Après un troisième tome passablement décevant et vide, il était maintenant temps pour
Christopher Paolini de faire tomber le rideau sur sa saga au fort succès commercial...
L'impression première qui nous prend à la fermeture de ce pavé de plus de 920 pages est : "ouf ! c'est enfin terminé !", suivie d'un certain arrière-goût... d'inachevé. Je n'ai pas vraiment pensé que cette histoire était terminée. Trop d'éléments (notamment le passé d'Angela) resteront jusquau bout dans l'ombre. Peut-être est-il dans l'idée de Paolini d'écrire une préquelle, auquel cas je le féliciterais pour son initiative. Mais en l'attente de cette possibilité, mon avis sur ce quatrième tome restera plutôt mitigé.
On a d'abord une introduction bien trop longue à mon goût. Certes, les scènes de bataille sont cruciales dans les oeuvres de Fantasy, mais se contenter d'en enchaîner plusieurs avec entre deux des dialogues insipides et inutiles, ça ne le fait vraiment pas. Et encore, quand je parle de scènes de bataille, je suis bien gentil. Parce que j'appelerais plutôt ça des scènes de boucherie. Si les soldats ennemis n'étaient que des statues de cire renversées par notre glorieux Eragon, je n'aurais pas vu la différence. Aucun combat n'est réellemnt palpitant puisque personne ne peut vaincre Eragon ; et cela reste plutôt frustrant, du fait que l'impression donnée par les scènes de bataille n'est pas du tout celle que l'on attend.
On retrouve aussi Roran, dans le beau rôle du courageux soldat en quête pour sauver sa belle, et qui parvient à parcourir des dizaines de lieues en deux pauvres jours alors qu'Eragon et Brom, dans le tome 1, ont mis 15 jours pour parcourir la distance Yazuac-Daret ! de même, Roran parvient, lui, à tuer Lord Barst alors que la reine des elfes elle-même s'y est cassé les dents (et la nuque) ! C'est là que j'en viens une fois encore à l'un des plus énormes défauts de Paolini : la crédibilité !
Bon, le livre n'est pas non plus si mauvais que ça. Par exemple, j'ai pris un certain plaisir à voir Eragon descendu de son piédestal d'un bon coup de pied d'Arya dans le postérieur. Cette fois, l'auteur a peut-être pris soin de rendre son personnage moins orgueilleux et moins vaniteux (mais l'a rendu Roran plus encore pour compenser !), et cela le rend un poil attachant, peut-être à la fin.
De même, certains éléments qui avaient été introduits dans les deux premiers tomes prennent un sens et un dénouement dans celui-ci : les dernières visions d'Angela s'accomplissnet, de même que la dernière recommandation qu'avait fait Solembum dans le premier livre. Cela fait tout de même du bien de voir que l'auteur se raccroche un tant soit peu de ses idées premières et oublie quelques temps de nous noyer sous des scènes de bataille inutiles et interminables. Si ce n'est Angela, tous les éléments attendus ont été retranscris, sans grande surprise...
Et quand je parle de surprise, souvenez-vous de tous les débats sur les forums quant à l'identité du dernier dragonnier. Comme beaucoup de monde, j'ai aussitôt pensé à Arya et je dois dire que j'ai été déçu de voir que ma pensée première était la bonne. J'aurais été réellemnt surpris si Elva avait été le dragonnier en question ; mais Arya, c'était bien trop convenu. Mais bon, de toute façon, qui qu'aurait été ce dernier dragonnier, il n'a joué aucun rôle en tant que tel dans l'histoire donc ça n'a pas vraiment d'importance...
J'en viens maintenant à Nasuada : comme d'habitude, on a affaire à une jeune femme passablement orgueilleuse (comme tous les personnages de Paolini) qui a beaucoup trop changé depuis la fin du premier livre où on la rencontrait. Mais sa capture par Galbatorix était à mes yeux une idée pas mauvaise du tout, dans la mesure où elle aurait été confrontée aux idéaux de Galbatorix et aurait fini par y adhérer à son tour... Mais non. On a là qu'une pathétique Mary Sue qui subit des tortures (pas très inspirées) tout en refusant héroïquement de se soumettre. Et ces incessants non-dits entre elle et Murtagh ! Paolini est donc tellemnt pudique qu'il ne peut pas écrire tout simplement que ces deux personnages s'aiment ? Franchement, ça crève les yeux depuis le début, alors à quoi ça sert de créer un suspense alors qu'il est depuis longtemps perçé à jour ? Et ces paroles valent aussi pour la relation Eragon/Arya : on ne cesse d'assister aux souffrances du dragonnier parce que sa belle repousse ou ignore ses avances, et à la toute fin, au moment où elle lui "avoue" qu'elle ressent la même chose (en fait on ne fait que le deviner parce que Paolini ne fait encore qu'user du non-dit), eh ben non, Eragon doit partir pour toujours et en tant que reine, elle ne peut pas le suivre. Malheur à Eragon, il restera vierge pour le restant de sa longue vie ! En bref, les situations amoureuses étaient loin d'être abouties.
Mais voilà qu'entre en jeu l'élément qui m'a réellement accroché dans ce roman : l'apparition physique de Galbatorix. Ah, depuis le moment que j'attendais ça ! Ses dialogues avec Nasuada et sa confrontation finale avec Eragon ont été pour une fois des moments intenses et haletants... pour une fois ! Malheureusement, ce n'est qu'au bout du quatrième tome que l'auteur se décide à le faire apparaître, ce qui fait que je suis resté sur ma fin concernant ce personnage.
Et enfin, la vision finale qui se réalise, le rêve qu'Eragon avait fait dans le tome 1 après qu'il ait ramené son oncle Garrow mourant à Carvahall. Son départ d'Alagäesia à bord d'un navire. Certes, cette partie est triste, mais elle m'a surtout donné une furieuse impression de déjà-vu : ça ne vous rappelle pas le départ de Frodon Sacquet vers les Terres Immortelles dans le Seigneur des Anneaux ?
Alors, je vais le dire : s'inspirer de quelques éléments d'ouvrages mythiques, rien n'interdit de le faire, c'est même une très bonne chose. Mais là, on frise le plagiat ! La fin d'Eragon est presque identique à celle du Seigneur des Anneaux ! Et tant qu'on en parle, vous n'avez pas remarqué quelques similitudes en Tronjheim et la cité de Minas Tirith ? Toutes deux des ville-montagnes de couleur blanche avec une salle du trône en fomrme d'allée où on peut voir les statues des anciens rois de chaque côté des murs ? Franchement, je n'irai pas jusqu'à dire que Paolini s'est inspiré, il a carrément pompé sur un grand classique !
Enfin voilà, une oeuvre qui reste moyenne et inégale, laissant un arrière-goût d'inachevé dans ses dernières pages, mais qui ne peut pas être pire que le troisième tome franchement raté. C'est donc une histoire assez agréable à suivre si on parvient à s'armer de patience, mais qui ne rentre pas dans mes favoris, contrairement à quand j'avais l'âge de douze ans. Comme quoi, avec le temps, les goûts changent du tout au tout...