introspection avec ce petit roman riche en sentiments, très intimiste et tres personnel pour notre personnage principal qui prend la décision de partir en voyage pour justement y voir plus clair ou pas...
Bref, l'écriture est toujours aussi fluide avec cette auteure islandaise qui ne tombe jamais dans le pathos et qui sait retranscrire une atmosphère assez lugubre.
Ör c'est le roman de toutes les cicatrices qui ont besoin d'être pansées et refermées à jamais, quelles soient physiques ou morales, c'est la réparation qui permet d'avancer au mieux dans la vie d'un être humain.
Très beau roman.
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Cette histoire commence chez un tatoueur, j'ai toujours pensé que les tatouages étaient fait pour les gens qui n'avaient pas de cicatrices, Ör signifie cicatrice en islandais, mais parfois les tatouages servent aussi à cacher des cicatrices, y compris celles de l'âme. La 1ère partie du roman s'intitule « Chair », la seconde « Cicatrice », le premier thème abordé : Les raisons qui poussent un homme au suicide et le second : Ce qui reste d'humanité après la guerre. A priori tout ça n'est pas très joyeux, pourtant c'est un texte plein d'espoir et de résilience.
D'une écriture simple et claire, nuancée et lumineuse, l'auteure islandaise de ce roman nous raconte l'errance de Jonas Ebeneser, qui pour ne pas se faire « décrocher » par sa fille après son suicide, part avec pour tout bagage sa caisse à outil, pour se pendre ailleurs ... dans un pays tout juste sorti de la guerre (on pense au Liban ou à l'ex-Yougoslavie). Là-bas, il va rencontrer des survivants ; et l'espérance, sa foi en l'humanité reviendront peu à peu.
Je ne suis pas certain qu'il y ait un message prégnant ou une morale dans ce récit, A.A. Olafsdottir (je ne sais plus où sont les accents :-) laisse à son lecteur le soin de répondre aux questions ouvertes par son histoire et ses personnages. On se laisse emmener par la limpidité et la poésie de son écriture. Donc 4*, Allez, salut.
P.S. : Merci à PharMarion, qui m'a donné envie de lire ce roman.
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Et voilà un achat d'impulsion, attiré que j'ai été par le titre ( si court) et la couverture ( si belle) .... je n'ai pas été déçu...un beau livre toute en douceur ( qui me rappel un peu l'écriture des auteurs japonais, Ogawa, Murakami) mais traitant de sujets bien sombres....on reconnait bien un peu de soi même dans ce personnage errant ....et une ouverture au monde terrible des lieux après des guerres....
Bien beau.
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