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Le titre annonce la couleur: cancrelats et machettes font irrésistiblement penser au génocide des Tutsis. Et les citations qui précèdent le premier chapitre enfoncent le clou: si ce livre emprunte les codes du roman policier, le coupable est déjà désigné : c'est la France.
A priori, pourquoi pas? On sait bien que le roman noir sert à cela, à pourfendre les maux et les injustices de la société.
Sauf que, à mon humble avis, ici, ça ne fonctionne pas.
Déjà, malgré le nom de la collection, ce n'est pas un roman noir. Il débute comme un thriller : un homme est découpé vivant à la scie sauteuse. Des enquêteurs plus ou moins pittoresques enquêtent. Saut dans le temps pour une longue chronique du génocide au Rwanda. Retour à l'investigation. Pendant que le lecteur partait au Rwanda, les flics ont découvert le nom du coupable, c'est toujours du temps de gagné. La fin est bricolée avec le retour de personnages récurrents, puisqu'on vous dit que Frédéric Paulin a écrit une trilogie.
Convoquer des codes pour s'en contrefoutre à ce point là (pas de recherche du coupable, pas de suspens), ce serait presque sympathique mais reste l'enjeu du livre. À quoi bon écrire une fiction sur un tel sujet? On s'est beaucoup interrogé sur la pertinence des films ou des romans sur la Shoah, le problème ici est identique. Les livres de Jean Hatzfeld sont passionnants. Qu'est-ce que j'apprends de plus en lisant Paulin? Rien. le rôle de la France? Quelques allusions qui reprennent grosso modo ce qui traîne partout, rien d'éclairant. Alors oui, ce qui pourrait relever du roman noir, c'est l'idée de tragédie, le mal qui entraîne le mal, la monstruosité du coeur humain, etc.
Ouais. Personnellement, et quels que soient les tenants et les aboutissants, devant certaines horreurs, je reste sur une position basique : les SS sont les méchants et les Juifs les gentils, les Hutus sont les coupables et les Tutsis les victimes. J'avais cru comprendre d'ailleurs que Paulin avait décidé de pourfendre les insinuations mitterrandiennes renvoyant dos à dos les deux camps. Mais écrire une fiction c'est déjà atténuer. La fiction, comme son nom l'indique, c'est du faux et du flan. Alors il faut être sacrément doué pour en faire un instrument de dénonciation. Et surtout faire du mass murderer une victime, ça ne passe pas. Ça m'insupporte , le côté les Hutus sont tellement méchants qu'ils sont parvenus à transformer un gentil en monstre. Un mec qui 20 ans après les faits, à froid et à la chaîne, torture (et de quelle façon !) d'anciens bourreaux est un salaud. Ça suggère que les innocents valent les coupables, moi j'appelle ça du révisionnisme. Et on n'est certainement pas dans la vengeance jubilatoire à la Quentin Tarentino. Les héros de Inglorious Bastards ne se contentent pas de trucider les méchants, ils mettent fin à la guerre, c'est autrement plus exaltant.
Moralité : merci à Masse Critique et aux éditions Goater mais faut faire gaffe avec l'Histoire.
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6 avril 1994. François est un jeune boxeur Tutsi qui s'entraîne dur pour se faire une place dans un Rwanda à feu et à sang. Au moment où il atteint la renommée en venant à bout du Maillet, son adversaire Hutu, le président Habyarimana est assassiné. Cet événement, qui officialise le génocide déjà en cours dans le pays, va l'empêcher de profiter pleinement de sa victoire : il est contraint de quitter le ring pour échapper à son public _majoritairement Hutu, et se lance avec lui dans une course poursuite en plein Kigali pour sauver sa peau. Hors du ring, il n'est plus qu'un "cancrelat" parmi tant d'autres, un "cancrelat" qui porte des gants de boxe, certes, mais un "cancrelat" quand même. Quelques rues plus loin, son amie Dafroza s'est résolue à quitter sa mère pour rester en vie ; dans sa fuite, elle croise Marie-Ange, qui semble bien porter son nom, mais pas tant que ça en fait. Tous deux se demanderont longtemps si la mort n'aurait pas été un sort préférable.

