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sur 360 notes
Sonietchka n'est pas très jolie, mais ce n'est pas un problème car Sonietchka est passionnée par la lecture.
L'impensable pourtant se produit, lorsque Robert emprunte des livres dans la bibliothèque où elle travaille, et que Sonietchka abandonne la lecture pour l'épouser.

Un mariage, suivi d'une maternité presque miraculeuse, qui épanouit la jeune femme au delà de toute attente. Robert et leur fille Tania sont vraiment ce qu'elle attendait de la vie. de son côté Robert, l'artiste peintre qu'une relégation pour son esprit trop libre avait détourné de son travail le reprend, et s'amuse malgré les aberrations et les tracas du système soviétique. Sans aucun doute Robert et Sonietchka sont heureux. Et même quand Robert la trahit, Sonietchka salue le destin pour avoir donné à son mari vieillissant une belle jeune femme à aimer et à peindre.

C'est avec un humour irrésistible que Ludmila Oulitskaïa, dans une société soviétique inquisitrice et tracassière, brosse le portrait d'êtres terriblement attachants — l'altruiste et généreuse Sonietchka qui voue un amour inconditionnel à sa fille, son mari et la maîtresse de celui-ci. Robert et sa puissance créatrice que rien n'arrête, pas même un système visant à éliminer les gens comme lui. Tania, jeune fille résolument libre, et son opportune et bien séduisante amie à qui on a envie, comme eux, de tout pardonner.
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J'ai emprunte ce livre, l'edition bilingue de Folio, a un des copains chez qui je me ravitaille habituellement.
-Tu l'as lu en russe?
Il me repond en un jargon inconnu. A son sourire angelique je comprends que c'est un collier d'obscenites. Je lui rends mon plus soigne rictus ironique et je lui fauche un deuxieme livre, pris au hasard. A petit crime petit chatiment.


Cette edition contient une preface de l'auteure ou elle s'etend sur ses antecedents juifs. Depuis son arriere- arriere- grand-pere, elle les decrit tous un livre a la main, la Bible ou un quelconque traite de morale religieuse. Et cette preface m'a pousse a relever certains details du livre, auxquels j'aurais prete moins d'attention sans elle, autres que l'amour de la lecture, qui est un de ses themes principaux.

C'est le recit d'une vie relativement tranquille, en des temps difficiles. Et tous les accents que j'ai economises ailleurs doivent etre mis sur relativement. Sonietchka, une jeune femme assez disgracieuse, trouve l'amour. Son mari est un peintre qui avait quitte (avait fui?) l'URSS et apres avoir tourne un peu partout est revenu. Persona non grata, on l'exile quelque part en Asie et elle le suit par amour. Ils arrivent a vivoter, se debrouillant meme une maison assez vaste. Les annees passent, leur maison etant destinee, comme tout l'entourage, a la demolition, on les reinstalle dans un tout petit appartement en ville. Ils continuent a vivoter, on lui alloue meme un atelier ou il peut peindre a sa guise. Leur fille, une jeune qui se veut libre, amene une amie a la maison, une jeune fille qui a du jusque la se prostituer pour vivre, et a elle aussi on trouve une place dans ce petit appartement. Oups! le mari aussi lui trouve une place dans son coeur et nous avons droit a un triangle amoureux pas tout a fait classique, avec separation partielle et consentement total. Sonietchka, a l'ebahissement de tout son entourage, trouve que son mari merite un amour de vieillesse. Quand il mourra, elle se demenera pour qu'il aie droit a un hommage et un enterrement dignes de lui. Et sa fille partie a Petersbourg, puis avec le temps en Israel, elle finira sa vie sans regrets, se refugiant dans la lecture.


L'ecriture, qui se veut simple, sied a merveille a l'histoire de cette simple femme, une survivante, a l'endurance plus solide que toute revolte. Et revele en filigrane, sans s'appesantir, l'aprete des temps.

En filigrane aussi, nous sont presentees des identites feminines differentes, pas seulement fruit d'epoque differentes. Comme une legere etude sur les conditions des femmes et leurs changeantes adaptations.

