Trois ans de taule pour une bagarre, c'est cher payé même en Francs CFA. Enfin bon, il est temps de tourner la page. Sauf que Solo, c'est son nom, il aime bien ambiancer à la tombée de la nuit, caresser la croupe des gazelles, mais pour ça il faut aussi de la thune. Alors Solo doit replonger dans ses fréquentations, son cousin Tito qui lui a tout appris et qui lui demande juste de voler une caisse, de passer par l'essenserie pour remplir le réservoir et de l'attendre... Une histoire simple, un coup à se renflouer rapidement. D'ailleurs il touche une avance. Et le soir même, c'est chaud l'ambiance. Trois ans qu'il n'avait pas levé une femme, mais pas une de ces gossettes où il faut allonger de l'argent juste pour voir leur string, alors qu'on ne s'est même pas allongés... Sodomie ou brouette, nuit chaude femme cochonne. Une lune bleue dans le maquis, nuit cochonne femme chaude.
Aaaahhh... Combien d'années que je n'avais pas mis les pieds à Libreville... La nostalgie me prend, les souvenirs refont surface, immergé que je suis par la poussière de latérite qui se soulève de la route au passage des RAV4 noirs ou des BMW grises. Je tourne le dos au soleil, l'hypermarché Mbolo où des vendeuses d'arachides s'alignent le long de la route, l'avenue
Jean-Paul II si propre la journée, si chaude la nuit (si feu le pape savait ce qu'est devenu son nom). Ambiance nocturne, je m'assois dans mon dos-tourné habituel, une musique d'IAM crachée d'une grosse berline au ralenti, La vie est belle, le destin s'en écarte / Personne ne joue avec les mêmes cartes / le berceau lève le voile, / Multiples sont les routes qu'il dévoile / Tant pis, on n'est pas né sous la même étoile, je mange mon riz-yassa. Derrière-moi, c'est le défilé des belles, des gossettes et des femmes plus mûres, avec toujours cette même envie de caresser ou d'ouvrir leurs cuisses tarifées. Aaaahhhssez parlé de ma vie, j'ai envie de me dire que j'ai partagé une cour d'école avec un grand écrivain,
Janis Otsiemi, revenons au Gabon. Revenons à toutes ces magouilles.
Et il n'y a pas à dire, l'auteur n'a pas peur de dénoncer, dans la truculence de la langue africaine, les travers de sa société, gangrenée à l'extrême par l'argent. La thune, au centre de tout, du gamin au premier ministre. La corruption, l'activité la plus lucrative du pays. Tout se paie en pots de vin, tout s'achète en billets sous le manteau. du braquage au maraboutage. Dernier point, des jeunes garçons sont kidnappés, leurs corps retrouvés mutilés avec leurs attributs coupés. Une affaire de plus pour la PJ. C'est une histoire sale dans laquelle va tremper Solo, mais ça tu t'en doutais déjà. Pour ambiancer toute la nuit, il faut se donner les moyens…