Vingt ans plus tard, le colonel Jean Dante s'arrache les cheveux en parcourant différentes régions d'une France encore abasourdie par les attentats : en Gironde, près de Paris et maintenant en Bretagne, on a retrouvé plusieurs cadavres découpés en morceaux. Qui, pourquoi, et pourquoi de cette manière ces hommes ont-ils été tués ? C'est à lui que revient la lourde tâche de résoudre la sordide affaire. Pour l'aiguiller dans son entreprise, il ne peut compter que sur Tue-Mouche, un soldat dont il sait bien peu de choses sinon qu'il a bourlingué aux quatre coins du monde, sur une mystérieuse jeune femme Tutsie, et sur ses propres souvenirs de missions menées au Rwanda pendant le génocide. Pas de chance pour lui, ses alliés de choc semblent avoir fait voeu de silence et il se retrouve rapidement bloqué dans son enquête.
Lien : http://pulco-suivezlepapillo..
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Des cadavres éparpillés un peu partout dans la nature, un bras ici, une jambe par là et quelques têtes qui accompagnent le tout. Un constat macabre effectué par les gendarmes de la brigade de Sens-de-Bretagne. D'autant que ces cadavres, des Noirs, sont inconnus de la population. Comme s'ils étaient venus par la voie des airs.

Deux autres affaires similaires ont été recensées, une dans l'estuaire de la Gironde, l'autre dans un terrain vague de la région parisienne. Une vengeance ? Cela se pourrait car trois personnages sont immédiatement dépêchés sur place afin d'enquêter et de fournir une identité à ces morceaux humains.

A bord du véhicule de l'Institut de recherche criminelle de la Gendarmerie Nationale, voyagent le colonel Dante de la BLAT, Anton Tue-mouche, probablement affecté à un service secret, et Dafroza Rwigyema, une Rwandaise d'origine Tutsie, présidente de l'association Contre l'oubli. Dafroza a mis un nom sur chacun des cadavres retrouvés dans les mêmes conditions, et il en va de même en Bretagne. D'anciens Hutus, au passé sulfureux.

Tout débute le 6 avril 1994. Un avion amorce sa descente sur Kigali avec à bord le président Habyarimana et son homologue burundais. Dans la brousse se terrent des hommes, des Rwandais et des Blancs. Sur l'ordre d'un des Blancs un missile est envoyé abattant l'avion. C'est le point de départ officiel du soulèvement Hutu et des exactions qui seront commises par la suite dans la capitale et dans le pays. Plus de 800 000 morts sont recensés ou estimés. Pillages, incendies, massacres, actes de barbarie, sont à l'ordre, ou désordre, du jour et des semaines qui vont suivre.

Dans les faubourgs de Kigali, François Gatama a quitté son amie Dafroza pour affronter sur le ring un boxeur surnommé le Maillet. Un Hutu tandis que François Gatama et Dafroza sont Tutsis. Ils sont jeunes, à peine vingt ans pour lui, dix-sept pour elle, et la vie devant eux. Un avenir prometteur pour François car c'est un boxeur qui compense son physique par son élégance pugilistique. Même si sa garde est un peu basse. Il gagne son match, au grand dam des spectateurs Hutus, et il se retrouve plongé en enfer. Dafroza aussi, emmenée par des rebelles.

L'enfer va durer 100 jours, au cours desquels Hutus et Tutsis s'affrontent dans des combats de rue violents, Hutus violant les femmes et décapitant leurs adversaires. Les Tutsis reprenant peu à peu l'avantage et se montrant aussi féroces. L'armée française, obéissant à des ordres venus d'en haut se contente de regarder les affrontements, de leur base aérienne, ayant pour ordre de n'évacuer que certaines personnes.

La suite sur le blog ci-dessous :
Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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J'imagine que personne, parmi les plus de 40 ans au moins, n'a oublié les événements qui ont fait la une de nos journaux d'informations d'avril à juillet 1994, avec ce génocide des tutsis perpétré par les hutus extrémistes. de là à dire que nous les aurions compris, ces événements, ou même que notre compréhension de ce qui a pu se dérouler serait autre que floue, il me semble qu'il y a un pas difficile à franchir. J'en veux pour preuve le fait qu'un première mission d'information parlementaire, en 1998, est largement critiquée pour ses insuffisances ; qu'une commission d'enquête citoyenne a vu le jour en 2004 ; qu'il a fallu attendre 2019 et la création de la commission française d'historiens sur le rôle de la France au Rwanda (Commission Duclert), ainsi que l'ouverture anticipée de fonds d'archives sur le génocide pour que l'on puisse commencer à espérer y voir plus clair.

