Jusqu'à cet instant, il ne s'était jamais rendu compte à quel point la conscience de son identité était liée à sa condition physique . Les meurtrissures de la chair étaient aussi des meurtrissures de l'âme.
[...] les membres d'une famille se pardonnent mutuellement, même s'ils ne comprennent pas toujours très bien les actes et les motivations des uns et des autres.
Nous sommes des Dragonniers. Nous nous dressons entre la lumière et l'obscurité, en équilibre entre les deux. L'ignorance, la peur, la haine, voilà nos ennemis.
Vis au présent, souviens-toi du passé, et ne crains pas l'avenir, car il n'existe pas et n'existera jamais. Seul compte l'instant présent.
Trop de problèmes en ce monde sont causés par des hommes au cœur noble et à l'intelligence bornée.
L'histoire nous fournit de nombreux exemples d'individus persuadés d'agir pour le bien, qui commettent pourtant de terribles crimes.
Il y a des limites à ce qu'un homme est capable d'endurer. Après quoi, il doit se battre.
Il n'y avait nul honneur à faire la guerre , concluait-il, sinon pour protéger les innocents.
Il s'était rendu sur le théâtre du combat, poussé par le désir morbide de mesurer de ses yeux l'étendue de la victoire. Mais au lieu de la gloire qu'il avait entendue célébrer par les chants héroïques, il n'y trouvait que l'insupportable évidence de la mort en décomposition.
Un matin, cramponné à une écaille de son cou, Eragon lui dit :
« J’ai inventé un autre nom à la douleur. »
« Quel nom ? »
« L’Effaceur. Parce que, lors ce que tu souffres, plus rien d’autre n’existe, ni pensée ni émotion. Ne reste que la lutte pour échapper à cette douleur. Lorsqu’il est assez puissant, l’Effacer t’arrache tout ce qui fait ton identité, jusqu’à te réduire à moins que rien, à une créature habitée par un seul but, un seul désir : s’échapper. »
« C’est le nom qui convient, en ce cas. »
« Je suis à bout, Saphira. Pareil à un vieux cheval qui aurait labouré trop de champs. Soutiens-moi mentalement, sinon je vais partir à la dérive et oublier qui je suis. »
« Je ne t’abandonnerai jamais. »
Le ciel étincelait d’étoiles, à présent ; le doux hululement des chouettes parcourait Ellesméra. Et le sommeil emportait le monde, calme et silencieux, à travers la nuit limpide.
Eragon se faufila entre les draps soyeux, s’apprêta à refermer le volet de la lanterne, et arrêta son geste, la main en l’air. Il était là, dans la capitale des elfes, perché à cents pieds au-dessus du sol, étendu sur une couche qui avait dû être celle de Vrael.
C’était plus qu’il n’en pouvait supporter.
Roulant hors du lit, il attrapa la lanterne d’une main, Zar’roc de l’autre, rampa jusqu’au nid de Saphira, étonnée, et se pelotonna contre son ventre chaud. Elle ronronna, étendit sur lui une aile de velours. Alors il éteignit la lumière et ferma les yeux.
Ils dormirent ensemble, longtemps, profondément ; ils étaient à Ellesméra.