En filigrane aussi, la sovietisation, la dejudaisation si l'on veut, du judaisme russe. Sonietchka, diminutif de Sophia Iossifovna, Sophie fille de Joseph, est d'une ascendance juive dont elle n'a que faire. Mais quand elle recueille la jeune fille qui lui volera son mari, elle le fait comme une “mitsva, une bonne action, et pour elle qui, au fil des annees, percevait de plus en plus distinctement ses origines juives, c'etait a la fois une joie et un devoir agreable a remplir”.
Son mari, Robert Victorovitch, en fait "Ruwim, le fils d'Avigdor", a eu “des revirements foudroyants et joyeux du judaisme aux mathematiques”. “Dans sa jeunesse, Robert Victorovitch avait ete lui aussi au centre d'un tourbillon de courants invisibles, mais c'etaient des courants d'une autre nature, intellectuelle. [...] Durant ces annees cruciales de l'avant-guerre, ce petit cercle d'adolescents juifs precoces, des teen-agers, comme on dirait aujourd'hui, etudiaient non le marxisme, alors a la mode, mais le Sepher ha-Zohar, le Livre des Splendeurs, le traite fondamental de la cabale”.
Un de ses amis peintres, Timler, “fils d'un menuisier de village, avait fait deux ans d'etudes dans un kheder (ecole religieuse juive)”. Devant le triangle amoureux de son ami il s'exclame: “Que c'est beau!... Lea et Rachel… Je n'avais jamais realise a quel point Lea pouvait etre belle…” (Dans la Bible, ce sont les deux femmes de Jacob, Rachel etant la plus belle et la plus aimee. Dandine).


Je serais passe outre ces details sans la preface de l'auteure. Je leur ai donne peut-etre trop de place sinon trop d'importance, mais je suis convaincu, en fin de lecture, que ce livre n'est pas seulement une belle histoire russe, pas seulement un touchant portrait de femme, mais aussi, bizarrement, l'hommage de l'auteure a ses ancetres, ces juifs qui avaient toujours un livre en main.
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Sonietchka de Ludmila Oulitskaïa
Sonietchka avait lu sans discontinuer de ses sept ans à ses vingt ans, « elle tombait en lecture comme on tombe en syncope », pour elle, les personnages imaginaires existaient. C'était l'époque finissante de la NEP. Elle ne s'en préoccupait point, vivant entre le très suspect Dostoïevski, l'ombreux TOURGUENIEV et le sous estimé Leskov. Elle obtint un diplôme de bibliothécaire. La guerre éclata et elle fut déplacée à Sverdlovsk …dans le sous sol d'une bibliothèque! C'est là qu'elle rencontra Victor, un peintre beaucoup plus âgé qu'elle, qui cherchait la liste des auteurs d'ouvrages en français. Elle lui prêta trois livres et deux jours plus tard il revint…lui demander sa main! Au milieu de la désolation des lieux et de la misère, un Robert à bout de forces après cinq ans de camp et une Sonia fragile entament une vie commune, car elle avait accepté de l'épouser! Une Tania naîtra de cette rencontre, Robert exerça des petits métiers, Sonia fit de la couture avec une machine héritée de sa mère. Sonia se demandait chaque comment elle avait fait pour mériter un tel bonheur. Robert ne peignait plus mais composait des jeux étranges, avec des copeaux de bois et du papier, pour sa fille, c'était un artiste étonnant.

Quel superbe portrait de femme nous propose Ludmila Oulitskaïa, sa Sonietchka est une femme lumineuse, résiliante dans une URSS imprévisible, au gré des déménagements et des vicissitudes de leur vie de couple. Un petit livre de 110 pages, une écriture précise et maîtrisée, une très belle découverte.
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Femme effacée et solitaire au physique ingrat, Sonia se plonge dans la littérature depuis l'enfance pour se couper du monde. Elle puise dans la lecture des envies d'ailleurs.

Lorsqu'elle rencontre Robert, un peintre plus âgé, elle ne se rend pas compte de l'émoi qu'elle suscite chez cet homme. Leur mariage vient combler le vide de son existence. Dans cette nouvelle vie consacrée à son époux, elle trouve l'apaisement. Ce nouveau bonheur conjugal lui semble irréel. Elle se dédie complètement à son foyer et à son mari dans un oubli d'elle-même et de ses aspirations. Les trahisons et les obstacles de la vie viendront-ils perturber cette douce sérénité ?

