Retrouver la famille délurée de l'auteur espagnol
Alejandro Palomas : quel plaisir infini ! J'avais cette peur d'être déçue après un énorme coup de coeur à la lecture du premier tome de ce qui s'avère être une trilogie (ce que j'ignorais quand j'ai lu le 1er tome).
Dès les premières pages le ton est donné. Nous voici au milieu d'une conversation entre Amalia, la mère d'
Une mère, et Fer (Fernando) le fils. C'est probablement l'humour désenchanté de cet auteur qui me plait tellement. le côté baroque, farfelu, inattendu des conversations qui partent toujours en vrille. Chaque personnage a sa propre cassure, les fêlures et les blessures (non, je n'ai absolument pas la chanson d'Étienne Daho dans la tête...).
Revoir les deux soeurs Silvia et Emma, quelques années plus tard après le 1er tome, demande sûrement un effort de mémoire, mais pas tant que ça, car finalement, ce roman ne joue que sur l'affect et les sentiments. Il est une gigantesque métaphore de la famille, il est une sorte de respiration de bonheur étranglé de larmes, une caricature de famille qui n'existe que dans la douleur et les épreuves vécues dans la cellule familiale. On ne peut pas mentir
une mère ? A un frère ? A une soeur ? Encore moins à son chien !
Car la force de ce roman c'est la magnifique histoire des toutous qui deviennent des personnages à part entière. Des piliers du roman. Shirley, le minsucule "pitbull" aux oreilles de chauve souris et aux yeux globuleux d'Amalia, Max, R...
Alors, je vous préviens tout de suite, quand on parle d'animaux je pleure. J'avais déjà été touchée dans le roman "Une porte" de
Magda Szabo par l'histoire de cet amour animal qui transcende tous les amours possibles, ici dans "
Tout sur mon chien",
Alejandro Palomas passe de l'amour pour
une mère, à l'amour pour un chien. Et j'ai pleuré. Beaucoup pleuré. Maudite sois-je d'être trop sensible à la condition animale face à la condition humaine. Car Fernando fait la rencontre de R., un chien pas comme les autres, déposé là par sa mère. Va-t-il l'aimer? Peut-on ne pas aimer un chien?
Émue aux larmes à tous les instants, le roman tient encore son souffle d'une seule et unique situation : une conversation dans un café, à laquelle s'agrège les soeurs, les souvenirs, la mémoire, les regrets, les joies et les chagrins.
Comme dans le premier tome, lors du dîner familial (qui tenait tout le livre),
Alejandro Palomas réussit l'incroyable pari de tenir dans une sorte de huis clos familial, un suspense et des rebondissements pleins d'émotions fébriles.
Je vous conseille à plus de 100000% ce 2ème coup de coeur : un roman sur la famille, la pluralité des sentiments qui en découlent, les cocasseries théâtrales, la caricature de la mère qui perd la tête, pour les éclats de vérités et de colères, les angoisses de chaque membre de la famille, un roman ici toujours plus délirant, aux traits d'humour sensibles et à la fin si belle et si douce dans une Espagne pleine de soleil. Une vraie comédie espagnole ! Olé.
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