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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voilà un livre intelligent : instructif, révélateur malgré une certaine lourdeur.
L'auteur expose une étude fouillée de l'histoire de l'élevage et s'attarde bien sûr sur l'élevage intensif. On apprend ainsi que la domestication des animaux date de 11000 ans, que l'élevage a précédé l'esclavage qui lui est étroitement associé. Les pratiques de l'un sont en effet les mêmes pour l'autre : castration des mâles, marquage des "soumis"puis entraves pour contrôler leur production et leur mobilité. Les esclaves traités comme les animaux sont donc comparés à eux dans les noms qu'on leur donne. Le langage ainsi déshumanisant se charge de mépris pour déculpabiliser les bourreaux. Et on retrouve ensuite le même vocabulaire dépréciatif dans la Guerre pour nommer les ennemis. Mais l'auteur s'attarde surtout sur l'histoire de l'élevage industriel dont la patrie n'est autre que les Etats-Unis. Ils ont inventé et développé un système d'abattage mécanique, technicisé pour augmenter la rapidité de la chaîne, la rentabilité des carcasses au XIXè siècle. Ce sont les colons anglais qui ont introduit dans la culture ce goût prononcé pour la viande, une tradition qui s'est poursuivie par une augmentation croissante de la consommation dans ce pays. A tel point qu'au XXè siècle, dans les dernières décennies, le nombre d'animaux abattus a doublé par rapport au siècle précédant (de 4 à 9 milliards tués par an). L'auteur restitue aussi le lien qui unit l'abattage avec l'industrie : le fordisme s'étant inspiré des pratiques des abattoirs pour établir une chaîne de travail toujours plus rapide qui repose sur une division et une spécialisation des tâches. Ford qui nous rappelle-t-on était un antisémite proche des allemands nazis.

S'ensuit donc l'ultime comparaison entre le système des camps de concentration avec les abattoirs qui eux aussi, se sont inspirés de ce modèle. Bref, une longue histoire dont les articulations souterraines nous sont ici révélées. Qui aurait crû qu'il y ait un même fil invisible qui relie élevage, esclavage, industrie et camps de concentration nazis ? En tout cas, si je devinais l'association entre camps sous la 2nde Guerre mondiale et l'essor des abattoirs (avec en parallèle celui des ferme-usines), le reste était bien moins évident. Encore fallait-il le prouver...

Autrement dit, un bon, très bon travail de recherche même si je suis plus critique sur la rédaction. L'auteur cite aussi beaucoup de gens qui ont dénoncé, contesté ce type de "système" et qui sont pour beaucoup devenus végétariens : Sinclair, un américain qui le premier a écrit un roman (intitulé"La Jungle") sur les abattoirs, Isaac Bashevis Singer qui lui, a publié plusieurs nouvelles sur les rapports entre hommes et animaux, Muller, Liesel ou Christa Blanke qui sont devenus végétariens et militants dans des associations (CASH, PETA et Angels animals) et bien d'autres...On peut regretter toutefois le caractère exhaustif de cette liste : trop de détails sont évoqués, ce qui a pour effet d'embrouiller l'esprit du lecteur. Il faut parfois relire pour bien comprendre certains aspects. Ceci dit, il est vrai qu'on apprend, qu'on s'instruit beaucoup, ce qui est le principal pour ce genre de livre, un genre que je qualifierai de "livre-documentaire" car il nous pousse à réfléchir sur les excès dans nos sociétés à travers l'Histoire.