Dans le décor de l'après-guerre soviétique, Ludmila Oulitskaïa nous dresse un portrait de femme au destin cruel. Sonia ne s'est jamais départie de son optimisme malgré l'adversité. Si j'aurai aimé que le texte soit davantage étoffée, j'ai passé un agréable moment de lecture en compagnie de Sonia.
Lien : https://memoiresdelivres.fr/
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J'ai découvert ce roman au détour des retrouvailles avec mes premières amours : le célèbre bouquiniste de Nancy ! Ayant fait mes armes dans la ville du bon roi Stanislas, j'ai au moins eu le plaisir en ces temps d'incertitudes de réaliser que certaines choses demeurent immuables ! Bien entendu, comme mes élucubrations personnelles n'éclairent en rien mon avis sur le roman, c'est de ce dernier que je m'apprête à vous parler ici. J'ai, en tournant les pages, eu la sensation étrange de retrouver une version remasterisée de grands écrivains tel que Tourgueniev, Dostoïevski ou encore Tolstoï. Toutefois, l'écriture conserve, à ne pas douter, une réelle pointe de cynisme délectable. Une histoire tragiquement banale où le destin d'une femme vieillissante est bouleversée. J'ai particulièrement admiré la dignité qui transpirait du personnage de Sonia. L'auteur réussit avec brio à mêler sentiments et petitesse tout en présentant une histoire qui tire sa richesse de la complexité des sentiments humains. le récit est si bien mené qu'on finit par s'éprendre d'affection pour cette situation irréaliste. Je recommande vivement cette lecture !
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Russie, dans les années 1910. Sonia vit encore chez ses parents. Elle a vingt-sept ans et ne se plaît que dans la lecture et la solitude. La journée, elle travaille dans une grande bibliothèque municipale où elle trouve plaisir à manipuler les livres. C'est là qu'elle rencontre un beau jour Robert. L'homme cherche des ouvrages de littérature française. Sonia s'engage dans cette recherche avec plaisir et trouve ce qu'il lui faut.
Victor revient quelques jours plus tard. Il demande Sonia en mariage.
Il est peintre. Elle est rêveuse. Ils auront une fille, et mèneront une vie de découvertes et de voyages avec beaucoup de sérénité.

C'est alors que la lecture, si chère à Sonia, vient au second plan. Sa vie est celle des déplacements en Europe, en Afrique et en Russie. Puis, après le temps de la guerre, du deuil, et des trahisons, il y a celui des rencontres, de la culture et de l'évolution sociale.

Sonia se plaît dans ce rôle de mère et d'épouse. C'est une femme mystérieuse, douce et calme sachant s'adapter aux changements de vie que lui imposent Robert. "Sonietchka" est un beau portrait de femme discrète et passionnée.

Après "Ce n'était que la peste", il s'agit de ma deuxième rencontre avec Ludmila Oulitskaïa. J'ai beaucoup aimé ce roman abordant les thèmes passionnant des livres et de la famille dans la Russie du XXème siècle.

Une excellente lecture.

Lien : http://labibliothequedemarjo..
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J'ai été profondément mal à l'aise pendant ma lecture. Si au début le style d'écriture m'a emportée je me suis retrouvée à fermer le livre et le jeter lors de l'apparition du personnage de Jasia. le fait que la relation que le mari entame avec cette gamine ne pose problème à personne dans le livre m'a révoltée. En plus cette relation est présentée comme allant de soi, et est même valorisée comme étant un heureux évènement pour toute la famille. Bref, j'ai pas du tout aimé, alors que je m'était laissée séduire par un autre titre de l'autrice "Ce n'était que la peste". J'espérais retrouver ici ce qu'y m'avait plu dans l'autre livre et ça n'a pas été le cas.
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Spectatrice de son destin, Sonietchka, passionnée de lecture, n'attend rien de la vie dont les vicissitudes semblent glisser sur elle. Une histoire qui pourrait être plate si elle ne recélait en elle des clés de lecture plus profondes: l'écriture de Lioudmila Oulitskaïa épouse la froideur des constructions soviétiques et, dans ce dépouillement les personnages ressortent en premier plan, d'autant plus éclairés que le contexte est désolant.
Les livres sont-ils une fuite ou un refuge pour Sonietchka dont toute la vie ne semble avoir été qu'une grande parenthèse? La réponse se trouve en chacun de nous, car prenant le contrepied de cette interrogation, seul l'amour permettra à Robert, son mari, de retrouver le goût de peindre...
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Soniaetchka m'a été conseillé par une amie et je l'en remercie ; je ne connaissais pas du tout cet auteur.
J'ai donc abordé ce court roman (une centaine de pages) comme juste une parenthèse, avec impatience.

Pour toile de fond, la Russie des années 40 à 60. L'étatisme, la misère profonde et la censure, il en sort également une création artistique effrénée et passionnée. Roman qui aborde le portrait 3 de femmes comme autant de visages d'une Russie changeante.

Sonia personnage obsédé de lecture, dénudé de toute méchanceté, empathie assurée pour autrui m'a beaucoup plu.
Un court moment de grâce comme la littérature russe sait en produire !
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Une héroïne russe qui subit sa vie, cherche des petits bonheurs dans son devoir d état et les personnes qu'elle aime vivent leur vie avec leur passion, la peinture.
Le lien de cette femme avec la littérature est très beau mais ses contradictions ne sont pas assez exploitees par l auteur à mon goût.
Livre vite lu, l'univers si pauvre est bien décrit, c est la Russie...
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