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4,13

sur 11005 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce petit livre, dont le titre sonne comme un petit conte pour enfants sans prétention, est une des meilleures fables politiques jamais écrites.
L'humour, l'élégance et la simplicité de l'écriture d'Orwell contribuent grandement au succès du livre, en lui permettant d'aborder des questions politiques et historiques avec beaucoup de finesse et d'acuité, sans que la lecture devienne désagréable, bien au contraire.
On reconnaît aisément les différents types sociaux derrière chaque espèce animale de la ferme. Quel beau et touchant personnage que ce Boxer, représentant de la paysannerie irréductiblement fidèle au chef, qui abuse pourtant d'elle sans aucun scrupule!
On voit aussi apparaître très clairement des personnalités politiques précises derrière certains animaux, comme Lénine derrière Old Major, Staline derrière Napoléon ou encore Trotski derrière Snowball.
La dynamique interne de la petite révolution est aussi présentée de manière tout à fait convaincante.
Orwell arrive ainsi avec une facilité étonnante aux fins de critique politique qu'il se propose. Il reconnaît la méchanceté égoïste intrinsèque qui se cache derrière l'idéologie capitaliste et préfère une forme plus juste et honnête de socialisme. Par contre, il s'opposera toujours aux idéologies de gauche comme de droite, car leur extrême opposition n'est jamais qu'une apparence illusoire : en réalité, ce sont deux chemins qui mènent exactement au même point d'inhumanité bestiale.
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Mon premier livre de George Orwell. Il n'est jamais trop tard pour commencer après tout ? Et surtout il faut lire ce livre, vous voyez, ce livre m'a tellement passionné qu'il rejoint mon top dix, voir mon top cinq des meilleurs livres.

Alors que l'on s'attend à une petite histoire sympathique, on a droit à une critique politico-sociale d'une incroyable justesse. Ce livre comment malgré toutes les belles promesses, et les bonnes volontés le système évolue toujours dans un totalitarisme plus ou moins avoué.

Dans ce livre, les secrets, les règles, les privilèges, qu'on certaines personnes de part leur rang ou leur argent sont clairement montré du doigt. Et ce n'est pas parce que ce sont des animaux que cela rend la chose plus facile, moins réaliste.

Chaque animal a sa place et son rôle et cela les chefs l'ont bien compris. Les moutons sont les meilleurs représentants de l'effet mouton dans notre société. Les termes abordés sont criants de vérité, on retrouve notamment le culte du chef tout puissant, la réécriture de l'histoire par les vainqueurs, le travail supplémentaire, la recherche du profit à tout prix, et la propagande.

Honnêtement je ne m'attendais pas à cela en commençant cette lecture. D'ailleurs je trouve la fin très dure car je trouve que le livre se termine sans aucun espoir. L'esclavagisme arrive et la meilleure ferme est devenue la ferme des animaux, tous les fermiers alentours voulant s'en inspirer afin d'avoir de meilleurs rendements…Un constat pessimiste mais terriblement réaliste.

Gorge Orwell nous montre que trop souvent ceux qui se soulèvent contre l'oppresseur finissent par le devenir eux-même…
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Petit précis de littérature devenu , à juste titre , un incontournable Classique avec un K majuscule...ou peut-etre un Q , je ne sais plus...

La Ferme des Animaux ne m'a jamais attirée plus que ça , la faute en incombant certainement aux dizaines de rediff. des pérégrinations de la famille Ingalls dont j'ai été abreuvé jusqu'à plus soif...Naaan , Laura , je peux pas te laisser dire ça . Nellie Oleson n'est pas méchaaaante , elle est juste conne , jalouse , peste , vicieuse mais pas méchaaaante...Bref , saturation totale de tout ce qui pouvait toucher de pres ou de loin à un récit à caractere champetre , aussi profond soit-il...
Errare Humanum Est ! Erreur réparée ! Plaisir maximal !

Le Girl Poweeer est mort , place au Pig Power . Napoleon et Boule de Neige ont décidé , à la mort de Sage l'Ancien ( Sus Scrofa Domesticus également de son état ) d'appliquer pleinement ses préceptes à savoir que l'homme est mauvais pour le deux pattes et decident ainsi , aidés en cela par tous les animaux de la ferme , de s'en affranchir ! Jones et sa femme sont donc violemment priés de décamper , laissant désormais le champ libre à nos deux leaders non-charismatiques autoproclamés et désormais en charge de gerer le quotidien de l'exploitation et de tous leurs occupants .

