La vie est belle quand on est d'accord avec elle.
Sur le quai de la gare de Sens, Adrian attend le train de huit heures dix pour Paris.
Le train de sept heures quarante a été annulé. Sans avertissement. Un train sur deux est supprimé sur cette ligne pourtant très empruntée. La SNCF fait des économies. Il va voyager debout, serré contre des voyageurs maussades qui sentent le café au lait, la cigarette froide, la douche pas prise parce que en retard.
Les gens râlent. Matin et soir. Ils râlent mais ils s’entassent, dociles, et fermentent les uns contre les autres.
Chaque jour, le désaccord s'amplifiait. Ils ne voyaient plus le même bleu, le même vert, n'entendaient plus le même do, le même mi, ne souriaient plus quand les cygnes du Parc se disputaient un morceau de pain rassis ou qu'ils apercevaient un écureuil appuyé contre le tronc d'un arbre en train de grignoter un vieux McDo oublié dans l'herbe.
Ils étaient désaccordés.
Un soir, dans le train, il avait ouvert le journal et lu cette phrase : « Le bonheur c’est lorsque l’on découvre que l’on est capable de quelque chose dont on ne se savait pas capable. » Il avait replié le journal, fermé les yeux, pensé
L'argent a vite fait de vous manger la tête et le cœur.
Elle a failli dire il faut penser à vous d'abord, mais s'est arrêtée. C'est trop violent de rentrer dans la vie des gens et de leur faire une ordonnance. Le remède peut les tuer.
Le baiser est signature de Dieu, empreinte et promesse d'amour. Il nourrit, il répare. Il se dépose sur la bouche, le nez, les joues et autres organes que Nous refusons de nommer, y laisse un film protecteur. Il soigne les humeurs, restaure la rate, le foie, le poumon, panse et éclaire l'âme, tourne le coeur vers un grand lac d'espoir. De la boue la plus noire, il fait jaillir la flamme. Ne ris pas du baiser ou tu seras DAMNE. Jeté dans les feux de l'Enfer. Reçois Trois Baisers d'amour vrai, et tu seras sauvé.
Quand on espère très fort, les choses se réalisent. Faut juste pas lâcher son rêve.
Je suis amoureux des livres. Je me souviens de la première fois que j'ai ouvert un roman. Je l'ai renversé sur mon visage tellement j'aimais son odeur. Ce n'était pas un livre, c'était une fleur avec des mots dedans.
On ne connaît jamais la souffrance de l'autre. On l'imagine avec ses mots à soi. Sa souffrance à soi. Mais ça ne coincide pas. Et on passe à côté de l'autre.