AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,76

sur 29 notes
5
4 avis
4
3 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Bretonne, historienne et philosophe, Mona Ozouf introduit son étude en remerciant l'institutrice qui lui a révélé George Eliot et son père dont la bibliothèque est un monument bâti à la gloire de la Bretagne et à sa culture multi-séculaire. L'homme étant un héritier, je regrette donc que les origines des deux George, Eliot et Sand, ne soient pas davantage visitées dans cet ouvrage par ailleurs remarquable.

L'historienne rappelle la fracture induite en 1829 par « la question catholique », la chute de Wellington, la mort de George IV, qui bascule le Royaume Uni de l'époque agraire, assise sur la propriété de la terre, à l'époque industrielle, avec les chemins de fer et les fortunes développées sur les titres boursiers.

L'emprise du passé est le cadre dans lequel s'insère le Moulin sur la Floss » ; les aménagements du présent structurent Middlemarch ; l'imagination du futur dessine Daniel Deronda.

Mais George Eliot et son modèle George Sand ne sont pas uniquement témoins de leur temps, elles sont acteurs et leurs plumes au service d'une éthique, d'une politique et d'une culture proposent aux femmes d'épanouir leurs talents dans une autonomie, une liberté et une créativité et leur ouvrent des domaines « non encore cartographiés » et leur offrant de vivre ainsi un amour responsable dans l'égalité et la complémentarité des sexes.

Avec beaucoup de finesse psychologique, et une ironique cruauté, Mona Ozouf se penche sur l'épaule de Casaubon rédigeant sa demande en mariage pour Dorothea, en se concentrant égoïstement sur ses propres travaux et loisirs oubliant ainsi des millénaires de civilisation occidentale qui ont gravé dans le marbre le tiercé gagnant « vous, je, nous » qui dicte toutes les déclarations d'amour. Cette seule page du chapitre «l'artiste » justifierait l'acquisition de ce folio.

Cette rencontre avec les deux George m'a enchanté par sa subtilité et sa culture qui suggèrent de lire ou relire les romans de ces ceux grandes dames.

PS : mon ressenti du Moulin sur la Floss
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          830
"(...) dans l'oeuvre d'Eliot, Fernand Brunetière voyait "le plus bel épanouissement littéraire" après -La Comédie humaine, Charles du Bos égalait -Middlemarch à Anna Karénine,
Proust disait ne pouvoir lire deux pages d'elle sans pleurer. Et je plaiderais pour apporter quelques fleurs à cet immense génie. Car aujourd'hui ces voix louangeuses se sont tues, en France du moins. Et beaucoup de mes amis, grands lecteurs pourtant, parmi lesquels une très fine romancière, me demandant perplexes, après s'être enquis de mon travail : mais qu'est-ce qu'il a écrit, au juste,ce George ? (p. 19)"

Quelle belle entrée en matière que cet extrait dithyrambique... en hommage en effet à George Eliot [ de son vrai nom, Marian Evans], aussi talentueuse que l'autre George [ Sand] !

Très joyeuse de cette découverte au fil d'une flânerie... double petit bonheur entre mon intérêt pour l'historienne-philosophe, Mona Ozouf, ainsi que ma curiosité très lointaine pour George Eliot [ le Moulin sur la Floss et Middlemarch... sont dans les listes d'attente, et lacunes à combler depuis des lustres, me semble-t-il !!]qui va être nourrie généreusement,
car curieusement Mona Ozouf a cette romancière anglaise dans son Panthéon personnel... depuis une éternité. Ce qui m'a fait aussi très plaisir d'apprendre... que cet enthousiasme pour cette auteure a été induite, provoquée par une professeure de français de Mona Ozouf, qui n'était autre que Renée Guilloux, épouse de l'écrivain, Louis G.

Mona O. nous raconte la longue et fidèle fréquentation des textes de George Eliot, étudie en détails trois de ses romans : "Le Moulin sur la Floss", "Middlemarch" et "Daniel Deronda"...

un très beau livre... à la fois "érudit", passionné et plein de sensibilité sur la femme, la moraliste, et l'artiste qu'était George Eliot... Compagnonnage littéraire, féministe et social des plus prenants... qui s'achève par un parallèle entre les deux George, l'Anglaise et la Française....

Ouvrage à ne pas manquer pour tous les amoureux de Littérature, de romanesque... qui englobe un large miroir d'une société donnée...avec le portrait mouvementé d'une femme déterminée, qui s'est battue pour écrire et devenir Ecrivain, sans les barrières sexistes [ ce qui l'a incité à prendre un pseudo masculin... pour gagner en liberté et échapper aux jugements stéréotypés de l'époque...]

"Pourquoi le choix d'un pseudonyme masculin ? Une femme déjà, dont Lewes et Marian [ George Eliot ] aimaient les livres brûlants, les avait publiés sous un énigmatique nom de plume. Avaient-ils à l'esprit l'exemple de George Sand ? Sans doute, puisque les deux femmes ont emprunté à leur amant, l'une la moitié d'un nom, l'autre l'entier d'un prénom. Et toutes deux, pour couper court au procès de tromperie qui les attendait l'une et l'autre, ont usé du même argument : si elles se sont masquées, c'est pour que leurs livres soient jugés selon leurs mérites propres. (p. 160-161)

A la fin de l'ouvrage, une double bibliographie nous est proposée: les traductions en français, d'un côté et de l'autre, des biographies et des essais en anglais sur l'oeuvre de George Eliot...

Une lecture foisonnante qui mêle autobiographie, histoire littéraire, Histoire des mentalités ainsi qu'un hommage sans pareil à George Eliot, comme la "Résurrection" d'une auteure, méritant d'être redécouverte ou plus exactement, lue plus largement !!...

Deux curiosités plus vives se dégagent après cette lecture : l'envie de lire (enfin !) le "Moulin sur la Floss" et "Daniel Deronda"... dont je ne connaissais pas l'existence, avant ce texte de Mona Ozouf !
Commenter  J’apprécie          372
Un ouvrage très pédagogique, fouillé, détaillé mais pas pesant, qui analyse l'oeuvre et la vie de George Eliot à travers ses romans, tout en mettant en parallèle son parcours avec celui de George Sand. Deux femmes qui ont pris un nom de plume masculin pour être prises au sérieux (que leurs écrits ne soient pas jugés en fonction du genre de leur autrice), qui ont vécu des vies hors normes, que ce soit par leur éducation ou leurs choix de vie qui furent scandaleux pour l'époque. L'anglaise et la française sont mises en perspective dans la dernière partie du livre, mais l'organisation de l'ouvrage est faite de telle sorte que les différents romans de l'anglaise sont convoqués au fur et à mesure pour illustrer les différents angles de l'analyse de sa vie.
Je n'avais lu qu'un des romans (avec plaisir) de George Eliot lorsque j'ai choisi de lire cette étude, mais je vais maintenant, avec beaucoup plus de contexte en tête, lire le reste de son oeuvre !
Commenter  J’apprécie          20
Quel plaisir de mettre ses pas de lectrice dans ceux de Mona Ozouf. Elle croise si habilement les vies, les caractères, les émotions, les idéaux avec les contraintes historiques et les choix littéraires qui font les écrivains et en particulier, les écrivaines du XIXème siècle qui ont ouvert la voie et fait entendre leur voix bien personnelle. Un livre de croisements très efficace par la beauté de la phrase et la simplicité avec laquelle Mona Ozouf transmet à la fois, un immense savoir et une perspicacité de lectrice habile et convaincante.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1721 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}