Des animaux parlant et conversant avec l'humain ne me dérangeaient pas quand j'avais...quatre ans . J'avais pour habitude , à l'époque , de guetter fébrilement le wagon de dessins animés du club Dorothée en réclamant impatiemment mon gouter journalier ! Une généreuse tartine de tripes au saindoux constituait immanquablement mon quatre heures à moteur , ceci expliquant cela...Le début fut donc quelque peu déroutant mais la force et l'intelligence du propos ici présent suffisent à focaliser le lecteur sur la démonstration plutot que sur les acteurs .
Et le propos justement , quel est-il ? En à peine 150 pages , Orwell nous démontre magistralement que , placé dans un contexte particulier , tout un chacun , des lors qu'il est porté par une majorité , est à meme de devenir le libérateur tant espéré . Un prophete qui rapidement prendra les traits d'un dictateur , une fois le ou les opposants placés sous l'éteignoir . le fait d'utiliser la métaphore animaliere donne à ce récit un caractere intemporel ! Une situation que l'on a connu ( Staline , Hitler , Mussolini..) , que l'on connait toujours ( Castro , Kim Jong Il ...) et sans etre un voyant du niveau de la fille qu'a une chance sur deux de mettre dans le mille mais qui se plante systématiquement , j'ai nommé la tres naturelle Elizabeth Tessier ( ce qui me permet encore de décocher quelques sourires sans faire craindre à mon interlocuteur que mes coutures ne lui petent à la gueule ! ) , que l'on connaitra encore .
Orwell démonte un à un les mécanismes du totalitarisme . Et notamment leurs dérives inhérentes .
Premiere étape : un hymne glorifiant le combat victorieux et l'entrée dans L Histoire .
Deuxieme étape : les tables de la loi . Ici , point de Décalogue mais sept lois ayant la particularité d'évoluer au gré du gentil dictateur sachant que ce dernier a plutot l'humeur changeante et arrangeante .
Puis vient le temps du sacre . Les opposants ou les fideles de la premiere heure susceptibles de s'en réclamer n'etant plus là pour l'invalider ! Entouré de sa garde rapprochée , le gentil dictateur prendra bien soin d'abreuver le bon peuple de tous ses bienfaits tout en lui présentant systématiquement le traitre de service , éxutoire tout désigné de tous leurs malheurs . Puis viendra la megalomanie galopante assortie d'une legere paranoia exterminatrice . Un gouteur pour chaque plat , on ne sait jamais . Une rumeur , un bruissement de complot et c'est la disparition définitive des pseudo bélligérants , on ne sait jamais...
Le gentil dictateur sait également s'entourer d'orateurs à la verve convaincante ! le lavage de cerveaux fait partie intégrante du processus ! le gentil dictateur est doté d'une modestie qui n'a d'égale que son altruisme . Il aime le faire savoir à l'envi !
Orwell , de façon concise et méthodique , nous délivre un petit bijou fabulatoire à haute teneur en causticité !


La Ferme des Animaux ou " Comment devenir un gentil despote " pour les nuls .
Et m'sieur Orwell , visiblement , dans le cochon , tout n'est pas bon...
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Camarades, débarrassons-nous du tyran. Soulevons-nous. Faisons en sorte que les générations à venir mènent la lutte jusqu'à la victoire finale. Voilà en gros la teneur du discours que tint quelque temps avant de mourir le cochon Sage l'Ancien à ses camarades animaux de la ferme. Et un jour que le fermier, Mr. Jones, avait bu encore plus qu'à son habitude et que les bêtes s'en trouvèrent privées de nourriture, l'impensable se produisit. En révolte contre les hommes, qui durent fuir la ferme, les animaux débaptisèrent promptement la Ferme du Manoir en Ferme des Animaux, où désormais chacun eut à coeur de travailler pour le bien du groupe — les animaux étant à égalité dans ce domaine comme en tout. Enfin presque, car bientôt les cochons, réputés les plus intelligents, ne tardèrent pas à se dispenser de travailler, à s'octroyer des prérogatives et, plus grave encore, à se disputer le pouvoir.
Ce qu'il advint ensuite ? Eh bien ce qui arrive quand s'installe un régime autocratique : culte de la personnalité, planification de l'économie, propagande, endoctrinement, modification des lois, confessions publiques et élimination des opposants par des exécutions sommaires.

