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Et pour changer un peu : un livre non sans humour de George Orwell. Loin de son "1984", "La Ferme des Animaux", "Hommage à la Catalogne" ou "Dans la dèche à Paris et à Londres".

Pourtant la vie de son "héros", George Bowling, n'a rien de vraiment drôle. Il a 45 ans, attend son nouveau dentier, il a la figure d'un tonneau et est surnommé "Fatty" à cause d'un embonpoint imposant. Ses revenus sont modestes et sa femme Hilda se plaint constamment du coût de la vie. En plus, il trouve ses gosses, Lorna 11 ans et Billy 7, totalement insupportables. George vit dans une rue tristement banale qui lui fait penser à un corridor de prison avec des maisonnettes miteuses comme des cellules, appartenant à un groupe immobilier et chargées d'hypothèques menaçantes. Une présentation sarcastique par un Orwell surprenant et déroutant : aucune femme ne me regarderait une deuxième fois, sauf si elle est payée pour, se lamente Bowling en savonant son gros ventre sous la douche.

Mais déjà à la fin du premier chapitre, on retrouve notre Orwell bien connu. Se baladant à travers Londres, George Bowling, qui craint aussi une guerre avec ce fou d'Hitler - nous sommes en 1939 - a une vision de la capitale anglaise sous les bombardements de la Luftwaffe. le visionnaire est évidemment notre grand auteur, qui en donne une description anticipatoire d'une telle précision comme si Londres est déjà en feu et flammes. En fait, une image si nette du Blitz d'un an plus tard, que cette image semble sortie des Mémoires de guerre de Sir Winston Churchill.

Les chapitres suivants retracent l'itinéraire de cet antihéros depuis sa prime enfance jusqu'à ce moment du ras-le-bol du début de l'ouvrage. Résumer le parcours de George Bowling serait un double péché, envers les lecteurs et envers l'auteur. Car dans son style désabusé et avec un choix de mots propre à lui, dans des phrases courtes mais révélatrices, George Orwell prouve tout son talent.

Fatty Bowling ne mène bien sûr pas une existence isolée et, à partir de ses relations et environnement, l'auteur nous dépeint un portrait des quartiers et faubourgs moins ruisselants de la capitale de l'Angleterre et de l'Empire britannique : l'univers des classes laborieuses anxieuses de perdre emploi ou domicile ou même les deux à la fois.

Intéressant est également son aperçu des modifications importantes que la première guerre mondiale a entraînées justement pour ses classes laborieuses dans leur vie quotidienne. le retour des soldats du front qui, s'ils ne sont pas blessés, ont perdu toute illusion et doivent maintenant se battre pour dénicher un emploi dans un pays que l'effort de guerre a ruiné. L'insouciance d'antan a définitivement disparu.

Cependant cet ouvrage ne constitue pas une saga dramatique de l'infortuné Bowling et consorts, pour la simple raison que l'auteur y a mis une touche qu'on ne peut qualifier autrement qu'avec le terme humour. Et ce ne serait pas Orwell s'il n'y avait pas un volet politique. Un soir, Bowling décide d'assister à un discours d'un antifachiste au Left Club. Une occasion pour s'en prendre aux hitlérisme et stalinisme avec une joie cynique.
George Orwell a écrit ce roman, pendant l'hiver 1938-1939, à Marrakech, après sa sortie d'hôpital atteint de tuberculose. Peut-être que le soleil du Maroc, dont il avait grand besoin, lui a redonné un peu d'espoir et d'ironie.