Reste une question, non abordée par l'auteur mais qui se pose pour nous lecteurs, du-moins pour moi : pourquoi, en dépit de contestations certaines, l'élevage intensif, industriel est encore si fort aujourd'hui ? Au cours de la 2nde Guerre mondiale, la lutte n'avait duré que 6 ans alors que là, elle semble incroyablement longue (+ d'1 siècle entre Sinclair et Christa). Je crois avoir ma réponse personnelle sur cette question : c'est qu'en dépit de la longue liste de gens que l'auteur cite, c'est précisément l'inverse qui se passe dans la réalité car trop peu de gens se sentent concernés par ce sujet et choisissent, surtout, de s'impliquer (à travers notamment des associations). Or on ne change l'Histoire, la société dans ses pratiques que par la lutte d'un grand nombre, la force du collectif....
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Ce livre n'est pas de la grande littérature , il est parfois pesant , souvent répétitif mais...mais... lisez-le . Etant très documenté , il n'assène pas des faits , il les prouve de manière incontestable . Ainsi l'on apprend , si l'on ne s'en doutait pas , que les USA , bien avant les Nazis pratiquaient l'eugénisme, faisant l'admiration d'Hitler and co . Les 2 autres critiques de ce livre faites sur Babelio sont fort justes , donc au besoin , en vous forçant un peu lisez le .
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Outre le thème relativement osé abordé dans ce livre, c'est un ouvrage qui est bien documenté et qui renvoie à notre Humanité (ou notre malheureuse absence d'Humanité pour certains...) quant au traitement que l'Homme afflige aux animaux dans le but de se nourrir. Bien que le livre ne soit pas une ode au végétarisme, c'est un thème qui en découle naturellement puisqu'il pose la question morale du choix alimentaire des Hommes.
Pour ma part j'ai apprécié la thèse défendue par ce livre, mais la surabondance de références tout au long de l'ouvrage alourdie grandement la lecture et peut la rendre fastidieuse. C'est dommage. de plus, la seconde moitié du livre m'a semblé être aussi redondante. J'aurai aimé également un plus large panel de références que les références d'auteurs pour la plupart juifs, même si c'est le parti prit de l'auteur et de l'Histoire de son peuple. C'est pourquoi le début de l'ouvrage m'a plu davantage en retraçant de façon concise l'historique de la place de l'animal au sein de notre société ( de la Genèse à nos jours en passant par Descartes et Saint Thomas d'Aquin). Néanmoins un bon ouvrage à conseiller et dont la thématique gagnerait à s'étendre au grand public....
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J'entends parler de ce livre depuis très longtemps, et quelqu'un me l'a offert à Noël l'année dernière parce que j'avais très envie de le lire pour me faire mon propre avis dessus... Entre temps, ma pensée a beaucoup évoluée, et, désormais, ça me gêne profondément de voir des comparaisons faites entre l'exploitation animale et la Shoah - par exemple.

Qu'importe, je voulais comprendre pourquoi parmi les animalistes, il y en avait tant pour faire des parallèles.

Cet essai est très documenté, si bien que sa lecture n'en a pas été aisée parce que les nombreuses références alourdissent le tout. Charles Patterson raconte comment les Juif·ve·s ont été traité·e·s durant la Seconde Guerre Mondiale, et il explique les similitudes avec la manière dont les animaux (d'élevage, notamment) sont traités.

J'ai pu apprendre de nombreuses choses sur la Shoah, et c'était très intéressant bien que déprimant.

Mais je reste campée sur mes positions de départ : les comparaisons entre la Shoah et l'exploitation animale sont, selon moi, très maladroites, surtout quand elles viennent de personnes non-juives (dans ce cas précis, l'auteur est concerné mais les personnes qui portent ce livre comme étendard et parlent sans cesse de "camps de concentration" ne le sont pas, la plupart du temps).

Il y a eu des similitudes dans les traitements qui étaient réservés, mais les buts étaient complètement différents : dans l'un des cas, il s'agissait de faire disparaître tout un peuple et dans l'autre, nous faisons naître inlassablement des animaux afin de pouvoir continuer à les manger.

J'ai la même opinion vis-à-vis des autres comparaisons (esclavage, viol pour parler de l'insémination artificielle) parce que j'estime qu'en tant qu'animalistes, nous n'avons pas à nous approprier la souffrance d'autres humain·e·s pour défendre notre cause, et que les parallèles n'ont pas lieu d'être parce que c'est tout simplement différent... Et je ne suis pas en train de nier que l'exploitation animale est abominable.

Je suis tout de même contente d'avoir découvert cet ouvrage qui m'a permis d'en apprendre plus, mais je pense que nous devrions laisser ce type de comparaisons à Charles Patterson et aux autres personnes concernées qui désirent les faire.
Lien : http://anais-lemillefeuilles..
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