On le voit dans ce texte Georges Orwell est un homme engagé. Cependant s'il défend le prolétariat et se bat pendant la guerre d'Espagne aux côtés des républicains, il est très méfiant vis à vis de l'URSS et de Staline, mais aussi plus largement des révolutions en général. Il s'en est expliqué en décembre 1946 dans une lettre à Dwight Macdonald :  « Bien sûr, j'ai conçu ce livre en premier lieu comme une satire de la révolution russe. Mais, dans mon esprit, il y avait une application plus large dans la mesure où je voulais montrer que cette sorte de révolution (une révolution violente menée comme une conspiration par des gens qui n'ont pas conscience d'être affamés de pouvoir) ne peut conduire qu'à un changement de maîtres. La morale, selon moi, est que les révolutions n'engendrent une amélioration radicale que si les masses sont vigilantes et savent comment virer leurs chefs dès que ceux-ci ont fait leur boulot. le tournant du récit, c'est le moment où les cochons gardent pour eux le lait et les pommes (Kronstadt). Si les autres animaux avaient eu alors la bonne idée d'y mettre le holà, tout se serait bien passé. Si les gens croient que je défends le statu quo, c'est, je pense, parce qu'ils sont devenus pessimistes et qu'ils admettent à l'avance que la seule alternative est entre la dictature et le capitalisme laisser-faire. [...] J'ai simplement essayé de dire : Vous ne pouvez pas avoir une révolution si vous ne la faites pas pour votre propre compte ; une dictature bienveillante, ça n'existe pas. »

Lucide, anticipatrice, visionnaire, une fable qui n'a pas pris une ride. À l'heure où populistes et nationalistes menacent nos démocraties et nos libertés, et font planer des lendemains qui ne chantent pas, il est bon de lire ou relire Georges Orwell.

Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Avant de s'éteindre, Sage l'Ancien, un cochon respecté par tous les animaux de la ferme, confie à ses compagnons son rêve d'un avenir débarrassé de l'Homme, où chaque bête vivrait des fruits de son propre labeur, libre et indépendante. Cet appel à la révolte, bien qu'effrayant pour ceux qui n'ont toujours connu que la domination des hommes, va peu à peu faire son chemin, jusqu'au jour où tous les animaux, d'un mouvement commun, se soulèvent et parviennent à chasser leur propriétaire et ses employés de l'exploitation.

Fière de cet exploit, la petite communauté décide de s'organiser autour des trois cochons qui savent lire et écrire : Napoléon, Boule de Neige et Brille-Babil, qui décident alors d'établir sept commandements qui régiront la vie à la ferme, basés sur l'égalité, la solidarité et le rejet de tout ce qui appartient au monde humain. Mais, très vite, certaines prérogatives apparaissent, améliorant les conditions de vie des cochons au détriment des autres animaux et menaçant l'harmonie de la ferme…


« La ferme des animaux », est une fable politique publiée en 1945 et qui s'est depuis élevée au rang de classique de la littérature. George Orwell, comme Esope et La Fontaine avant lui, fait parler des animaux pour élaborer à travers eux une critique virulente du régime de l'URSS et plus particulièrement du stalinisme, dénonçant cette politique hypocrite qui, sous prétexte de partage et d'égalité, s'approprie le pouvoir et manipule le plus grand nombre.

A travers l'histoire de ce soulèvement des bêtes contre l'homme, il décortique les mécanismes du totalitarisme dénonçant la montée au pouvoir d'une minorité, la mise en place d'un système de propagande, l'exploitation des plus faibles et l'éviction des rivaux... Ce que j'ai trouvé particulièrement fort, c'est cette capacité de George Orwell à s'emparer d'un sujet pourtant complexe et d'en faire un roman plaisant à lire, facile à comprendre et accessible par le plus grand nombre. Un texte passionnant et intemporel, impressionnant de part son acuité, qui fait partie des oeuvres à avoir lu absolument !


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J'ai commencé cette lecture, bien étonnée de ce que je lisais, sachant que cet écrit provenait de la plume de George Orwell dont j'ai lu 1984, un classique que l'on ne peut oublier.


Je me suis même dit que cet ouvrage semblait lisible par les plus jeunes… Juste au début … parce que très vite, j'ai pu réaliser le but de l'auteur : imaginer une société, et sans doute montrer que le régime politique idéal n'existe qu'en théorie.


Georges Orwell explique les mécanismes par lesquels on en vient à la dictature qu'il dénonce. Dans ce roman, cela commence par une révolution des animaux et par la destitution du pouvoir en place, en l'occurrence, l'homme, suivi d'un ordre nouveau qui génère un espoir pour les les cochons, les chevaux, les moutons et autres espèces exploitées par ces animaux à deux pattes et qui ne profitent aucunement des richesses accumulées par ces derniers.

