Ombres sur la Tamise

Quoi qu'il en soit, le plaisir singulier que procure la compagnie des femmes m'habitait désormais.

L'ancienne rivière Tyburn a disparu, même pour les géographes et les historiens. De la même façon, les immeubles de Lower Richmond Road, que je mettais tous les soins à consigner, m'apparaissent d'une dangereuse éphémérité, tout comme de superbes bâtiments ont été perdus durant la guerre, tout comme nous perdons pères et mères.

À l’adolescence, nous sommes tous bêtes. Nous disons ce qu’il ne faut pas, ignorons comment nous montrer modestes ou un peu moins timides. Nous sommes prompts à juger. Le seul espoir qui nous est donné, bien que seulement a posteriori, est que nous changeons. Nous apprenons, nous évoluons.

Bien des empereurs se sont abstenus d’annoncer l’imminence d’un désastre à leurs enfants. Parfois, le silence s’impose.

La vérité des choses n’est accessible qu’à ceux qui n’ont pas de certitudes.

C'est armé du présent qu'on revisite ces périodes révolues, et ce monde a beau être plongé dans l'obscurité, on ne l laisse pas sans lumière. On emporte son moi d'adulte. On ne revit pas les événements : on en est à nouveau témoin. À moins, bien sûr, que, comme ma sœur, on ait envie de les maudire et de se venger.

Au-delà d'un certain stade, on n'effleure jamais que la surface d'une relation, de la même façon que les strates de craie, nées des efforts des créatures infinitésimales, se forment sur des périodes presque illimitées.

Quand elle s'égare, elle ne demande pas son chemin, elle convoite l'incertitude

On a entendu Mr Rattigan déclarer que le vice anglais n'est ni la pédérastie ni la flagellation, mais bien l'incapacité des Anglais à exprimer une émotion.

En 1945, nos parents partirent en nous laissant aux soins de deux hommes qui étaient peut-être des criminels.