Ce tome regroupe les épisodes 1 à 6 de la série ayant débutée en 2006. La gageure était de taille pour DC Comics : éditer un comics de western dans un monde de l'édition dominé par les superhéros.
Ici, nul n'est besoin de connaître 30 ans de continuité du personnage. Les épisodes constituent autant d'histoires indépendantes. Dans la première, Jonah Hex est engagé par un veuf en fauteuil roulant dont s'occupent ses 3 filles. Son jeune fils a été enlevé et la police est incapable de faire quoi que ce soit. Cette histoire, comme les autres, se déroule dans la deuxième moitié du dix neuvième siècle aux États Unis. Jonah Hex a très vite des soupçons sur un cirque qui emploie de jeunes enfants dans des combats les opposant à des chiens. La suite n'est pas belle à voir.
Dans le deuxième épisode, Jonah Hex a promis de retrouver la croix en or d'une église. Il est accompagné par une jeune dame qui sait faire parler la poudre. En face d'eux, il y a un homme qui s'est déclaré shérif, avec son équipe et qui utilise avec largesse le gibet pour régner sur la population d'une ville exploitant des mines d'argent.
Dans le troisième épisode, Jonah Hex a abattu 3 brigands qui commettaient des meurtres et des vols en les maquillant pour faire accuser les tribus indiennes. Il livre les corps au shérif de la ville voisine pour collecter les récompenses. Mais l'un des cadavres fut le frère de l'homme de loi qui entend bien exercer sa vengeance sur Hex. Heureusement il reçoit l'aide de Bartholomew Alouysius Lash (Bat Lash: Guns and Roses).
Quatrième épisode, Jonah Hex livre un brigand dans une autre ville et une muette lui fait comprendre que la personne qui l'a violée n'est pas forcément celui à qui on veut faire porter le chapeau. Puis Hex est pris dans le feu croisé de 2 groupes voulant récupérer un autre prisonnier, le tout dans un bicoque servant d'abri à un chef de gare et sa fille. Enfin Hex termine sur un bûcher dans une ville où l'ordre et la justice sont assurés par une bonne soeur pas facile.
Les épisodes 1 à 4 et le 6 sont illustrés par
Luke Ross. Il devient rapidement évident que les éditeurs ont imposé quelques obligations visuelles. Tout d'abord, le visage de Jonah Hex est fortement inspiré (pour ne pas dire calqué) par celui de
Clint Eastwood, enfin au moins pour la partie gauche (celle qui n'est pas déformée). Deuxième consigne, utiliser le plus souvent possible des cases de la largeur de la page pour faire "grand écran". Les dessins de Ross sont très convaincants pour ce qui est des visages, des postures, des compositions de pages et des détails. Il ne fait aucun doute que le lecteur est plongé dans ce far-west à l'aube de la civilisation. La loi du plus fort (voire du plus vicieux) domine encore ces contrées et les indiens restent un peuple craint par les colons. Mais les bienfaits de la civilisation arrivent à grand pas, à commencer par la loi du gouvernement. Ce qui me dérange dans les dessins de Ross, c'est qu'il est incapable de rendre l'impression des textures, que ce soit celle de la peau, ou du bois des planches, etc. du coup les surfaces sont trop lisses, trop fraîches, alors qu'elles devraient porter les marques du temps et des épreuves. Les metteurs en couleurs (
Jason Keith et Rob Schwager) font un travail correct : utilisation de différentes nuances d'une même couleur, pas de couleurs criardes, rendu des volumes par les variations de tons. Mais ils ne compensent pas le défaut de manque de texture des dessins de Ross. L'épisode 5 est dessiné par un vétéran des comics :
Tony Dezuniga, l'un des principaux dessinateurs des épisodes d'origine (Showcase Presents Jonah Hex 1) et le dessinateur de ses origines dans Jonah Hex: No Way Back. Ce monsieur a un style plus haché, plus brut de décoffrage, avec moins de détails mais plus de matières, plus d'aspérités. Même si les décors sont régulièrement aux abonnés absents et même si je n'ai pas compris pourquoi la dame était en manches courtes alors qu'il y a de la neige dehors, j'ai bien aimé ce style un peu fruste.
Il faut également signaler que les couvertures sont illustrées par pas moins que
Frank Quitely (une vision très dérangeante du visage défiguré de Jonah Hex),
Leonardo Manco,
Phil Noto,
Howard Chaykin (pas très inspiré),
Tim Bradstreet (magnifique) et
Brian Bolland (peu inspiré).
Pour un premier tome, le résultat est assez convaincant malgré quelques erreurs de jeunesse. Et la suite décoiffe vraiment à partir du moment où les 2 scénaristes ont pris confiance en eux. le tome 2 est Jonah Hex: Guns of Vengeance.