On crée alors le régime communiste idéal avec travail pour tous et mise en commun des richesses, tout va pour le mieux…
Mais cette organisation idéale va vite dégénérer pour laisser place à ce que l'histoire nous a livré maintes fois : la naissance des partis, l'opposition, la suppression du débat, le pouvoir par la violence, la suppression du droit d'assemblée, le culte de l'être suprême, et une caractéristique de la dictature que l'on retrouve dans 1984 : la falsification de la vérité, instrument au service de l'Etat.


Ce roman est absolument génial, il décrit parfaitement le régime de dictature et sa façon de s'instaurer, peu à peu, et de finir par être considéré comme « normal » par le peuple.


La fin est extraordinaire et expose clairement l'objectif de l'auteur.
Un bon classique qu'il faut avoir lu et mériterait d'être analysé en profondeur, mais cette étude serait impossible sans dévoiler l'histoire.
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On peut voir dans cette histoire une critique du totalitarisme, de la révolution russe ou du communisme, on peut voir des traits de personnalités politiques célèbres sous les traits de ces cochons, or tout cela c'est de l'histoire ancienne. Il faut libérer le texte et le mettre dans un contexte intemporel et dans un cadre universel.

Une révolution repose sur de belles idées de liberté et d'égalité (Sage l'Ancien), mais elle est déclenchée par des affamés furieux. Les révolutionnaires prennent le pouvoir, ils posent leurs lois pour le bien de tous. Par ailleurs, il y a toujours ceux qui préfèrent fuir et vivre et n'ont rien à faire de cette liberté (Lubie). Or, l'ignorance de certains crée la dépendance et la dépendance engendre la montée de chef, ou de chefs, les chefs se battent pour le pouvoir. Et ce ne sont pas les bonnes idées qui tranchent dans ce combat, c'est la force. le perdant (Boule de Neige) est éliminé sévèrement. Ainsi le chef (Napoléon) prend solidement les rênes du pouvoir et instaure ses lois, des lois qui défendront désormais ses droits. L'abîme entre le chef, ses acolytes et la populace devient remarquable. Les autres triment pour le chef et son engeance dans l'illusion de la liberté et de l'égalité. Les médias (Brille-Babil) manipulent les ignorants du peuple et même ceux qui voient les choses clairement préfèrent ne pas intervenir (l'âne). Et s'il y a un problème on l'impute au complot ourdit par le perdant (Boule de Neige). le religieux (Moïse le corbeau noir comme un moine) ne donne pas de solution au peuple mais leur promet le paradis (Sucrecandi). Lorsqu'un citoyen fidèle (Malabar) ne peut plus servir il est jeté. Les médias métamorphosent l'Histoire, et effacent la mémoire du peuple ; ainsi les héros d'autrefois deviennent traîtres et les poltrons deviennent héros de la guerre ; et le poète officiel (Minimus) est là pour rimailler dans les fêtes nationales (ou personnels ?) en la gloire du chef ; il y aura toujours ceux qui applaudissent en choeur (les moutons). L'ignorance et l'indifférence créent un nouveau dictateur dont le pouvoir devient de plus en plus absolu. Et la populace maintenant mangeant moins et travaillant plus ne sait plus quel temps fut meilleur, l'avant révolte ou l'après ! Mais les médias viennent avec la réponse ; les statistiques et l'éloquence absconse qui prouvent que la vie est meilleure. Les lois de jadis sont transgressées par le chef mais jouant de la stupidité tout passe. Et de temps à autre, on exécute les rebelles imaginaires atrocement devant tout le monde. le dictateur offre la meilleure éducation à sa famille et la populace doit sombrer dans l'ignorance et l'analphabétisme. Et à la fin on ne peut plus distinguer le nouveau chef de l'ancien dictateur!

Voilà en bref ce que j'ai retenu de cette histoire où les animaux ont les premiers rôles. C'est pour moi le résumé de toutes ces révolutions au cours de l'Histoire (et récemment le Printemps arabe). Un livre plein d'humour grinçant et de pages pathétiques.

P.S. une bonne nouvelle pour tous ceux qui ont lu le livre, Boule de Neige est encore en vie, il s'est marié après les affreux incidents et il a eu cent deux fils et pèsent maintenant deux cents kilos.
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Je vais faire court car tout ce qui a à dire sur ce classique de la littérature a déjà été dit.
Je l'ai, pour ma part, découvert en version audio. Mes trajets maison-bureau et bureau-maison ont été agréablement bercé par cette révolution marxiste, trotskiste puis staliniste. C'est un petit mode d'emploi sur comment créer une cité Etat en mode dictato-communiste.

