Tous les livres d'
Alejandro Palomas ne sont pas traduits en français… C'est un auteur que j'apprécie beaucoup et avec qui j'ai parfois échangé sur les réseaux. L'espagnol étant la seule langue étrangère que je lis presque couramment, plusieurs de ses romans en VO sont dans ma PAL. Je vous parle aujourd'hui de El Alma del Mundo.
L'âme dont il s'agit ici est celle du violoncelle, ce petit morceau de bois cylindrique placé dans l'intérieur de l'instrument, qui sert à soutenir la table sous la pression des cordes et à mettre en communication de vibrations toutes les parties.
Dans une autre vie, Ilona a été luthière. Aujourd'hui, elle travaille à Barcelone, dans une résidence pour personnes âgées aisées. C'est une jeune femme un peu cabossée par la vie, ancienne gymnaste hongroise, qui a vécu la dictature soviétique, la mort de sa mère, la perte d'un amour… Pendant quelques mois, elle devient l'accompagnatrice privée de deux anciens qui intègrent l'établissement le même jour, Clea Ross et Otto Stephens.
Clea était musicienne ; elle a dû cesser sa carrière pour privilégier celle de son mari, un brillant chef d'orchestre. C'est une vieille dame étonnante, au franc parler, provocatrice, qui fume beaucoup, observatrice, exigeante…
Otto a gardé son charisme de grand séducteur…
Rocio dirige la résidence. Sous des dehors formels, elle aussi cache des blessures.
Une narration polyphonique autour des moments partagés par Ilona avec chacun des deux pensionnaires : des récits enchâssés, des confidences.
Clea et Otto entament une étrange relation, une amitié codifiée.
Au fil de la lecture, nous apprenons à connaître les différents personnages, tous attachants à des degrés divers.
L'écriture d'
Alejandro Palomas est captivante, entre émotions, autodérision, humour et mystère. Il excelle dans le rendu du langage des corps, blessés, douloureux, vieillissants et des expressions, notamment les regards.
L'économie de personnages donne un côté théâtral au récit ; tous les dialogues sont d'ailleurs savoureux. Il y a aussi une certaine unité de lieu et de temps, sur un été.
Beaucoup de thèmes sont abordés autour de famille, la parentalité, l'usure des couples, la fidélité, la maladie, la mort, les choix… le passé d'Ilona donne lieu à une évocation de la vie dans les Pays de l'Est avant la chute du mur de Berlin.
La résidence pour personnes âgées, avec tous ses services hauts de gamme, sert de décor principal et donne un côté décalé à l'ensemble. La météo estivale aussi est de la partie entre canicule, orages, pluie, odeurs…
Et le violoncelle dans tout cela me direz-vous ? Disons que c'est l'élément déclencheur et fédérateur…
J'avoue avoir été surprise par le dénouement, pas du tout annoncé.
Une belle histoire d'amitié et d'amour. Une superbe ambiance…
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