20 heures. Quartier La Campagne.
Solo descendit d'un taxi reconnaissable à ses larges bandes rouges et blanches. Il se dirigea vers un groupe de jeunes hommes paumés qui bavardaient sous un lampadaire sur le capot d'une voiture posée sur des cales de bois.
— Salut les gars ! Vous savez où il est, Tito ?
— Il est chez Thierry, répondit l'un d'eux.
Solo s'en doutait.
Thierry était un dealer de yamba du quartier. Tous les petits durs que comptait le secteur se retrouvaient chez lui le soir pour fumer un joint à l'abri des curieux (…)
Le colonel Tchicot traîna jusqu'à la fenêtre. Les mains en poche, il regarda la piétaille sur le trottoir et les ouvriers qui s'activaient sur le veux bâtiment du cinéma "Le Komo". C'était l'un des derniers cinémas de la ville. Les autres avaient fermé et étaient devenus des églises de réveil qui poussaient un peu partout dans la ville comme des champignons.
Koumba ne lui avait pas demandé sa carte d’identité nationale car il savait d’expérience que c’était un étranger comme la plupart des taximen qui écumaient les rues de Libreville. Un pigeon à plumer. C’était un Béninois. Les types étaient connus dans la capitale pour être des « peignes afros ». Et des insolents. Mais avec Koumba, il allait devoir nicher en veilleuse sa grande gueule et mettre la main à la poche. Et pas pour des clopinettes. Mais ça, il ne le savait pas encore, le pauvre indigène !
Koumba avait vu les quelques photos qu'elle lui avait présentées. Franchement, elles étaient cochonnes. Sodomie, brouette, écrin à bijoux, tape-cul, approche du tigre, vignes enlacées, cerf en rut... Koumba aurait sûrement flingué sa femme si c'était elle qui se retrouvait sur ces fichues photos. Il en était sûr et certain. Putain. Malgré ses quarante ans au compteur, Ginette baisait encore comme une gossette de vingt ans, s'était-il permis de penser.
Babette était une cinglée. Une véritable amazone. Elle n'avait pas froid aux yeux. Son histoire était presque la même que celle de toutes les fausses Blanches qu'on pouvait croiser dans cette vile.
Babette n'avait pas connu son père, un coopérant Blanc-manioc qui était rentré dans son pays quelques mois avant sa venue au monde. Sa maman en avait souffert car il lui avait fallu supporter le regard des autres. Elle était morte quelques mois après la naissance de Babette. Et Babette s'était retrouvée de matin bonheur seule dans la vie. Elle avait été recueillie par un de ses oncles alcoolo qui la prenait dans son lit pour la doublure de sa femme qu'il venait de perdre lui aussi, dès les prémices des seins de sa nièce. Puis le drame était arrivé. Un soir, elle l'avait coutoyé dans le dos. Et la déchéance avait commencé. Elle avait fait six mois de taule. Et à sa sortie, elle n'était plus la même.
Qui mange une noix de coco fait confiance à son anus
Quand le pangolin et le varan se battent, toi l’écureuil, ne t’en mêle pas
L’affaire qui devait être une balade de santé comme l’autre fois allait camembérer comme des œufs pourris.