Antoine Ozanam dit qu'il n'a pas voulu manquer le rendez-vous avec
Anne Frank. Il en a donc fait une interprétation en bande dessinée sur cent-trente pages.
Le visage d'Anne est omniprésent, léger, peu dessiné et souvent représenté de profil ce qui lui donne un petit air pointu qui lui va bien. le livre commence avec des alternances de couleurs rose, mauve, gris qui progressivement deviennent plus neutres allant de plus en plus vers le gris voire le noir de la totale obscurité. La vie d'Anne perd peu à peu ses couleurs, les formes se font minimalistes. Des silhouettes glissent comme des ombres chinoises : les huit habitants d l'annexe, avec des gros plans pour illustrer les humeurs de chacun, douceur souriante de Peter van Daan, énervements un peu hystériques de sa mère (« Madame »), gentillesse de Patti (Otto Frank), morosité parfois énervée de Madame Frank et – surtout- humeurs changeantes de cette ado qui passe d'un bel optimisme au plus secret désespoir et, par moments, se plonge dans une sorte d'auto-analyse bien au-dessus de son âge.et se cache jusqu'à la fin de la guerre. Emigre au Canada en 1955.
Anne , en vrai écrivain, restitue les ambiances de la vie en cercle fermé pendant plus de deux ans. Ainsi, elle évoque les humeurs de chacun, les moments de tension, mais aussi le fol espoir qui accompagne les différents débarquements alliés, qui précéderont de peu la catastrophe : l'arrestation par les SS le 4 août 1945.
Les textes, eux, s'inspirent largement du texte original mais l'idée de vouloir les moderniser agace un peu et ne se justifie pas. Nous savons tous qu'Anne ne s'exprimait pas comme une ado de 2016. Plus ennuyeuses sont les fautes d'orthographe et de français du texte. Il y en a un certain nombre et une relecture sérieuse aurait pu les éviter. D'autant plus regrettable que cette BD, je suppose, est en grande partie destinée aux enfants et aux adolescents.
En revanche, il est très intéressant de trouver en fin de volume des informations qui ne figurent pas dans l'édition de 1947 :
la version de 2001 est non expurgée : les passages supprimés lors de la première édition sont rétablis.
On apprend que les habitants de l'Annexe ont sans doute été dénoncés. En effet, il semblerait que les SS soient allés directement à l'Annexe, déplaçant l'armoire tournante qui en masquait l'entrée.
L'auteur donne des informations précieuses sur le texte d'Anne et, notamment, le fait qu'elle a changé tous les noms des habitants de l'Annexe. La liste des noms authentiques est donnée avec le devenir de chacun des personnages (lieux de déportation, transferts, décès et, quand c'est connu, la cause de leur mort).
Information sur les survivants : amis et soutiens des habitants de l'Annexe, récit de la fin de vie d'Otto Frank, seul survivant de la famille.
Il existe plusieurs versions du journal,
Anne Frank a réécrit certains textes.
Des individus ont tenté de faire douter de l'authenticité des textes d'
Anne Frank, ils ont été condamnés suite aux poursuites de la Fondation
Anne Frank.
Ce livre est utile dans la mesure où il permet d'informer et de susciter la réflexion chez les adolescents. A mon avis, il ne peut en aucun cas (et l'auteur ne le prétend pas) remplacer la lecture du journal, c'est une illustration honnête, qui reprend bien ce qui fait l'intérêt de ce témoignage historique qu'est
Le Journal.