Le livre est court, simple, efficace, sans ambiguité. On pourrait justement lui reprocher son manque d'intrigues secondaires, son manque de difficultés et une narration ainsi qu'une intrigue au final trop linéaires. Mais c'est justement là que réside toute la force et la portée de cette oeuvre qui ne se démodera jamais. Son côté tout public est primordial, l'importance du message doit justement nécessiter qu'aucune barrière ne puisse se hisser entre cette oeuvre et le lecteur, pour justement éviter que certains lecteurs, face à un livre plus ou moins inaccessible, se sentent moins égaux que d'autres.

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Ce conte philosophique, publié en 1945, visait à critiquer le système communiste et ses dérives totalitaristes ; les traductions françaises ont d'abord eu pour titres Les Animaux partout en 1947 puis La République des Animaux en 1964. le titre actuel en français date de 1981 seulement.

La Ferme des Animaux est le premier vrai grand succès de librairie d'Orwell ; l'idée d'une histoire animalière lui serait venue à la vue d'un enfant en train de maltraiter un cheval de trait mais sans doute aussi de souvenirs de lecture tels que le Roman de Renart, Les Fables de la Fontaine ou Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift. Orwell met en scène des animaux, allégorie anthropomorphique du prolétariat, qui se révoltent et s'organisent pour prendre le pouvoir aux hommes, chacun des personnages se voulant la caricature d'une personnalité politique ou d'un groupe social ; ainsi le fermier Jones synthétise les excès du capitalisme, les cochons renvoient aux grands leaders communistes, les chiens sont une métaphore de la répression policière, les moutons représentent les masses laborieuses, le corbeau véhicule une parodie de religion tandis que les chevaux sont des militants fidèles et loyaux… Les poules, la chatte et l'âne sont un peu à part : les poules campent une opposition vite réprimée, la chatte est l'illustration même de l'opportunisme tandis que l'âne garde toujours un oeil distancié sur les évènements, incursion peut-être de l'auteur dans son oeuvre.
Les grands thèmes traités tournent autour de la révolution et des espoirs qu'elle porte avec pour inspiration celle de 1917 en Russie, de la montée en puissance d'une idéologie avec ses textes fondateurs ou ses chants patriotiques et ses interprétations futures, du rôle de la propagande et de la critique de l'abus de pouvoir.
La fin est particulièrement pessimiste prouvant que la société idéale n'existe pas. Sans la dévoiler ici, je dirais qu'elle nous ramène à l'art du conte, au côté onirique de certaines histoires quand on ne sait plus si les choses se sont réellement passées où si les protagonistes les ont rêvées…

En conclusion je dirais que cette énième relecture de la Ferme des Animaux me rappelle combien un chef-d'oeuvre littéraire est toujours d'actualité. Si Orwell a voulu transposer l'histoire de la Russie des années 1917 à 1940, nous, lecteurs français de 2016, nous pouvons y lire des allusions notamment aux questions d'âge de départ à la retraite, d'enrichissement d'actionnaires, d'exploitations de classes dites inférieures, d'ententes illicites de personnages peu scrupuleux se croyant au dessus des autres, de remises en causes de lois sociales durement acquises…
Merci au club de lecture qui m'a donné l'occasion de re-réfléchir sur ce conte philosophique dans le cadre de « Lecture commune de décembre 2016 ».
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J'avoue que je n'avais souvenir que des grandes lignes de « la ferme des animaux » lu il y a fort longtemps dans mon adolescence. Mon fils devant le lire pour le collège, je me suis dit que c'était l'occasion de le redécouvrir.

Un énième avis sur ce roman n'a pas grand intérêt, tout a déjà été dit. Peut-être peut-on simplement rappeler combien cette fable satirique est à la fois d'une grande simplicité et formidablement subtile. D'ailleurs c'est sans doute sa simplicité qui fait la force de « la ferme des animaux ». Comme avec « 1984 », Orwell parvient à proposer une oeuvre qui a vraiment une dimension intemporelle. Bien sûr, on sent tout au long de la lecture que l'auteur prend modèle sur la Révolution Russe mais pour autant ce récit a une portée très universelle et intemporelle. Après tout le thème de la révolution légitime mais trahie est un sujet inépuisable. On retrouve dans « la ferme des animaux » la justesse de l'analyse du totalitarisme par Orwell, notamment dans l'évocation du rôle de la propagande et de la réécriture de l'Histoire. Très fine également la peinture du peuple et la façon dont chacun réagit face à ce totalitarisme, certains totalement apathiques, d'autres par excès de zèle, d'autres encore qui ont des doutes mais n'agissent pas…

J'ai passé un très agréable moment en relisant ce petit chef-d'oeuvre qui n'a pas pris une ride.
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