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George Bowling, tel un Marcel Proust, part à la recherche du temps perdu dans ce roman décapant de George Orwell, dans lequel on retrouve aussi des accents de ce qui sera 1984 du même auteur. Bowling ne se prétend pas poète ni littérateur, mais ses impressions des temps révolus et du temps présent, en l'occurrence l'avant-guerre de 1939, sont poignants de sincérité et de vérité. Quadragénaire, marié depuis quinze ans à une femme qu'il n'apprécie guère, père de deux enfants, coincé dans un boulot de vendeur d'assurances, habitant un logis dont il espère devenir propriétaire, George aspire à un peu d'air frais. Un récit humoristique parfois grinçant qui en fait une lecture réjouissante que je n'attendais pas de la part de George Orwell.
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Georges a 45 ans, il est représentant de commerce, gros, rouge, il porte un dentier... Il se regarde vieillir quand une affiche publicitaire l'arrache au présent et le plonge dans ses souvenirs d'enfance... et nous avec. C'est une véritable rencontre avec la nostalgie, ce qu'elle a de merveilleux, de réparateur. Les descriptions de ce petit village à une encablure de Londres à l'aube de la première guerre mondiale font de nous les spectateurs muets et admiratif de l'histoire. Orwell nous fait remonter le temps, la Tamise regorge de poissons, des grainetiers font pousser la nourriture pour les oiseaux au fond de leur jardin, des châteaux sont abandonnés aux promeneurs, les étangs frais et profonds abritent d'énormes carpes, les enfants ont le temps de s'allonger sur le dos pour regarder les nuages et ils aiment ça ! Tout cela dans un parfum d'entre-deux guerre, de champs de batailles à venir, le livre est écrit en 39 et on sent l'inquiétude poindre. Les thèmes chers à Orwell sont présents en toile de fond, notre anti-héro pressent la guerre et les grands bouleversements qui vont modifier le monde. En remontant le chemin de ses souvenirs, Georges se rappelle qu'il s'était promis de revenir pêcher ces carpes, dans cet étang caché sous d'énormes hêtres. 40 après, il décide de remonter le courant vers les lieux de son enfance avec une canne à pêche mais "On ne peut pas remettre Jonas dans le ventre de la baleine". C'est un livre formidable qui malgré la nostalgie possède une certaine drôlerie et pour peu qu'on prenne le temps de se laisser envahir par cette atmosphère, on passe un très bon moment.
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Années 30 en Grande-Bretagne : le bon gros George Bowling, affligé de fort mauvaises dents, vient de se voir doté d'un beau dentier qui lui change la vie. le bonhomme mène une vie tranquille et bien rangée. Il travaille comme représentant d'une société d'assurances, « la Salamandre Volante ». Son épouse Hilda, qu'il trompe d'ailleurs assez régulièrement, se dessèche sur tige en se souciant trop de choses insignifiantes comme l'augmentation du prix du beurre. Et c'est tout juste s'il supporte la présence encombrante de ses deux enfants Billy 7 ans et Lorna 11 ans. Il se souvient de sa propre enfance, quelques années avant la première guerre mondiale. Quand celle-ci éclate, il est incorporé dans l'armée et se retrouve vite sur le front, dans l'enfer des tranchées. Une blessure assez légère lui permet d'échapper à la mort. En effet, quand il sort de l'hôpital, il se retrouve affecté à surveiller un dépôt de réserve de nourriture, comme oublié dans un coin perdu de la côte sud de l'Angleterre. Il y restera à bouquiner jusqu'à l'armistice. Pour l'heure, il souhaite s'octroyer une petite semaine de vacances pour retourner seul dans la ville de son enfance où il n'a pas mis les pieds depuis au moins 20 ans…
« Un peu d'air frais » est un roman naturaliste et social retraçant une partie de la vie d'un anti-héros, personnage relativement sympathique en dépit de ses nombreux défauts (lâcheté, égoïsme entre autres). Par certains aspects, il pourrait même être un lointain avatar de l'auteur qui eut une vie bien différente d'ailleurs. Avec cette histoire simple et un brin nostalgique, le lecteur se retrouve assez loin de l'univers oppressant de totalitarisme de « 1984 » et pourtant… Orwell y analyse très finement les problématiques sociales de l'époque comme le drame des petits boutiquiers condamnés à disparaître avec l'arrivée de pimpants magasins à succursales multiples, ou comme la propagande de guerre qui fit imaginer comme fraiche, juste, courte et joyeuse une guerre qui ne fut qu'une horrible, monstrueuse et interminable boucherie. Survivant de ce suicide collectif, le héros en devient imperméable aux arguments bellicistes d'un jeune conférencier alertant contre le danger représenté par la montée en puissance d'un certain chancelier allemand. Livre très bien écrit. Très agréable à lire et très intéressant d'un point de vue historique et social, car très objectif sur la réalité de la « Belle époque » dans la classe des petites gens honnêtes. Une plongée dans un monde disparu.
Lien : http://www.bernardviallet.fr
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Le monde d'hier peut déjà être le monde d'avant-hier... L'avant guerre en fait l'avant avant guerre... Un oeuvre visionnaire, magistrale, géniale, incroyablement en avance sur son temps, à mon sens un livre majeur de l'histoire de la littérature!
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Bien sur George Orwell
Une histoire tres ordinaire d un gars encore plus ordinaire un vie simple juste avant la guerre mais écrite par un grand écrivain... Voila la différence
J ai bien aimé sa facon de voir la vie et le monde. Juste avant la guerre ses pensées ses reves.. Son dentier etc ... La peche lorsqu il nous en parle il fait envier tout les amteur... wow
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