C'est donc à cet épisode que Frédéric Paulin s'est attaqué. Et nous suivons, avec lui, plusieurs fils qui constituent la trame de cette histoire : François Gatame, un boxeur tutsi, vainqueur d'un adversaire hutu le soir du 6 avril ; Dafroza Rwigyema, son amie, qui sera retenue dans un bordel, soumise au bon plaisir des soldats hutus, avant d'être libérée par un trafiquant d'arme avant de se retrouver seule à nouveau, et de sombrer dans la drogue et la prostitution, et pour qui la sortie du tunnel consistera à créer une association de soutien aux victimes ; Anton Tue-mouche, le mercenaire et trafiquant en question ; Jean Dante, capitaine lorsqu'il est au Rwanda en 1994, et que l'on retrouve, vingt ans plus tard, devenu lieutenant-colonel, mais toujours profondément marqué par ce qu'il a vécu alors…

Et c'est terrifiant. Déchirant. Comment des hommes et des femmes peuvent-ils à ce point nier leur humanités et s'en prendre à d'autres hommes et femmes. Ici, en plus, on est entre deux populations bantoues. Mais l'Histoire a posé les bases : les colonisateurs belges ont joué sur la distinction, s'appuyant sur les tutsis, considérés comme plus « blancs » que les hutus, puis changeant d'alliance par opportunisme. Dès lors, le mal était fait, les jalousies, les haines à l'état de braises, il n'y avait plus qu'à souffler pour déclencher l'incendie.

Ajoutez à cela le rôle trouble de la femme de Juvénal Habyarimana, Agathe Habyarimana, encore aujourd'hui soupçonnée d'avoir dirigé en sous-main l'Akazu, un cercle politique et financier composé d'extrémistes hutus, considéré comme l'une des forces ayant contribué au génocide, sinon d'en avoir été l'instigateur.

C'est un roman très fort. Cru. Que l'on hésitera à mettre en toutes les mains, mais qui pourrait être, en plus trash, le Journal d'Anne Franck du génocide des tutsis. Un livre important, donc, alors qu'il faut, à tout prix éviter que la mémoire de ces événements se perde. Nous ne saurons probablement jamais qui a réellement coordonné le génocide et quels intérêts ont été les moteurs de cette histoire. Mais à défaut d'en connaître les tenants et les aboutissants, tâchons au moins de ne pas laisser de telles situations se réinstaller !

Naturellement, toute considération ici liée au fait que nous votons bientôt et que jamais les extrêmes n'ont parus aussi proche de prendre le pouvoir ne serait que pure coïncidence…

Monsieur Paulin, je reconnais dans ce livre, dans cette histoire, votre volonté que chacun s'empare de l'histoire pour questionner, remettre en cause, et, au final, se méfier des pouvoirs, qui peuvent toujours être dévoyés. Merci de nous rappeler ces événements, même de façon brutale.

Mention annexe : c'est aussi l'occasion de découvrir une maison d'édition rennaise, Goater. Et, ça, c'est toujours bien !
Lien : https://ogrimoire.com/2022/0..
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Bonjour. Je ne vais pas raconter l'histoire à nouveau; les autres critiques l'ont très bien fait. je vais juste ajouter que je retrouve ici, à défaut de l'écriture et de la poésie, un schéma très proche de celui de feu Frédéric Fajardie, schéma où un tueur en série charismatique, ayant toutes les raisons du monde de faire justice, sévit à tout va de manière plutôt pas piquée des vers. Si vous aimez ce style d'histoire, je vous conseille donc les polars du regretté Fajardie et des aventures du commissaire Padovani.
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Ni témoignage, ni hommage.
Ni traité philosophique sur la condition humaine, ses travers et ses vices, juste une chute vertigineuse vers l'indicible. Juste un Roman.
Certains auteurs ont sûrement fait pire, se sont gargarisés et ont vomi des mots grossiers, sales et puants, se sont lancés dans la course folle de celui qui vous fera le plus Peur. Hélas pour eux, et malgré leur imagination  fertile, "Les cancrelats à coups de machette", bien qu'étant une fiction, trouve racine dans des faits réels.  Les personnages sont peut-être inventés, hélas ce qu'a vécu le peuple Rwandais a bien eu lieu.
Ici, le fils conducteur de ce roman policier, l'enquête, n'est qu'un prétexte. Bien qu'étant très bien menée, l'intérêt est ailleurs, car ici L Histoire est contée.
Ici pas besoins d'images, les mots sont là.
Le mal est dans ce livre. Ce n'est pas un monstre, il a un visage et ce visage est celui de l'Homme est de sa folie, de sa cupidité, de sa haine et de sa violence.

"Les cancrelats à coups de machette" est le dernier tome d'une trilogie couvrant les années 2013 à 2016, le génocide Rwandais de 1994 se rappelle à notre mémoire, ainsi que toutes les questions qu'un tel drame peuvent poser. Frédéric Paulin a su traité les thèmes du génocide Tustsi et Hutu, de la vengeance, de la position occidentale, de la haine, de manière très subtile. Aucun jugement n'est porté.

Je remercie Babelio pour cette Masse Critique et Jean-Marie Goater, Editions Goater, de m'avoir fourni cette pépite. Une chose est sûre,  je vais lire les autres écrits de @Frédéric Paulin mais je vais surtout regarder attentivement le catalogue de cette maison d'édition.
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