Enregistrement du Live Facebook avec des auteurs de l'anthologie Nuits de Bretagne et l'une de ses illustratrices. Autour des textes de Quentin Foureau et de Louise Sbretana, nous parlons plus en détail de la région Bretonne, ses paysages, son passé, et ses légendes, en particulier l'Ankou et la fée Margot.
Références :
Anthologie Nuits de Bretagne aux éditions Luciférines
http://editionsluciferines.com/catalogue/nuits-de-bretagne/
Bibliographie :
Ouvrages généraux sur les contes et légendes :
LUZEL François-Marie, Contes populaires de la Bretagne, Terre de Brume, 1996.
MARKAEL Jean, Contes populaires de toutes les Bretagne, Ouest-France, 1978.
SEBILLOT Paul, Contes de Haute-Bretagne, Ouest-France, 2015.
CAMUS Dominic, Anthologie Contes magiques des pays de Bretagne, Coop Beizh, 8 tomes thématiques, de 2011 à 2017.
SEIGNOLLE Claude, Anthologie Contes, récits et légendes des pays de France, Omnibus, 4 tomes par régions, 2014.
Ouvrages sur les fées et le petit peuple :
CAMUS Dominic, Contes du petit peuple, lutins et farfadets, Ouest-France, 2015.
DUBOIS Pierre, L'Elféméride le Grand légendaire des saisons, Hoëbeke, 2018.
Sites web :
Intégralité des numéros de la Revue des traditions populaires (1886-1919) : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/cb344172122/date
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La veillée commença par des histoires de colporteurs qui, au temps de ses grand-parents, venaient en cachette proposer à domicile des allumettes de contrebande et des livres de magie, cachés sous un tas d'autres marchandises, elles permises. Ce trafic entraînait des histoires cocasses entre les gendarmes et les curés, ensemble aux aguets pour deux causes différentes. Les uns, parce que la vente des allumettes était interdite par une loi républicaine qui préservait les bénéfices de l'Etat, et les autres, par crainte de Dieu qui défendait qu'on mette les pouvoirs du diable entre toutes les mains.
Mais, d'allumettes en livres du diable, Eugène s'enflamma d'histoires à faire rôtir toute l'assemblée.
Le loup-garou parcourt sept communes chaque nuit, et cela pendant sept ans. C'est la punition du diable lorsqu'il n'y a plus de place en enfer.
Pourtant c'est une des moins pénibles car on peut s'en délivrer en faisant couler une seule goutte de son sang.
DAMNATIONS ET ENFER, Les loups-garous, DCXIX- Le liberou, p.548)
Le repas du soir commence par l’habituel silence qui aide les muscles à se détendre. Les deux lampes à pétrole sont posées chacune à un bout de l’épaisse table de chêne qui, usée à la longue des années par le frottement des coudes et des mains, ainsi que par les glissades des culs d’assiettes, semble recouverte de cire.
Sans hâte, la longue nuit s'écume enfin de pointes de jour qui pénètrent la chair légère des brumailles. Ce matin triste porte au flanc un grand trou silencieux où la vie peine à reprendre.
Le Diable en sabots.
Les premières gouttes se prennent dans les cheveux de Jeanne et de Blaise serrés l'un contre l'autre. Le gars s'efforce de protéger Jeanne en l'enveloppant de ses grands bras, mais il ne défait pas ses lèvres des lèvres de la fille. Les grandes flammes d'en-haut grésillent à l'échelle du Bon Dieu, ou du diable (allez savoir qui menace ainsi!...) Bientôt la pluie s'épaissit, elle meurtrit. Hargneuse, elle frappe ce couple qui reste là, sous ses giflées. Blaise résiste mais, dans ses bras, Jeanne chancelle de plaisir. Le gars la soulève et la porte à l'abri des bois. Les longs cheveux de la Malvenue sont plaqués par l'eau qui, aussi, blanchit la peau de son visage. L'étoffe est collée sur ses formes qui sont comme nues. Il la serre avec force contre sa poitrine. Dans sa bouche reste le goût sauvage et parfumé des lèvres de Jeanne. Il la savoure comme s'il n'avait eu à boire qu'une seule gorgée de vin merveilleux et rare. Elle a mis son front contre son cou. A présent, Blaise porte Jeanne juste comme il voulait porter ce gibier qui jusqu'ici lui a échappé et qui, maintenant, vient de se jeter dans le piège de ses bras. Une fine vapeur blanche monte de la terre. Par moments, le soleil cherche à percer entre les nuages sombres et gras qui poissent le ciel. Le bruit de l'eau hachant le sol est assourdissant.
Il y avait aussi les chiens. Des chiens errants, affamés: ces pauvres chiens lorrains qui avaient perdu d'un seul coup leur niche et leur maître qui, eux-mêmes, avaient perdu leur ferme et tous leurs biens, sommés par un ordre bref de quitter sur l'heure la zone franche de la Ligne Maginot où nous nous trouvions avec toutes ces épaves entre les jambes.
C'étaient des chiens perdus de ces villages perdus. Ils erraient autour de notre campement, les uns apeurés, les autres féroces, tous maigres. L'un deux, sans dieu ni diable - l'homme doit être le dieu ou le diable de son chien selon qu'il le caresse ou le frappe -, l'une de ces pitoyables bêtes venait chaque jour flairer le tas de détritus et, ayant fait son choix, emportait d'un brusque coup de gueule un os couvert d'une chair vert -de-gris.
Les adultes ont besoin de littérature obscène, tout comme les enfants ont besoin de contes de fées, comme soulagement à la force oppressive des conventions....
Havelock Ellis
Dans beaucoup de fermes, comme vous le savez, il n’y a ni montre ni horloge, et c’est ordinairement le chant du coq qui règle le lever, et le soleil qui donne les heures pendant le jour. Mais souvent le soleil ne paraît pas, et le meilleur coq se trompe…
Chez l'Amédée Richard, on vient de faire la lessive. Les laveuses soupent, c'est un bon repas.
- Vous ne mangez pas, Sylvie ?
- Je n'ai pas faim.
- Et bien ! mettez-en dans votre poche.
- Mais, elle est déjà pleine.
« Il faut que vous sachiez que vous avez chez vous une fille qui aime faire le mal… Son front porte la marque de l’enfer… Un jour proche elle sera punie comme elle le mérite… » (p. 22