Tue-moi si tu peux

La première réalité à laquelle on doit se résigner quand on décide de devenir peintre, c’est de ne jamais devenir riche.
Ça fait partie du truc. Vincent Van Gogh est mort sans un sou en poche, et il me dépassait de mille coudées. J’avais donc prévu de crever de faim, le restant de mes jours, dans un loft de SoHo. Pauvre, mais heureux.

Le fantôme tira des profondeurs de son poncho son Glock muni d’un silencieux. Il articula intérieurement son mantra habituel : Je suis invincible.
Il attendit que Zelvas se vide la vessie avec un soupire de soulagement, puis se glissa sans un bruit derrière sa proie, braqua le canon de son Glock sur sa nuque, appuya sur la détente… et manqua son coup.
Certains individus sont moins faciles à tuer que d’autres.

Le prix d’une œuvre compte pour beaucoup sur le regard qu’y portent les gens. Quel que soit le client de Newton, il n’aura aucune envie d’accrocher chez lui des tableaux qui auront coûté le prix d’un portrait sur soie d’Elvis.

J’ai toujours aimé mon appartement. C’était particulièrement vrai ce soir-là. Sans être un palace, c’est un lieu dans lequel je me sens bien. Parce qu’il me ressemble. Littéralement. Pas un centimètre carré de mur n’échappe à mes tableaux. Je ne sais pas si j’ai du talent, mais j’apprécie suffisamment mon propre travail pour éprouver l’envie de le contempler en permanence.

Le monde est un réservoir inépuisable d’âmes perdues prêtes à être dépouillées.

New York restera à jamais associé à Ground Zero. Qu’il pleuve ou fasse soleil, la ville est au minimum en alerte orange. Il n’est pas rare de voir des tanks garés le long des trottoirs de Wall Street, des maîtres-chiens arpenter les lieux publics, des convois entiers de voitures de patrouille écumer les quartiers de la ville dans le cadre d’exercices antiterroristes.
Il suffit que le calme relatif de Grand Central, après l’heure de pointe, se trouve brisé par des coups de feu et des explosions pour que les gens n’aient qu’une idée en tête.
Une attaque terroriste.