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Critique de paulmaugendre


Tous les ans, la famille Fontaine passe les vacances au hameau de la Rougemurière, près de Chauché en Vendée, d'où est originaire la mère. Jean et Michel, les jumeaux retrouvent avec plaisir ce petit village de quelques maisons réparties de part et d'autre de la route. Et surtout les cousins et cousines et leurs camarades de jeux.

Les années se déroulent dans la joie et la bonne humeur même si parfois il y a de petites anicroches. Par exemple Michel n'apprécie pas qu'on l'appelle Michou. Un détail. Jean et Michel s'amusent à échanger leurs vêtements afin de perturber les anciens, une mystification qui ne prête pas à conséquence.

La bonne entente entre Jean et Michel va se fissurer lorsque la famille Sauvage, des Parisiens comme eux, achètent une vieille bâtisse en décrépitude depuis des années et considérée comme hantée. Mais Michel le plus hardi, Jean et autres l'ont déjà visitée, à leurs risques et périls. Les Sauvage retapent la bicoque à deux étages, vont à l'église en compagnie de leur fille Sylvana qui communie. Au grand étonnement de Michel, alors qu'elle paraissait distante, frêle, blanche, en se dirigeant vers le curé, après avoir ingéré l'hostie, elle est transformée, rayonnante.

Sylvana s'intègre facilement dans la petite communauté des gamins. Elle leur est reconnaissante pour avoir défendu son vieux chien des coups de bâton administrés par un malotru. Jean et Michel ont quatorze ans et tous deux sont subjugués par cette fille qui est un peu à part des autres gamines, délaissant presque Caroline dont ils étaient vaguement amoureux. Surtout Michel qui jette son dévolu sur Sylvana. Lors d'une fête elle discute beaucoup avec Jean mais accepte néanmoins de danser un slow avec Michel. Il en est tout retourné. La fracture entre les jumeaux s'étend.

Lors d'une fête de village où tous sont rassemblés, déjeunant sous un barnum, Caroline et Sylvana proposent une partie de cache-cache, les garçons, Jean et Michel, devant chercher les filles, Caroline et Sylvana. Seulement, elles sont si bien dissimulées qu'ils reviennent bredouilles. Quant aux filles, elles se sont perdues. Tout le monde les recherche mais au petit matin, seule Sylvana réapparaît, en sang, écorchée et griffée. Caroline est retrouvée morte, ainsi que plus loin son vieux chien.



Michel narre cette aventure mais en incrustation Sylvana prend la parole, se dévoilant. Elle sait qu'elle est un vampire, et la communion n'a pas eu les effets escomptés. Elle doit apaiser de temps à autre ce besoin, cette soif de sang.

Les années passent et Michel ressent de la jalousie envers Jean, trop présent, trop affectueux, trop proche de Sylvana. Mais il ne sait pas que la jeune fille, après s'être confiée et rabrouée auprès de la grand-mère des deux adolescents, a avoué son problème à Jean. Et que celui-ci lui a offert d'être son donateur lorsqu'elle est en manque.

Que vont devenir Sylvana, Jean et Michel ? Dès le préambule, le lecteur connait une partie de l'épilogue puisqu'il déclare :

Les faits sont là : Sylvana, ma femme, était un vampire, une de ces créatures qui ont pour survivre un besoin régulier de sang humain. Jean, mon frère, était sa victime, une victime consentante qui s'offrait avec joie, avec amour.

Les faits sont là, immensément ridicules dans leur énoncé figé : Jean est mort et Sylvana s'est suicidée.



Donc, dès le début du récit le lecteur est prévenu. Il sait à quoi s'attendre et pourtant il découvre avec impatience, effroi et attendrissement cette histoire émouvante. La montée en puissance, les jeunes années puis l'âge ingrat, et enfin ce besoin irrépressible de sang de Sylvana, le courage, la tendresse, l'amitié, voire l'amour en demi-teinte de Jean envers Sylvana, l'incompréhension de Michel attisé par la jalousie, et les personnages annexes dont Christine la petite amie de Jean qui ne comprend rien aux événements auxquels elle assiste.

Jean et Michel les jumeaux si fusionnels mais qui au fil des ans se démarquent, Jean le sage et Michel le boute-en-train. Malgré leur gémellité, l'un cache à l'autre ce secret sanglant et ce qui suit est irrévocable.



Ce roman, le premier de cette Comédie inhumaine comme l'a si bien définie Jean-Daniel Brèque, lorgne du côté de Georges Coulonges et de Christine Renard, pour des raisons simples et personnelles qu'André-François Ruaud indique dans sa préface à la réédition en volume omnibus dans la Bibliothèque du Fantastique au Fleuve Noir.

Mais je me permets toutefois d'y ajouter, au moins trois noms proches de cet univers pagelien, ceux Alexis Ponson du Terrail, d'Alexandre Dumas et de Claude Seignolle. En effet, que ce soit dans La Baronne trépasséeDe Ponson du Terrail, des histoires fantastiques dont La dame pâle de Dumas, ou encore les nombreux contes puisés dans les légendes des provinces françaises par Claude Seignolle, on retrouve cet aspect romantique imprégné de terroir qui englobe l'histoire narrée par Michel Pagel et qui, outre le thème fantastique développé avec sobriété, pudeur et retenue, est une magnifique histoire d'amour.



Ce roman a été réédité à plusieurs reprises dans des volumes omnibus dans les versions suivantes :

La Comédie inhumaine. Bibliothèque du Fantastique. Editions Fleuve Noir. Novembre 1998. Contient :

1 - André-François RUAUD, Préface, pages 9 à 21, Préface

2 - Sylvana, pages 25 à 191, Roman

3 - le Diable à quatre, pages 195 à 400, Roman

4 - Désirs cruels, pages 403 à 591, Roman

5 - le Samouraï, pages 595 à 613, Nouvelle

6 - Ce n'était qu'un rêve, pages 617 à 631, Nouvelle

7 - André-François RUAUD, Bibliographie des oeuvres de fiction de Michel Pagel, pages 633 à 637, Bibliographie



Nuées ardentes, suivi de Sylvana. Collection Fantastique N° 6378. Editions J'Ai Lu. Octobre 2002.



Réédition Les Moutons électriques. Parution 15 mai 2020. 960 pages. 25,00€.

ISBN : 978-2-36183-620-7

Contient :

1 - Préface

2 - Sylvana.

3 - Nuées ardentes.

4 - le Diable à quatre.

5 - Désirs cruels.

6 - Les Antipodes.



Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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